Pour les bâtiments tertiaires existants comme neufs, suivant leurs niveaux de puissance, le décret BACS va imposer la mise en œuvre de systèmes de GTB dès 2025. La gestion des équipements CVC est donc un impératif et les propriétaires et gestionnaires doivent rapidement mettre en œuvre des solutions pour répondre aux obligations. Des systèmes et solutions de pilotage communicants, performants dans le temps et, pour les plus efficients, pouvant s’appuyer sur les aides financières disponibles, notamment au travers de la fiche CEE BAT-TH-116.
Et pour cause, au sein des obligés, les propriétaires de bâtiments tant publics que privés sont majoritairement au fait des obligations, mais pas forcément des détails et des étapes pour mettre en œuvre efficacement les projets. « D’un autre côté, pour la filière, les savoir-faire sont bien présents, mais il y a nécessité pour beaucoup d’acteurs de clarifier les aspects réglementaires, de tenir à jour les référentiels et d’accéder aisément aux textes associés, de poursuivre la montée en compétences sur le numérique et l’IoT, et de vulgariser la classification des GTB et des tenants et aboutissants du BACS », introduit Florent Trochu, délégué général de l’ACR (Syndicat des automatismes, du génie climatique et de la régulation).
C’est tout l’objectif de l’Alliance BACS créée à l’initiative de l’ACR, pour fédérer, réunir et mettre à disposition des documents des outils, et d’une façon générale des dispositifs permettant les échanges entre les acteurs de la filière, qu’ils soient architectes, maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, exploitants, installateurs, BET, etc. « L’objectif est d’aider et apporter un rôle d’e-conseil pour faciliter l’application des réglementations BACS au travers de l’information sur les référentiels existants, de la formation, voire d’outils adaptés pour massifier les efforts sur l’efficacité énergétique et la décarbonation », poursuit Florent Trochu.
Le décret BACS, des moyens techniques pour une sobriété énergétique dans la durée
Le décret BACS s’inscrit logiquement dans une démarche globale de transition énergétique et contribue à l’atteinte des résultats et réductions demandés par le décret tertiaire. Par le décret BACS, il n’y a donc pas d’imposition d’une classe A ou B (*) de GTB, mais a minima d’une classe C.
« Le décret BACS constitue ainsi un incitateur et levier puissant à effectuer des actions de sobriété et maintenir un pilotage optimisé dans la durée des bâtiments. Si l’on ajoute les objectifs à atteindre avec le décret tertiaire, la classe B peut être un bon objectif intermédiaire qui apporte déjà des économies conséquentes avec un ROI rapide » souligne Frédéric Sobotka, Responsable commercial de ThermoZYKLUS France.
Classes de GTB et norme NF EN ISO 52120-1 : 2022
La norme est la référence technique et fournit les fonctions d’automatisation, régulation et gestion technique qui ont un impact sur la performance énergétique des bâtiments. Ces fonctions à mettre en œuvre sont divisées en quatre classes (A, B, C ou D) de GTB – les fonctions de la classe A permettant d’atteindre le maximum de performances – et portent en périmètre le ou les différents usages du bâtiment – chauffage, ECS, ventilation, climatisation, éclairage…
« Une GTB de classe A, on sait atteindre les fonctions demandées avec des solutions techniques qui sont sur le marché depuis plus de 10 ans », souligne Florent Trochu. La nouveauté réside aujourd’hui dans la mise en œuvre d’une infrastructure numérique et son étendue des possibles pour apporter encore plus de confort tout en optimisant les vecteurs énergie et décarbonation.
Autre point d’attention dans la mise en œuvre du BACS, l’aide financière apportée par la fiche CEE BAT-TH-116– aide avec coup de pouce jusqu’au 30 juin dernier –, mais qui a apporté un risque avec des acteurs attirés par le financement des opérations, et un peu moins par la performance du résultat obtenu. « Ainsi, on a pu voir des installations répertoriées en classe A rétrogradées en classe B, car le système était incomplet sur une ou plusieurs fonctions exigées par la classe A. » Il faut dire qu’il ne suffit pas de choisir des éléments techniques – automates et actionneurs – sur étagère pour obtenir une classe A, mais qu’il s’agit de fonctions et fonctionnalités à mettre en œuvre et donc à bien paramétrer.
« À ce titre, l’outil en ligne EPC-Tool, mis à disposition par l’Alliance BACS et développé par Siemens, permet de déterminer la classe énergétique actuelle du système GTB en place, puis de définir les actions à mener pour se mettre a minima en conformité réglementaire et atteindre la classe A ou B », explique l’expert de l’ACR.
Enfin, soulignons que la vision transversale par postes (génération, stockage, distribution, émission) et systèmes (chauffage, refroidissement, ECS, ventilation, éclairage) impose une interopérabilité avec des systèmes, capteurs et actionneurs communicants à tous les niveaux et donc l’usage de protocoles standards et ouverts.
Des régulations optimisées en global, mais aussi par élément, en local
Dans le cadre du décret BACS, l’atteinte de la classe C est un minimum à atteindre, même s’il n’y a pas d’objectifs d’économies minimums à atteindre associés au décret BACS. Cependant, par ailleurs, le décret tertiaire demande des objectifs de réduction de consommation, et la mise en place d’une GTB performante, par exemple de classe A ou B, s’impose donc le plus souvent pour les satisfaire : il s’agit ainsi de produire uniquement ce qui est nécessaire, en optimisant la production en fonction des besoins énergétiques, et ce sur toute la chaîne, des terminaux aux générateurs en passant par les circuits de distribution.
« En complément des GTB classiques, la régulation terminale communicante est donc un atout majeur, car elle constitue un élément clé pour l’obtention de la classe énergétique B, voire A, ce qui est un point important à la fois en termes de performances et d’économies d’énergie, mais aussi pour l’obtention des aides par la fiche CEE dédiée à la mise en place de GTB performantes », introduit Frédéric Sobotka, responsable commercial de ThermoZYKLUS France. À noter que les robinets thermostatiques classiques ne permettent d’atteindre que le niveau GTB de classe C.
La régulation terminale thermocyclique est effectuée par un algorithme prédictif qui va se baser sur une mesure de la température ambiante de la zone – avec une haute précision de +/- 0,15 °C et à une fréquence d’acquisition à la minute – pour effectuer un apprentissage du volume de la pièce, de sa réaction et inertie afin d’obtenir une stabilité optimale. À la clé, il est aisément possible d’évoquer des économies de 20 à 30 % suivant les systèmes et les situations, et donc des ROI très courts de l’ordre de 1 à 3 ans, compte tenu des coûts actuels des énergies.
La centrale de pilotage ThermoZYKLUS qui intègre l’algorithme de régulation est communément installée en local technique en toute autonomie et peut échanger de façon bidirectionnelle avec les automates via des réseaux standards et répandus tels Modbus ou encore BACnet. Cette communication et cette interopérabilité sont d’ailleurs un point d’exigence pour que le système soit classé A ou B, précise Frédéric Sobotka.
La centrale qui est installée en interne ne nécessite pas un ou des abonnements comme avec les systèmes en mode Saas, ajoute l’expert de ThermoZYKLUS. La fiabilité constatée de la solution, développée initialement il y a plus de 15 ans, permet aussi de garantir une excellente pérennité grâce au retour d’expérience sur la longévité du matériel. Ainsi, l’engagement sur 15 ans demandé par les CEE est facilement atteint.
Une solution terminale qui peut être installée sur tout type d’émetteur : panneaux rayonnants, aérothermes, planchers chauffants…
Contrôles et commissionning sont aussi des points clés
D’une part, la fiche CEE BAT-TH-116 impose depuis début 2024 des contrôles sur les installations et leur classe de performance.
Comme le rappelle l’expert de l’ACR, on a vu récemment des installations répertoriées en classe A être rétrogradées en classe B ou moins car, après contrôle, elles ne remplissaient pas toutes les exigences de la classe A. En effet, au-delà des fonctionnalités déclarées d’un BACS, la mise en œuvre effective de fonctions de régulation performantes est essentielle pour obtenir les gains énergétiques attendus. Pour ce faire, l’utilisation des protocoles de communication standardisés ouverts comme BACnet ou KNX est aussi indispensable pour l’efficacité du système et la maîtrise des coûts à long terme.
Par exemple, dans le cas de chaudières ou PAC en cascade, la mise en séquence des générateurs en classe A doit être fixée en fonction des prédictions de charge. En classe C, la priorité est basée sur une liste fixe de priorités (par exemple priorité à l’ECS quand la chaudière est double service) et en classe B, la mise en séquence des générateurs est basée uniquement sur la charge du moment. Chaque fonction à atteindre est donc différente par classe, avec toujours des optimisations et possibilités de paramétrage de plus en plus poussées et s’appuyant donc sur des systèmes techniques ou logiciels ad hoc. Pour prendre un autre exemple, les corps de vanne en classe A doivent être indépendants de la pression, ce qui impose donc la mise en œuvre de vanne PICV communicante, souligne Frédéric Sobotka de ThermoZYKLUS.
D’autre part, le « décret BACS 2 » demande une inspection régulière avec une surveillance de l’étalonnage et du fonctionnement du système pour garantir dans le temps les économies d’énergie avec, à la clé, la possibilité d’enregistrement, d’export et d’analyse des données issues des systèmes GTB. Une inspection qui s’ajoute au contrôle et entretien de maintenance annuel ou bi-annuel suivant les types de systèmes techniques.
Tout cet ensemble constitue un vrai plus pour la pérennité des installations et l’assurance du bon fonctionnement des systèmes, conclut l’expert de ThermoZYKLUS.
L’engouement pour des solutions BACS simples, flexibles à déployer
3 questions à Alexandre Ponton, directeur marketing de Sensinov
- Que proposez-vous comme solution de gestion pour les bâtiments et particulièrement ceux qui sont soumis au décret BACS ?
Sensinov offre une solution de pilotage intelligent, radicalement simple et facile à déployer, pour optimiser la consommation énergétique, réduire les coûts de maintenance et générer des revenus complémentaires. Il est possible de suivre toute typologie et taille de bâtiment, avec des surfaces allant de 500 m² à plus de 100 000 m². Même sur de petites surfaces, les optimisations énergétiques effectuées apportent un intérêt économique significatif tout en répondant aux enjeux du décret BACS. La solution Sensinov combine 3 systèmes en 1 : GTB, Hypervision et EMS, elle permet ainsi d’équiper les bâtiments avec une solution pérenne dans le temps, garantissant une conformité avec la norme NF EN ISO 52120-1 selon la classe définie.
- Quel exemple significatif de mise en place et pour quelle valeur ajoutée ?
À date, la plateforme permet de piloter plus de 400 bâtiments, ce qui représente plus de 2 500 000 m² gérés. Sont en cours plus de 600 bâtiments supplémentaires qui seront opérationnels d’ici la fin de l’année prochaine.
Parmi les projets les plus notables, nous avons équipé tous les hypermarchés d’une grande chaîne alimentaire française, en moins de deux ans. Ce projet était particulier : certains bâtiments possédaient jusqu’à trois types différents de GTB et le reste n’en était pas équipé.
La gestion avec Sensinov se fait désormais entièrement à distance et permet de contrôler localement tous les paramètres et consignes des équipements CVC (rooftops, centrales de traitement d’air, DRV/VRV, PAC, chaufferies, aérothermes, rideaux d’air chaud, convecteurs), ainsi que les systèmes d’éclairage. La solution offre également une vue nationale permettant de visualiser tous les paramètres à l’échelle du parc et d’appliquer des consignes globales à tous les équipements, indépendamment de leur marque et modèle.
- Dans les cas où une GTB est existante, comment procédez-vous ?
Le système mis en place dans les bâtiments inclut une box GTB pour les bâtiments non équipés qui offre aussi la capacité de se connecter à des GTB existantes et/ou des objets IoT. Grâce à la technologie ouverte et interopérable utilisée, il est possible de connecter des bâtiments et des équipements très hétérogènes, créant ainsi un parc immobilier vraiment unifié. L’objectif est de déployer une hypervision nationale pour traiter les données énergétiques et optimiser l’ensemble du parc immobilier.
Jean-François Moreau