Spécialiste de l’optimisation énergétique des parcs immobiliers, Eficia propose une offre intégrée, comprenant des algorithmes, des automates et une équipe d’énergéticiens spécialistes du pilotage des bâtiments.
La mise en œuvre du décret BACS, prévue jusqu’à 2027, vient considérablement augmenter la taille du marché. Alric Marc, fondateur d’Eficia, revient sur l’impact du décret BACS et sur les besoins en compétences de la filière pour réussir sa mise en œuvre.
Le décret BACS oblige les propriétaires et gestionnaires de bâtiments tertiaires dont la puissance des systèmes techniques dépasse les 70 kW à mettre en œuvre des solutions de GTB. Quelle part du parc tertiaire est concernée par ces obligations ?
Alric Marc – C’est assez difficile à quantifier, mais nous estimons que le décret BACS concerne environ 80 % du parc de bâtiments tertiaires. Seuls les petits locaux commerciaux et les espaces de bureaux restreints n’entrent pas dans le scope visé par le décret. Les délais sont très courts pour répondre aux obligations, avec une entrée en vigueur au 1er janvier 2027 pour l’ensemble des bâtiments et au 1er janvier 2025 pour les sites les plus importants, dont les puissances des systèmes techniques dépassent les 290 kW. Mais nous estimons qu’un décalage de la mise en œuvre dans le temps est inévitable en considérant les capacités actuelles du marché.
Comment le marché s’organise-t-il pour répondre à l’ensemble des demandes et proposer des solutions techniques adaptées aux caractéristiques de chaque bâtiment ?
A. M. – Les entreprises spécialistes, à l’image d’Eficia et d’autres, embauchent et forment de plus en plus de collaborateurs, venus d’horizons différents. Depuis une dizaine d’années, des cursus de l’enseignement supérieur forment des experts en développement durable, gestion de l’énergie, énergies renouvelables… Ces profils viennent donc naturellement vers nos métiers. Des experts de la gestion des données s’intéressent également au secteur de la performance énergétique, qui apporte du sens aux métiers de la data. Ensuite, les entreprises généralistes, à l’image des électriciens ou des spécialistes de la CVC, vont se former sur ces sujets, ce qui va les obliger à apprendre un nouveau métier. Les professionnels de la CVC sont très demandés et ne trouveront certainement pas d’intérêt à se former. Ce qui n’est pas le cas des électriciens, qui voient souvent leur activité réduite, notamment en raison du fléchissement du marché de la construction neuve. Ils ont donc tout intérêt à diversifier ou à réorienter leurs activités vers nos métiers.
Quels sont les besoins en compétences pour mener à bien ce déploiement massif dans les règles de l’art, tout en évitant les contre-références ?
A. M. – Effectivement, toute nouvelle réglementation, d’autant plus lorsque des financements sont à la clé, génère des opportunismes. Le nombre de sociétés créées sur le marché des BACS a été multiplié par cinq sur les douze derniers mois. Il faut donc faire bien attention au choix des prestataires. Dans le décret BACS, une obligation de maintenance apparaît, même si c’est assez flou pour le moment. Les grands propriétaires iront donc naturellement vers des entreprises spécialistes établies. Les acteurs comme Eficia proposent une solution complète, comprenant la définition des besoins, l’installation et le pilotage des systèmes de GTB. Au-delà des obligations, les propriétaires comprennent l’intérêt de disposer de systèmes maintenus dans le temps. Pour eux, il est plus simple et plus pertinent d’externaliser que de se doter de la compétence en interne. D’autant que nous mutualisons les ressources pour un ensemble de propriétaires, ce qui permet de répondre plus efficacement aux attentes du marché. Nous disposons également d’une école en interne pour former les ingénieurs sur ces sujets et leur conférer un statut de spécialistes interdisciplinaires, capables de tirer le meilleur profit d’un ensemble de systèmes.
Réalisation Alexandre Arène pour la revue J3e