L’agence d’architectes-paysagistes Faragou et l’atelier de conception lumière Coup d’éclat ont allié leurs compétences dans cette opération de réaménagement du port Pierre-Canto qui a donné naissance à une grande esplanade baptisée « Espace Grand Large ». Florian Colin, concepteur lumière, Coup d’éclat, nous livre les détails de cette mise en lumière fluide et douce, à deux pas de la Croisette.
Niché dans un écrin de verdure à Cannes, sur la Croisette, le port Canto, inauguré en 1965, allie glamour et tranquillité des plaisanciers dans un espace exceptionnel, modernisé, face aux îles de Lérins. La rénovation a concerné le parvis et les terrasses ainsi que l’aménagement de nouveaux commerces et restaurants. « Adapter et poursuivre la promenade basse dans son vocabulaire existant, pour enfin, depuis la promenade haute, redécouvrir une nuit d’encre à l’horizon, tel était notre objectif, explique Florian Colin, de l’agence Coup d’éclat. La rampe d’accès est recomposée à l’échelle des piétons pour attirer le regard depuis les cheminements connexes et inciter la descente vers le bord de mer et la terrasse-plage : entre mise en scène du sol et signalétique délicate. »
L’esplanade ouverte offre un espace idéal pour accueillir les visiteurs et développer de nouveaux usages. De nuit, elle devient l’expression de l’identité nocturne du port. Une composition lumière graphique se déploie sur le sol, lui donnant une qualité d’usage et de déambulation nocturne forte : projections lumineuses et balisages ponctuels animent, orientent et qualifient cet espace dans une économie de supports verticaux. Coup d’éclat a réalisé le diagnostic à partir du plan lumière élaboré par Jean-Yves Soëtinck, L’Acte lumière, avec de grands principes qui ont été appliqués sur les bords à quais. L’opération de mise en lumière visait à s’adapter au nouvel aménagement, et à éviter les écueils de l’ancienne installation. « Nous nous sommes appuyés bien évidemment sur l’analyse générale du plan lumière défini, que l’on a réinterprétée lorsqu’on cela s’est avéré nécessaire, poursuit Florian Colin. Nous avons réutilisé le principe des colonnes lumineuses que nous avons adapté, par exemple en limitant l’éclairage en partie haute afin que les lumières ne soient pas perceptibles du belvédère grâce à un système de masque positionné à l’arrière de la colonne de façon à éclairer le moins possible côté mer. Une autre contrainte était l’éclairage des arbres : la Ville de Cannes tenait à ce que les palmiers soient mis en lumière. Nous avons mis en place une programmation qui balaie en rouge la base des arbres avec une faible intensité. »
Scénographie en sol majeur
Sur l’esplanade, les mâts de 10 m de haut supportent à la fois trois lanternes basses (4 m sous le belvédère) dédiées à l’éclairage de la promenade (réglées à 30 %) et quatre projecteurs disposés au sommet des supports. Deux appareils accompagnent la scénographie en projetant des lignes sinueuses au sol, tantôt blanches, tantôt noires selon les espaces, tandis que deux autres apportent une note de couleur. De plus, une programmation colorée baptisée « plic-ploc », réalisée à partir de petits encastrés de sol, ponctue le cheminement au bord de l’eau.
« Non seulement le sol occupe une place importante dans le réaménagement paysager, commente Florian Colin, mais il joue également un rôle majeur dans le concept lumineux. Les fontaines, par exemple, intègrent un éclairage dynamique à changement de couleur qui se synchronise sur le reste de la programmation. »