Le marché des infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE) constituait d’ores et déjà une vraie opportunité, et les prochaines années, portées par les annonces gouvernementales récentes sur le véhicule électrique, vont démultiplier l’accélération constatée des déploiements des IRVE sur tout le territoire. Il s’agit donc d’y être prêt, qualifié et formé pour y répondre.
Les véhicules électriques, élément phare d’une nouvelle mobilité
Cette nouvelle mobilité est soucieuse de son empreinte environnementale et induit de nouveaux usages pour les occupants des bâtiments, qui bénéficient d’un droit à la prise facilité. Parallèlement, les pouvoirs publics ont fixé des objectifs ambitieux d’équipement du territoire en points de recharge de ces véhicules électriques. Par ailleurs, le grand plan d’investissement d’avenir « France 2030 », présenté le 12 octobre dernier par le président de la République, prévoit un investissement massif dans la production de véhicules électriques. Ces annonces contribuent à l’accélération de déploiement des IRVE sur l’ensemble du territoire. Et, par ricochet, sur les demandes de qualification des installateurs d’IRVE. « Et que l’on parle de recharge publique, de recharge partagée ou de recharge à domicile, les différents types d’infrastructures, qui se déploient, supposent une prise en compte de l’environnement électrique complexe autour de ces équipements, rappelle Alexandra Del Medico, déléguée générale de Qualifelec. Dès lors, le savoir-faire des professionnels électriciens est indispensable pour répondre aux normes de sécurité en vigueur, car elles garantissent la protection de l’usager et le bon fonctionnement de toute l’installation électrique. »
Les installateurs électriciens en première ligne
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les installateurs électriciens sont… sous tension, « car le marché sur le sujet IRVE est fort dynamique, avec une montée en puissance qui se confirme et va encore se renforcer en 2022 », souligne Hervé Jacques directeur du Développement au sein de l’organisme de formation Formapelec.
La formation aux IRVE est bien sûr un sujet majeur et fait partie intégrante des évolutions du métier d’électricien d’aujourd’hui et de demain : « un métier d’électricien qui devient de plus en plus à multiples facettes, car d’autres sujets sont en croissance – éclairage public, vidéosurveillance, photovoltaïque couplé ou non aux IRVE, smart building – ; les ouvertures sont toutes désormais là et s’accompagnent d’une nécessaire montée en compétences des entreprises, qui sont par ailleurs le plus souvent confrontées à des difficultés pour embaucher et former à ces marchés qui étaient annoncés et… qui sont en train d’arriver en force », poursuit l’expert de Formapelec.
La formation aux IRVE est, quant à elle, un élément obligatoire de la qualification professionnelle et à ce titre, Formapelec dispense les formations pour l’obtention de la ou des qualifications avec l’organisme Qualifelec. Trois niveaux de formation rentrent dans le cadre du décret IRVE 2017-26.
- Formation de niveau 1 – niveau de base : vise l’installation de bornes de charge, sans configuration spécifique pour la communication ou la supervision, typiquement pour la maison individuelle et les particuliers (durée 1 jour).
- Formation de niveau 2 – niveau spécialiste : est destinée à l’installation de bornes de charge jusqu’à 22 kVA, type publiques ou privées, pour commerces, collectivités, copropriétés… avec des éléments détaillés de configuration pour bornes communicantes et supervision de station (durée 2 jours).
- Formation de niveau 3 – expert : destinée à l’installation de bornes de charge rapide de plus de 22 kVA et en courant continu (durée 2 jours).
« En 12 mois, nous avons doublé le nombre d’entreprises qualifiées en IRVE et comptons actuellement plus de 2 200 entreprises qui détiennent cette qualification réglementaire, note Thierry Grosdidier Directeur Technique de Qualifelec. Par ailleurs, les demandes de qualification enregistrent également une forte croissance. Nous accompagnons les entreprises sur l’indispensable montée en compétences de leurs équipes, en fléchant le parcours formation des techniciens et qualification de l’entreprise. Qualifelec affiche, désormais, sur le certificat de qualification, le niveau de formation IRVE suivi par l’entreprise, 1, 2 ou 3. Cette indication apporte une précision utile à la maîtrise d’ouvrage, dans le choix de l’entreprise, en fonction des travaux envisagés. »
Installer les IRVE, mais aussi concevoir et maintenir
Constatant que l’IRVE est en train de devenir une activité à part entière, les instances de Qualifelec travaillent à l’adaptation de la reconnaissance IRVE, en fonction du nouveau décret du 4 mai 2021. Les volets de ce décret concernant l’étude préalable et la maintenance des infrastructures et leur pilotage contribuent à nourrir ce travail. « La réflexion est menée en concertation avec l’ensemble des acteurs du marché des IRVE, précise Alexandra Del Medico. Qualifelec reste fidèle à sa philosophie. Nos qualifications sont élaborées avec la filière de façon à s’accorder en permanence aux évolutions des métiers, mais aussi aux exigences des maîtres d’ouvrage publics ou privés », explique l’experte.
Cette nouvelle qualification s’appuiera sur la maîtrise des compétences d’électricien par un technicien, au minimum, au sein de l’entreprise qui souhaite se qualifier. « Ce savoir-faire fondamental, qui est au cœur de nos exigences, sera complété par une formation IRVE de niveau 1, 2 ou 3 et la présentation de références d’installation d’IRVE documentées », ajoute Thierry Grosdidier. « Notre objectif est de contribuer à la visibilité des entreprises compétentes en IRVE avec un certificat de qualification reconnu et recherché par la maîtrise d’ouvrage », conclut Alexandra Del Medico.
Comment obtenir une qualification et le certificat IRVE
La démarche de qualification IRVE de Qualifelec est détaillée sur le nouveau site de l’Association dédié aux professionnels, qui permet également de commander le dossier de demande de qualification en ligne : pros.qualifelec.fr
Avec l’AFNOR, deux qualifications sont possibles : « Installation et maintenance IRVE » et « conception IRVE », cette dernière n’étant pas obligatoire.
Les informations sur : certification.afnor.org
Le certificat obtenu est d’une durée de 4 ans et constitue le sésame pour l’obtention des différentes aides financières prévues pour soutenir la mobilité électrique. C’est le cas du programme ADVENIR qui permet de bénéficier d’une prime, attribuée dans le cadre du dispositif CEE, lors de l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques. Ainsi, pour le résidentiel collectif, la prime ADVENIR permet de couvrir les coûts de fourniture et d’installation à hauteur de 50 %.
Textes législatifs, normes et sécurité – les essentiels – Florence Delettre, directrice générale de l’association Promotelec
« Les textes législatifs sont en pleine évolution et changent très fréquemment – droit à la prise, loi LOM avec obligation de pré-équipement des bâtiments*. Un des rôles essentiels de Promotelec dans ce cadre est d’informer sur ces nouvelles mises à jour qui sont parfois complexes à appréhender pour les professionnels et les installateurs ».
« À travers nos guides et le contenu que nous diffusons sur le site Internet de l’association, nous vulgarisons cette information tout en conservant la rigueur qu’impose la technicité des normes et des textes législatifs. Par ailleurs, l’association prépare une campagne, prévue d’ici fin novembre, et qui cible en premier lieu les propriétaires et copropriétaires afin de les familiariser avec ce type d’installation, et leur expliquer que l’IRVE fait partie intégrante de l’installation électrique d’un logement et qu’elle doit donc respecter les règles de sécurité en vigueur. Mais nous souhaitons également viser les installateurs, afin de leur expliquer le potentiel du marché et les encourager à se qualifier »
La campagne fera également éclairage sur les aides pour la mise en place – programme ADVENIR, crédit d’impôt, taxe taux réduit, aides régionales –, et nous proposerons aussi, courant novembre sur notre site, un mini guide dans la collection « Zoom sur… » consacré à l’installation des IRVE avec tous les détails sur les dispositifs d’aides.
Pour les volets normes et réglementations techniques, les IRVE aujourd’hui doivent être conformes à la norme NF C 15-100 qui définit les règles de l’art pour la réalisation des installations électriques des bâtiments, à la norme NF C 14-100 qui définit les règles de l’art pour la réalisation des branchements en basse tension et au guide UTE C 15-722 intitulé « Installations électriques à basse tension – guide pratique installations d’alimentation de véhicules électriques ou hybrides rechargeables par socles de prises de courant ». Et une fois l’installation réalisée, une attestation de conformité visée par le Consuel est à fournir pour s’assurer de la bonne installation de l’IRVE avec un premier type d’attestation de conformité pour l’installation d’une IRVE dans un bâtiment d’habitation (collectif ou individuel) et un second type pour l’installation d’une IRVE dans un bâtiment recevant des travailleurs et/ou du public ou encore installée dans le domaine public.
* Pour exemple, l’article 64 de la loi LOM prévoit de nouvelles règles applicables dès 2022 pour les bâtiments disposant d’un parking à l’intérieur ou à proximité. Ainsi, pour les bâtiments d’habitation neufs, si le parking a plus de 10 places toutes les places doivent être pré-équipées en IRVE, avec un décompte individualisé des consommations d’électricité.
Jean-François Moreau