Fabien Junger, responsable du bureau d’étude et Pierre-Yves Monleau, responsable marketing produits de Ledvance, détaillent les avantages de la désinfection des surfaces en cette période de pandémie mondiale pour diverses applications : bureaux, trains, avions, espaces publics.
Comment Ledvance a-t-elle décidé de développer des luminaires UV-C ?
Pierre-Yves Monleau – Ledvance possède en Russie une usine qui fabrique des sources UV-C. Nous la déployons comme une arme supplémentaire dans la lutte contre le SARS-CoV-2 avec notamment des réglettes UV-C, des petits boîtiers plus orientés grand public pour désinfecter les objets du quotidien, ainsi que des désinfecteurs d’air que nous avons installés dans nos propres locaux, à Molsheim, siège logistique européen du groupe.
Fabien Junger – Rappelons le fonctionnement des rayons UV-C : le spectre de l’ultraviolet se situe juste avant les longueurs d’onde qui sont perceptibles par l’œil humain (entre 380 et 780 nm) ; nous ne les voyons donc pas. D’ailleurs, les UV-C attaquent la peau et sont dangereux pour la rétine ; il est par conséquent important de connaître les normes qui encadrent la sécurité des personnes, notamment, la norme EN 15-858 qui concerne l’utilisation des luminaires UV-C et la norme EN 62471 qui régit les risques photobiologiques.
Comment définit-on la quantité de rayons UV-C nécessaire pour désinfecter une surface ?
Fabien Junger – Depuis le début du 20e siècle, des études scientifiques sont effectuées pour déterminer les doses d’UV-C efficaces pour inactiver différents micro-organismes. En 2020, des études sur le SARS-CoV-2 ont été réalisées par de nombreux scientifiques. On se base donc sur cette littérature et sur les besoins ou souhaits parfois spécifiques du client pour déterminer avec lui la dose adéquate. Puis, en fonction de la durée possible du traitement pour le client, on détermine l’irradiance nécessaire pour atteindre cette dose (plus on dispose de puissance UV-C, moins il faut de temps et vice versa). L’étude réalisée pour nos locaux à Molsheim a montré par exemple que pour une pièce de 50 m² et 2,50 m de hauteur, une irradiance de 161 mW/m² pendant 30 min permettait d’atteindre une dose D90 de 290 J/m², assurant l’inactivation de 90 % des microorganismes présents sur les surfaces exposées et dans l’air de la pièce, traitant ainsi tout le volume d’air sur la durée du traitement. Notons bien que le traitement de la pièce doit impérativement se dérouler en dehors de toute présence de personne, d’animal, ou de plante.
Pierre-Yves Monleau – Attention, ce système ne traite pas toutes les surfaces, il faut donc veiller à ce que le nettoyage classique du mobilier et des objets dans la pièce continue à se faire selon les règles d’usage. Une autre technique consiste à purifier l’air via un appareil équipé de deux ventilateurs très silencieux. Le principe est simple : l’air ambiant est aspiré, puis traverse un tunnel de lumière UV-C ; il est ensuite rejeté de l’autre côté. L’avantage de ce produit est qu’il peut fonctionner en permanence puisqu’il n’y a aucun rayonnement UV-C qui s’en échappe.
Comment prévenir que l’installation est en fonctionnement afin que les personnes ne soient pas exposées aux UV-C ?
Fabien Junger – Chaque cas est particulier et doit être étudié avec soin par des professionnels. Sur notre site à Molsheim par exemple, dans les salles de pause de nos entrepôts, nous avons mis en place un système qui sécurise l’accès au local via l’installation d’un boîtier à clé pour activer l’installation UV-C : seul le personnel formé possédant la clé se charge de lancer trois cycles dans la journée, après évacuation de la salle. La porte est condamnée pendant le cycle de traitement, qui s’arrête automatiquement après les 30 min programmées, libérant la gâche électrique de la porte. Des affichages ont été placés devant la porte afin d’informer nos collaborateurs. Enfin, si une défaillance technique survenait pour une raison non anticipée, nos appareils UV-C disposent d’une cellule de détection de présence qui coupe automatiquement l’émission UV-C dès lors qu’un mouvement est détecté.
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Cet article fait partie du Cahier technique de Lumières N°34 consacré aux luminaires UV-C.
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Une solution éprouvée pour désinfecter l’air