Avec le concours de l’Atelier Strates en Strates, de Stéphanie Buttier et de la conceptrice lumière, Rozenn Le Couillard (Noctiluca), Alençon a créé un parc urbain et réenchanté, par la lumière, les vestiges du château des Ducs.
Au cours des guerres anglo-normandes, Henri 1er Beauclerc, roi d’Angleterre et duc de Normandie, prend Alençon en 1113. La place forte est confortée par la construction d’un donjon en 1135. Pierre II, comte d’Alençon de 1361 à 1404, lance la construction d’un second château qui, au fil des décennies, va s’enrichir de nombreux bâtiments. Mais à partir du XVIe siècle, le château est progressivement détruit. Ne subsiste que le pavillon d’entrée de l’ancien château, qui sera classé au titre des monuments historiques en 1862.
En 1804, une maison d’arrêt est implantée dans l’édifice et elle y restera jusqu’en 2010. À partir de cette date, la Ville d’Alençon engage des négociations avec l’État pour l’achat du château et son programme de réhabilitation. Un accord a été trouvé avec l’Établissement Public Foncier de Normandie (EPFN). C’est ainsi que la Ville d’Alençon, propriétaire du lieu depuis 2018, a fait le choix de créer un nouveau parc urbain (parc Simone Veil) et de réenchanter les restes du château par la lumière.
Révéler le ciel nocturne
Abandonné depuis une dizaine d’années, le site se devine plus qu’il n’existe et présente un état de vétusté avancé qui renforce son aspect lugubre. Les paysagistes-concepteurs de l’atelier Strates en Strates, la plasticienne Stéphanie Buttier et Rozenn Le Couillard, conceptrice lumière, Noctiluca, ont associé leur savoir-faire et leur expertise pour créer un parc urbain contemporain de 2 700 m².
« L’idée de la Ville, raconte Rozenn Le Couillard, était de réenchanter les lieux et réancrer le site dans le centre-ville. Nous ne voulions pas survaloriser l’architecture par la lumière, mais réhabiliter les anciennes cours de prison et la tour dans le respect de leurs histoires respectives tout en révélant le ciel et la nuit. L’ancienne tour d’observation des cours de prison, au centre du site, habillée de corten perforé, est tissée de lumière, évoquant ainsi l’appartenance du lieu à sa région de dentellières. Ce tissage lumineux invite à une immersion dans la nuit : l’ombre y frôle la lumière. »
Dans ce contexte, les concepteurs ont pris le parti de tisser cette dentelle de lumière avec de faibles niveaux d’éclairement qui soulignent délicatement la tour tout en révélant le ciel nocturne.
Une dentelle de lumière
« Nous avons travaillé avec l’entreprise qui a fait le parement en corten pour réaliser le tissage lumineux et le couronnement de la tour avec des brins de fibres optiques diffusantes, explique Rozenn Le Couillard. Nous avons opté pour la fibre plutôt que pour le ruban LED pour des raisons de consommation et aussi pour la souplesse et le faible diamètre des brins de fibre. Avec Stéphanie Buttier, nous avons suivi scrupuleusement point par point notre dessin tracé à la craie sur le corten en respectant les rayons de courbure afin d’éviter de casser la fibre. » Le résultat : une trame scintillante dans la nuit qui rappelle la présence du château sans vraiment le mettre en lumière. La puissance totale installée dans les générateurs est de seulement 45 W, avec des LED de 2 700 K.