La transition numérique touche l’ensemble des corps de métier du bâtiment avec la démocratisation de la maison connectée, du Smart Building, de l’e-commerce et des nouveaux outils qui permettent aux entreprises de devenir plus performantes. Le métier d’électricien connaît lui aussi une mutation, avec l’émergence de ces nouvelles technologies. Il devient intégrateur électricien en concevant des solutions. Même si ce n’est que le début, il est partie prenante de la chaîne d’acteurs du bâtiment avec le BIM et la maquette numérique.
Le métier d’électricien vit une révolution, car les dirigeants doivent maîtriser plusieurs compétences : être de bons managers, gérer les chantiers avec de nouveaux outils pour gagner du temps, avoir le sens du commerce en sachant prescrire les bonnes solutions, être au fait des dernières tendances technologiques et normatives, ou encore gérer leur entreprise (achats, comptabilité…). Les installateurs intégrateurs devront concevoir des installations toujours plus « Smart », qui intègrent la production photovoltaïque, les PAC et surtout, qui prennent en compte les informations précises, récoltées notamment par les compteurs Linky.
Il est difficile donc, pour les électriciens, de combiner l’ensemble de ces qualités, en raison de la multiplicité des chantiers et du temps qui vient à manquer.
Par bonheur,, de nombreux outils se sont démocratisés et viennent aider les électriciens à gagner du temps et à maximiser leurs performances : des logiciels de devis, des configurateurs de tableaux électriques, des outils de gestion de projet…
Le bâtiment connecté : enjeux mondial
Les grandes transformations ont un impact majeur sur six enjeux du bâtiment : réduction des émissions de gaz à effet de serre, performance énergétique, bien-être et qualité de vie, sécurité des personnes et des biens, nouveaux modes de vie et nouveaux modes de consommation. En France, en 2019, 29 % des salariés pratiquent le télétravail, ce qui peut supposer d’aménager leur domicile de façon sécurisée. En même temps, les espaces partagés de travail sont en plein essor, avec 1,7 million de personnes pratiquant le coworking, avant la crise du Covid-19.
87 % des Français sont prêts à changer leurs habitudes de consommation pour s’adapter à une production locale d’énergie, par exemple par le développement de l’autoconsommation collective ou de l’électromobilité. Des solutions nouvelles comme la blockchain faciliteront le développement de ces services en termes juridiques et de cybersécurité. Le bâtiment devient une brique intelligente du réseau, notamment grâce au développement du véhicule électrique. Cela facilite par exemple l’intégration des énergies renouvelables et le développement de services rendus aux réseaux électriques (Smartgrids). Le travail effectué par la Smart Buildings Alliance pour rendre le bâtiment connecté interopérable prêt pour les services fait avancer les consciences, et la promotion immobilière intègre doucement le label Ready to services (R2S) dans les cahiers des charges.
L’habitat doit être évolutif pour répondre aux futurs besoins des utilisateurs, et l’installateur doit interpréter les demandes. L’adaptabilité, imposée par la loi ELAN avec 20 % de logements accessibles aux personnes handicapées, va devenir un pan entier de notre économie en étant associée à la télémédecine. Pour réussir cette mutation, le logement sera numérique afin de permettre une hospitalisation à domicile suivie et contrôlée à distance. La connectivité favorisera le télétravail, la télémédecine et le maintien à domicile, notamment avec le déploiement de réseaux de communication permettant le haut débit.
Dans la conception ou la rénovation des bureaux, l’utilisateur est placé au centre : on lui propose des espaces conviviaux et modulables partagés, incluant parfois des espaces verts (potager, jardin), des bureaux connectés (avec, par exemple, la régulation et la programmation des systèmes techniques du bâtiment, la détection de présence, le pilotage de la lumière et de la climatisation via une application mobile utilisateur) et de la collaboration, avec des espaces de coworking payés à l’utilisation : autant de services qui se développent dans le tertiaire.
RT 2012 et RE 2020 imposent le numérique
Diminuer l’impact carbone des bâtiments, poursuivre l’amélioration de leur performance énergétique et en garantir la fraîcheur pendant les étés caniculaires : tels sont les grands objectifs de la RE 2020, qui s’appliquera aux constructions neuves à partir du 1er janvier 2021. Le facteur d’émission de CO2 de l’électricité utilisée pour le chauffage sera déterminé par la méthode mensualisée par usage et verra donc sa valeur actualisée à 79 g/kWh, afin d’être plus conforme à la réalité constatée. Un coefficient de conversion entre énergie primaire et énergie finale de l’électricité de 2,3 sera appliqué. Il correspond à la valeur moyenne anticipée de ce coefficient au cours des 50 prochaines années, permettant ainsi de prendre en compte l’évolution prévisionnelle du mix électrique au cours de la durée de vie des bâtiments neufs. La nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs (la fameuse RE 2020) a été prévue par la loi Évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN), pour une entrée en vigueur qui interviendra à partir du 1er janvier 2021. Elle concerne d’abord les bâtiments publics, avant d’être généralisée à tous les bâtiments résidentiels neufs, appartements et maisons, courant janvier 2021. « Pour le résidentiel, les nouveaux bâtiments qui doivent remplir les obligations BEPOS RE 2020 optent pour le photovoltaïque qui représente la solution pour atteindre la performance 2020. Le photovoltaïque est une transition pour se séparer du fossile et passer par exemple à l’hydrogène, qui est en capacité à créer et de l’électricité et de l’énergie : plus besoin de stockage, soit on l’utilise pour l’eau soit pour l’électricité », explique Thierry Grosdidier, de Qualifelec.
Le label R2S pour réunir toutes les fonctions du bâtiment
Le label Ready to Services de la Smart Builings Alliance est un socle qui définit les exigences attendues d’un Smart Building pour un bâtiment ouvert et communicant, prêt pour les services.
Le label s’appuie sur 5 principes qui vont être déclinés en exigences et en modes de preuve :
- une architecture solution en 3 couches indépendantes ;
- l’interopérabilité des systèmes ;
- standard IP pour le réseau du bâtiment ;
- l’ouverture des données tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ;
- la sécurité des données tant juridiques qu’informatiques.
« L’idée est de penser le logement collectif connecté comme une infrastructure numérique, une infrastructure qui appartient au bâtiment et non pas aux résidents. Ceci afin de faire du logement résidentiel collectif connecté une plateforme de services capable de répondre à des niveaux d’exigence des usages. Je pense notamment aux services à la personne, la sécurité, le confort, le bien-être, la mobilité avec le véhicule électrique ou encore la gestion de l’énergie, dont les prix vont encore augmenter », précise François-Xavier Jeuland, président du pilier Smarthome de la SBA.