Maya Louahem est ingénieure, diplômée de l’IMT Atlantique (anciennement École des Mines de Nantes). D’abord passée par la gestion de projet informatique chez Capgemini, où elle apprend à appréhender les relations client, elle intègre au bout de deux ans une société franco-chinoise spécialisée dans le photovoltaïque en tant qu’ingénieure. Elle rejoint ensuite Engie Cofely et se spécialise dans l’exploitation, d’abord pour le compte du musée du quai Branly – Jacques Chirac. Elle est aujourd’hui responsable du département Business Line Immobilier Premium. Ce département est en charge de la gestion technique et de service de grands sièges sociaux franciliens : LCL, Chanel, AccorHotels, Systra, Caisse d’Épargne, GMF ou encore l’École de formation du barreau.
Le métier de Facility Manager consiste, selon Maya Louahem, « à coordonner des prestations techniques et de services et à faire en sorte qu’un utilisateur se sente bien dans un bâtiment sans se poser de questions sur sa gestion. » Ce métier requiert un grand esprit de service, des compétences techniques, de la disponibilité, mais aussi une bonne connaissance des relations humaines : « Pour exercer ce métier, il faut une certaine appétence technique, non pas de spécialiste, mais permettant de comprendre rapidement les enjeux et de savoir y répondre. Il est essentiel de savoir prioriser les actions à mener, sans oublier la partie réglementaire, qui est centrale et inévitable, ainsi que la sécurité, enjeu essentiel dans notre entreprise. »
Dans ce métier, une journée type n’existe pas. 30 % de son temps est consacré à la relation client et à la formalisation de plans d’action. 30 % sont consacrés à l’accompagnement des collaborateurs, au traitement des sujets RH et de sécurité. 30 % concernent des tâches administratives, allant de la gestion financière des contrats au traitement des sujets courants. Les 10 % restants lui permettent de partager les bonnes pratiques avec ses confrères.
Le métier se digitalise
Comme c’est le cas dans de nombreux métiers, l’arrivée du numérique entraîne des modifications au quotidien. Un sujet vu d’un bon œil par Maya Louahem : « J’exerce ce métier depuis 2013 et j’ai déjà pu constater de nombreuses évolutions. Notre business, traditionnellement centré sur la gestion technique du bâtiment (GTB), s’oriente de plus en plus vers le service aux utilisateurs. Hier, notre activité se concentrait davantage sur la gestion technique et réglementaire, aujourd’hui, notre credo principal est la satisfaction des occupants des bâtiments. Quand hier nous faisions du B to B, nous faisons aujourd’hui du B to B to C. »
Pour répondre à l’arrivée du numérique, Engie Cofely a d’ailleurs lancé un Plan à horizon 2020, qui stipule que 50 % des offres proposées aux clients doivent contenir au moins deux briques digitales et innovantes. L’Internet des objets est un outil qui permet de faire en sorte que les clients finaux se sentent bien au sein de leur bâtiment. Il amène avec lui des gains en réactivité et en proactivité. « Nous ne nous imaginons pas revenir en arrière. Le numérique nous permet de construire de nouvelles offres différenciantes et de mieux piloter nos CPE (Contrats de performance énergétique). Les CPE permettent de partager avec nos clients les gains effectués sur leurs bâtiments, tout en réduisant leurs consommations énergétiques. »
L’enjeu de la formation digitale
Au sein d’Engie Cofely, priorité est donnée à la formation continue, plutôt qu’à des cycles de formation ponctuels. Les équipes sont en contact régulier avec des experts nationaux et les formations dispensées sont focalisées sur les offres produits et les solutions techniques. « Notre dernière formation concernait les différents types de capteurs à mettre en place pour être alertés des actions de maintenance à mener juste avant qu’une panne ne survienne. »
Une profession au cœur des enjeux
Le métier de Facility Manager est au cœur de la transition énergétique du bâtiment. Garant de son bon fonctionnement tout au long de sa durée de vie, de l’atteinte des objectifs de consommation énergétique, mais aussi du confort des occupants, c’est par le Facility Management que le bâtiment intelligent s’imposera. « Nous ressentons une demande croissante et des attentes fortes sur les sujets techniques, mais aussi sur les questions liées à la propreté du bâtiment, à l’accueil, à la sécurité ou encore au confort. »
Le Facility Manager a pour mission de s’assurer que les occupants d’un bâtiment sont dans les meilleures dispositions possible pour se concentrer pleinement sur leur métier, sans se soucier du reste. « D’un point de vue personnel, je suis fière d’exercer cette profession. Notre rôle est d’apporter des réponses concrètes à des problèmes quotidiens, par l’intermédiaire de solutions et de plans d’action. » Elle ajoute : « Nous sommes fiers de mettre en avant notre savoir-faire et notre façon de penser, à la fois positive et pratique. De plus en plus de personnes viennent nous voir, découvrent notre façon de travailler et la plupart se laissent convaincre par ce que nous pouvons leur apporter. »
Elle bouge !
Selon Maya Louahem, l’évolution de la représentativité des femmes est aujourd’hui bien réelle, et celles-ci investissent la filière, non pas sur les sujets techniques, toujours très représentés par les hommes, mais sur les questions de management : « Au sein de mon équipe de techniciens, je compte une femme pour 56 hommes. En revanche, sur les douze responsables de département dont je fais partie, nous sommes quatre femmes. L’évolution est visible sur les postes de management, mais moins sur le terrain. »
À titre personnel, Maya Louahem est engagée pour cette cause. Elle est ambassadrice de l’association « Elles bougent* », qui vise à promouvoir les métiers techniques auprès des jeunes filles et femmes. Pour cela, des forums sont organisés dans les écoles, les collèges et les lycées, tout comme des interventions directes auprès des étudiants. « L’objectif est de dire aux jeunes filles qu’elles peuvent le faire et que ces métiers ne sont pas réservés aux hommes. Lors de nos interventions, les étudiantes nous posent parfois des questions auxquelles on ne s’attend pas, qui traduisent ce blocage qui existe encore aujourd’hui. Il faut lever ces freins pour faire en sorte que le sujet avance. »
Au cœur des enjeux, le métier de Facility Manager évolue et se distingue par la diversité des compétences nécessaires, entre esprit de service, relations humaines, compréhension des enjeux et savoir-faire technique. Cette profession, qui œuvre à la fois pour le confort des occupants des bâtiments et pour la valeur verte de ces derniers, devrait susciter des vocations dans les années à venir.
* « Elles bougent » est une association qui a pour mission d’attirer plus de jeunes filles vers les métiers techniques, qu’elles méconnaissent souvent, en leur faisant rencontrer des femmes ingénieures. L’objectif est de prouver que ces métiers (dits plutôt « masculins ») sont accessibles aux filles en permettant aux adolescentes de s’identifier et de se projeter à travers les témoignages d’ingénieures, techniciennes et étudiantes. Plus d’informations sur le site : www.ellesbougent.com
Facility Management
Cette profession rassemble toutes les activités support qui contribuent au bon fonctionnement d’un bâtiment. Cela comprend la gestion technique et énergétique, la sécurité des biens et des personnes, mais aussi le confort des usagers. La profession est représentée par le Sypemi (Syndicat professionnel des entreprises de multiservice Immobilier), qui est le syndicat de référence de la filière Facilities Management, incluant l’ensemble des personnels travaillant sur l’exploitation technique et servicielle des bâtiments. Il a pour objet la mise en valeur des meilleures pratiques et la promotion des activités de services.
Alexandre Arène