Dans la société française, la segmentation professionnelle selon le genre demeure très forte. Plusieurs facteurs expliquent la sous-représentation des filles dans les métiers techniques : les stéréotypes socio-culturels, le déficit d’image de certaines filières, l’orientation scolaire prédéterminée due à un manque de connaissance des métiers et du marché de l’emploi, et les contraintes organisationnelles des entreprises (pas de vestiaires séparés, par exemple). Paradoxalement, les employeurs qui ont pris le parti de recruter des femmes à des postes aux représentations plutôt « masculines » sont plus fréquemment satisfaits que lorsqu’ils ont embauché un homme(1).
Par Isabelle Le Corre, responsable des relations entreprises et chargée de la filière Énergie au CFI – Centre des formations industrielles de la CCI Paris Île-de-France.
PROMOUVOIR LES MÉTIERS TECHNIQUES AUPRÈS DES PUBLICS FÉMININS
Le CFI forme des techniciens de niveau CAP à BAC +2 dans des secteurs innovants où les technologies évoluent rapidement. Pour autant, l’attractivité sur ce type de formation et le recrutement des jeunes filles demeurent très faibles. En moyenne, chaque année, les jeunes filles représentent à peine 3 % de l’effectif global (entre 800 et 900 jeunes). Ce manque d’attractivité majeur auprès des publics féminins constitue un véritable frein à la mixité dans les classes et dans les entreprises.
Pour inverser la tendance, casser les stéréotypes, plusieurs pistes sont possibles. La première, multiplier les immersions professionnelles afin de déconstruire les représentations négatives et sensibiliser les futures apprenties à la réalité concrète du métier. La deuxième, promouvoir l’apprentissage comme voie d’excellence. En France, le taux de féminisation dans les filières en apprentissage ne dépasse pas les 30 %.(2) Pourtant, le taux d’insertion professionnelle des apprentis dépasse les 60 % (3) (près de 80 % au CFI). Enfin, il est nécessaire de porter une attention toute particulière à la sensibilisation des relais d’opinion (parents, professionnels de l’orientation) via des témoignages vidéo ou encore par le biais d’ambassadrices.
UN TRAVAIL COLLABORATIF POUR RÉPONDRE AUX BESOINS DES ENTREPRISES
Autre prérequis indispensable à la féminisation des métiers techniques : être à l’écoute des besoins des entreprises. Plusieurs d’entre elles dans le domaine de l’énergie (électricité, électrotechnique, génie climatique et thermique, efficacité énergétique) se saisissent de la problématique de la féminisation et souhaitent diversifier leurs équipes tout en travaillant sur leur positionnement et leur image auprès du grand public.
Conscients que c’est un facteur de performance pour leur entreprise, des groupes tels que Engie Cofély, Vinvi Facilities, Sodexo Éénergie et Maintenances, Idex Énergie, Dalkia ou encore CIEC développent une véritable politique de mixité au sein de leur groupe. Toutes ces entreprises visent l’égalité entre hommes et femmes, tant au niveau des conditions de travail et de la rémunération, que de la formation et l’accès aux postes d’encadrement. À titre d’exemple, Engie Cofély s’était engagé à recruter 30 % de femmes en 2015. La présence des femmes est appréciée dans ces métiers car elles sont source d’innovation et apportent de nouvelles méthodes de travail.
En établissant des diagnostics ciblés, les entreprises peuvent engager une réflexion et structurer des plans d’action pour la prise en compte de la diversité dans la gestion de leurs ressources humaines. Ce travail collaboratif nous permet d’optimiser et d’assurer le placement d’apprentiEs dans nos entreprises partenaires et prospects.