La visite du président de la République François Hollande et de Ségolène Royal à New Delhi s’achève aujourd’hui avec de nombreuses promesses d’alliances fructueuses entre les deux nations. Hier, la ministre de l’Écologie a signé 15 nouveaux partenariats pour des villes écoresponsables et l’exploitation des énergies renouvelables, deux objectifs qui s’inscrivent dans une dynamique post-COP21 ou le développement durable et le changement climatique sont devenus des problématiques mondiales. Si l’Inde poursuit sa croissance économique, elle ambitionne aussi de se faire une place sur le marché de l’énergie, avec un soutien confirmé de la France.
Dans le cadre du programme « Make in India » lancé en septembre 2014 par Narendra Modi, premier ministre indien, l’Inde prévoit l’apparition de cent Smart Cities pour créer des emplois et ainsi absorber le flux de nouveaux arrivants sur le marché du travail. Sur ces cent nouvelles villes, un accord de coopération a été négocié et scellé lors de la visite du président et de sa ministre pour que la France fasse office de pilote dans trois de ces territoires, en développant des partenariats sur des projets de transports, d’énergies et de gestion des eaux et des déchets. Ces trois villes, Chandigarh, Pondichéry et l’État du Maharasthra (ville de Nagpur) bénéficieront d’un soutien technique d’experts français du ministère de l’Écologie et d’un soutien financier de l’Agence Française de Développement (AFD) d’un montant de 330 millions d’euros pour rénover les réseaux d’assainissement et travailler sur les réseaux de transport.
La SNCF s’établit en Inde
Le transport entre et dans les Smart Cities indiennes constitue un enjeu de taille dans la réussite du programme « Make in India ». L‘EPI (Engineering Projects India), une compagnie publique indienne qui réalise des projets d’infrastructures, a conclu des accords-cadre avec neuf sociétés françaises d‘urbanisme pour le développement de ces réseaux de transports. Ces neuf entreprises signataires (Egis, Lumiplan, Schneider Electric, EDF, Dassault, Thalès, Alstom transport, CAN, RATP-Transdev) rejoindront la société française POMA qui a déjà signé un accord pour exécuter des projets de téléphériques sur les hauteurs du pays indien.
Les deux géants du transport SNCF et Indian Railways vont également réaliser une étude de faisabilité sur la rénovation de deux gares entre les villes de New Delhi et de Chandigarh, au Nord. L’opportunité pour la société de transport de s’établir sur le marché indien :
« Ce projet pilote devrait permettre d’élaborer avec Indian Railways un ou plusieurs modèles de rénovation pour d’autres gares en Inde », expliquent-ils dans un communiqué.
En décembre dernier déjà, la SNCF avait signé un contrat d’étude avec Indian Railways pour adapter cet axe de 245 km à la semi grande vitesse (200 km/h).
l’Alliance solaire internationale, une initiative indienne
Dans la délégation qui accompagnait François Hollande étaient présents Jean-Bernard Levy et Gérard Mestrallet, les PDG respectifs d’EDF et d’Engie, pour montrer l’implication des entreprises françaises dans l’effort international pour la transition énergétique. Lundi 25 Janvier, ils ont accompagné le président de la République et le premier ministre indien à l’inauguration du siège de l’Alliance solaire international, une initiative indienne officialisée à l’ouverture de la COP21. L’alliance réunit 121 pays à fort ensoleillement (300 jours/an) qui travailleront ensemble pour réduire le financement des technologies photovoltaïques.
L’occasion pour le PDG d’Engie de s’entretenir avec les délégations indiennes, puisque c’est une des filiales de l’enseigne spécialisée dans le photovoltaïque, Solairedirect, qui a rempoté l’appel d’offres indien pour trois projets d’installations solaires d’une puissance totale de 57,5 MW. En tout, Solairedirect accumule une puissance solaire en Inde de 128,6 MW avec ses parcs installés, en constructions et en backlog.
D’ici 2020, l’Inde souhaite augmenter considérablement sa production d’énergie solaire, à hauteur de 100 GigaWatts. Les entreprises françaises produisent déjà 10 % de l’énergie solaire en Inde, la puissance solaire connectée au réseau atteignait 2647 MWc au 31 mai 2014.
Suez remporte six contrats d’un montant de 67 M€
La qualité et le traitement de l’eau reste un problème en Inde, notamment lorsqu’on s’éloigne des milieux urbains vers des zones plus rurales. D’ici 2050, les besoins en eaux potables pourraient doubler avec la croissance de la population, et l’urbanisation massive continue à être une source de pollution pour les rivières et les nappes phréatiques. En conséquence, six contrats ont été remporté par le groupe Suez pour un montant total de 67 millions d’euros avec le Conseil d’Administration de Bangalore en charge de l’eau et de l’assainissement (Bangalore Water & Sewerage Board, BWSSB) et le « Public Health Engineering Department » du Gouvernement de l’État du Rajasthan. Trois de ces accords portent sur le traitement des eaux et la gestion des réseaux de distribution à Bangladore (Sud), pour une somme totale de 47 millions d’euros. Les trois autres concernent la conception, la construction et la gestion de 150 structures de production d’eau potable dans l’État du Rajasthan (Nord-Ouest)
Si l’Inde était réticente à l’idée d‘une contribution internationale dans la lutte contre le changement climatique qu’elle imputait aux pays du Nord, il semblerai qu’elle ait changé son fusil d’épaule depuis la COP21. En pleine croissance économique pour achever son développement, le sous-continent s’est fixé l’objectif d’atteindre 40 % d’exploitation d‘énergies renouvelables d’ici 2030. Une promesse forte qu’elle semble prête à tenir, et qui l’imposerait définitivement comme un exemple à suivre en terme de développement durable et de transition énergétique.