En décembre 2015, au Bourget, la France accueillera la 21ème Conférence des Nations Unies pour les changements climatiques. Cet événement est d’ores et déjà considéré comme l’une des rencontres les plus importantes au monde pour décider des solutions climatiques de demain. Réunissant plus de 40 000 participants, la COP21 représente le plus grand rendez-vous diplomatique ayant jamais eu lieu en France : retour en cinq questions sur les enjeux, les étapes et les impacts de cette conférence d’envergure.
Que représente la COP21, et quelles sont les étapes qui l’ont précédée ?
Pour définir ce que représente concrètement la COP21, il faut remonter au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, le 9 mai 1992. Lors de cette rencontre, un nouvel organisme est créé : la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (ou CCNUCC). Cette convention internationale, qui reste à ce jour l’un des principaux traité mondial sur le climat, reconnaît le fait qu’un changement climatique est en train de se produire, et ce à cause des comportements humains. Elle donne alors aux pays industrialisés le devoir de lutter contre ce phénomène, dont les risques pour l’Homme et pour l’environnement sont multiples. Cette convention entre réellement en vigueur le 21 mars 1994, ratifiée par 195 Etats (auxquels il faut ajouter l’Union Européenne). La COP21, qui aura lieu en France du 30 novembre au 11 décembre prochain, représente la 21ème édition de cet événement, qui a lieu une fois par an. Cette édition 2015 est extrêmement importante : elle permettra de fixer les objectifs des Etats en matière de développement durable et de protection de la planète. Si un besoin de renouveau est aujourd’hui nécessaire, cette ambition n’est pas nouvelle. Lors de la troisième Conférence des Nations Unies pour les changements climatiques (COP3), en 1997, le protocole de Kyoto est mis en place : il est le premier traité international qui contraint juridiquement les Etats à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Il ne concerne alors que 55 pays industrialisés, qui représentent à eux seuls 55% des émissions mondiales de CO2. Entré en vigueur en 2005, son objectif principal était de réduire les émissions de gaz d’au moins 5% à l’horizon 2008-2012 (par rapport à l’année 1990). Le problème ? Les plus gros pollueurs de la planète n’ont pas respecté leurs engagements. Les Etats-Unis n’ont jamais ratifié ce protocole, la Russie et le Canada s’en sont retirés, et la Chine, qui est désormais le premier producteur mondial d’émissions de CO2, n’est pas concernée par cet accord. Depuis, les négociations de la COP15 de 2009, à Copenhague, n’ont pas eu la capacité de modifier le texte du protocole de Kyoto, désormais obsolète. En effet, après deux ans de négociations, le Sommet de 2009 ne donne pas lieu à une mise en place d’objectifs concrets. Le texte affirme bien la nécessité de limiter le réchauffement de la planète à 2°C, mais ne comporte aucune donnée chiffrée pour respecter cet engagement. Le but de la COP21 est donc bien de réactualiser le texte de l’accord de Kyoto, afin de le mettre en lien avec la réalité de notre société actuelle. Dans ce contexte, toutes les COP, depuis 2011, ont eu pour objectif de préparer cette grande réunion : à la fin de l’année, la France accueillera ainsi plus de 40 000 participants (représentants des Etats, société civile et journalistes), pour l’une des conférences les plus attendues de ces dernières années.
Quels sont les principaux objectifs d’un tel événement ?
Afin de respecter l’accord mis en place au Sommet de Copenhague, en 2009, l’objectif principal de la COP21 est tout d’abord de limiter à 2°C le réchauffement climatique. En effet, les résultats des nombreuses études du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) parlent d’eux-mêmes : depuis 1880, la température à la surface de la Terre a augmenté de 0,85°C, et devrait s’accentuer de 0,3 à 4,8°C d’ici 2100, en fonction de notre émission de gaz à effet de serre. Afin d’éviter un scénario de réchauffement climatique qui deviendrait catastrophique pour notre environnement, les Etats membres auront jusqu’en octobre 2015 pour rendre leurs engagements nationaux de réduction des émissions de CO2. Cependant, les engagements des pays sont fluctuants. Pour ce qui est de l’Union Européenne par exemple, elle promet une réduction d’au moins 40% des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 (par rapport à 1990). Les Etats-Unis, de leur côté, ont fixé un objectif de réduction de leurs gaz de 26% à 28% d’ici 2025 (par rapport à 2005). D’autre part, cette 21ème Conférence a pour ambition de déterminer le financement des mesures mises en place pour éviter le réchauffement climatique. Il y a 6 ans, à Copenhague, les pays développés s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, pour permettre aux pays moins développés de lutter à leur échelle pour le développement durable. Pour récolter ces fonds, les Etats comptaient sur les investissements publics et privés, et une partie de ces montants devaient transiter par le Fonds vert pour le climat, un organisme financier créé par l’ONU. Cependant, en juin 2015, seuls 4 milliards de dollars ont réellement été débloqués par les Etats membres, sur 10,2 milliards de dollars promis.
Quels sont les objectifs de la France pour la COP21 ?
Afin de se préparer concrètement et de servir d’exemple à l’organisation de cet événement majeur, la France a mis en place plusieurs objectifs pour la COP21. La loi sur la transition énergétique et la croissance verte, portée par la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, en est l’un des éléments essentiels. Ce projet de loi a en effet été adopté par l’Assemblée Nationale le 22 juillet 2015, après de nombreuses relectures par le Sénat. Pour faire de notre pays « la nation de l’excellence environnementale », le gouvernement a donc mis en place plusieurs objectifs ambitieux. Réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990, diminuer la même année notre consommation d’énergies fossiles de 30% (par rapport à 2012), alléger de moitié la consommation énergétique finale pour 2050 ainsi que la part des déchets mis en décharge à l’horizon 2025… Ces projets phares, portés par la loi, résident aux côtés de la nécessaire diversification de la production d’électricité, afin de baisser à 50% la part du nucléaire d’ici 2025, et de porter les énergies renouvelables, pour atteindre un seuil de 32% de consommation finale d’énergies propres en 2030. Si ces propositions paraissent complexes à réaliser, le ministère de l’Ecologie et du Développement Durable propose une série de mesures concrètes afin de les mettre en place. Le texte met ainsi en avant diverses solutions pour rendre les bâtiments et les logements économes en énergie, donner la priorité aux transports propres, promouvoir l’économie circulaire et les énergies renouvelables : monter en puissance au niveau du développement durable est bien le but recherché de cette loi.