D’ici 2021, 35 millions des compteurs intelligents Linky, conçus par le groupe ERDF, devraient être installés dans les foyers français. Ce nouveau dispositif soulève de nombreuses questions : Filière 3E y répond pour vous.
Quelle différence entre les compteurs actuels et les compteurs Linky ?
Actuellement, les compteurs installés chez les français sont, pour la plupart, des compteurs électromécaniques ou électroniques. Leur fonction principale est de mesurer l’énergie consommée par les individus, mais ils nécessitent de nombreuses interventions (notamment pour leur mise en service, les relevés ou la modification de puissance). Les compteurs Linky, lancés par ERDF, sont dits « intelligents », ou communicants. Reliés à un centre de supervision, ils sont connectés avec le réseau, ce qui permet d’envoyer et recevoir des données sans l’intervention d’un technicien.
Comment ça marche ?
Pour envoyer et recevoir des informations à distance, le compteur Linky communique avec un concentrateur, un système intégré aux postes de transformation gérés par ERDF. Le compteur, installé chez le consommateur, envoie ainsi des informations au concentrateur (qui contient une carte SIM). Par le biais d’un poste de distribution, le concentrateur envoie à son tour les informations à un outil de supervision : le compteur Linky assure alors l’interface avec ERDF, qui traite ses demandes, et communique avec le fournisseur d’électricité.
En quoi un tel compteur est-il innovant ?
La véritable innovation de ce compteur est le fait qu’il puisse calculer la facture énergétique des individus sur la base de la consommation réelle, et agir à distance en fonction de cette mesure. En suivant précisément les dépenses électriques du consommateur, Linky peut, théoriquement, démasquer les comportements favorisant une forte consommation d’énergie, et réduire le gaspillage énergétique du client. D’autre part, les interventions comme la mise en service du compteur ou la modification de puissance de ce dernier peuvent être réalisées à distance, et de manière plus rapide.
Quels avantages à l’installation de ces compteurs ?
A ce jour, les compteurs des habitations françaises sont de différentes générations, dont la plus récente date des années 1990. Linky permet aux client d’utiliser les nouvelles technologies, notamment en offrant de nouvelles possibilités : le réseau basse tension est suivi (ce qui permet une meilleure réactivité en cas de panne), et il est possible de piloter les moyens de production sur le réseau basse tension et de gérer la charge des véhicules électrique.
A quelle date et par quel installateur ces compteurs seront-ils diffusés ?
Une directive européenne datant de 2009 fixe l’objectif de diffuser des compteurs communicants dans 80% des foyers de l’Union Européenne d’ici 2020. Les compteurs Linky ayant déjà été testés en Indre-et-Loire de mars 2009 à mars 2011, le reste de la France devrait bénéficier de leur installation d’ici 2021.
Sélectionné par ERDF, le groupe Solutions 30 devrait installer près d’un tiers des premiers dix millions de compteurs Linky, déployés chez les particuliers à partir de la fin de l’année 2015.
Combien ça coûte ?
Théoriquement, l’installation des compteurs intelligents Linky ne devrait rien coûter aux consommateurs français. Les gains engendrés par le nouveau compteur (notamment la diminution des interventions directement chez l’habitant), viendront couvrir, à long terme, les dépenses engagées par ERDF. Cette opération a cependant coûté un investissement total de 4,7 milliards d’euros au groupe français, coût justifié par les dépenses en achat de matériel (compteurs, concentrateurs…), et la dépense des opérations de pose. Cet investissement rentre dans les coûts de gestion de l’entreprise, au même titre que les autres travaux sur le réseau (maintenance, entretien etc).
Qui cela favorise-t-il réellement ?
La mise en place d’un tel système offre de nombreux avantages pour l’entreprise ERDF. En effet, le système permet à la société de faire des économies : il n’est plus nécessaire qu’un technicien se déplace pour relever les consommations, ouvrir un contrat ou changer la puissance des installations. Le consommateur, lui, peut gérer en direct sa consommation d’énergie, grâce à un portail Internet mis en place spécialement par ERDF.
Quelles peuvent être les limites de ces compteurs « intelligents » ?
Face à la diffusion massive des nouveaux compteurs d’ici 2021, ses détracteurs mettent en avant plusieurs limites. En premier lieu, selon une étude de 2013 publiée par l’association de consommateurs (et qu’ERDF a rejeté, contestant sa méthodologie), la généralisation du compteur Linky pourrait alourdir la facture des consommateurs : 37% des clients paieraient aujourd’hui pour une puissance d’abonnement inférieure à la puissance réellement utilisée. D’autre part, de nombreux consommateurs mettent en avant les dégâts en terme de vie privée des individus : le distributeur a la capacité de collecter des données de consommation, puis de les transmettre au fournisseur. Ces données ne seront stockées que sur demande explicite du consommateur, mais les potentialités d’un tel système inquiètent… Selon la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés), une analyse détaillée des courbes de consommation permettrait de déduire de nombreuses habitudes sur le quotidien des habitants (heures de lever et coucher, périodes d’absence, présence d’invités dans le logement…).
Quels sont les dangers présumés pour la santé des consommateurs ?
Autre limite des compteurs Linky : leur incidence sur la santé des consommateurs. Si le taux d’émission provoqués par les radio-fréquences des compteurs respectent les normes en vigueur, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), classe tout de même ce genre d’ondes électro-magnétiques comme « potentiellement cancérogènes pour l’Homme ». Pas d’inquiétudes, pourtant : selon le Criirem (Centre de Recherche et d’Information Indépendant sur les Rayonnements ElectroMagnétiques), ces ondes atteignent 0,2 à 0,4 volt par mètre, à une distance de 50 centimètres à 1 mètre, ce qui correspond à un niveau inférieur aux recommandations du Conseil de l’Europe, s’élevant à 0,6 V/m.
Le terme n’est pas « potentiellement cancérogène » mais « peut-être cancérogène » (CIRC communiqué 208) . Comme personne ne vérifie l’information, ce classement de l’OMS est systématiquement interprété à tort comme une conclusion de dangerosité ou de début de dangerosité ce qu’il n’est pas. Que signifie le classement d’un agent dans la catégorie 2B du CIRC ? Il signifie que l’on vise à évaluer le caractère éventuellement cancérogène d’un agent. Autrement dit, c’est une question que l’on pose. Et c’est la réponse à cette question qui est susceptible de modifier les conclusions de l’OMS. Cela explique, je l’espère, la contradiction qui n’est qu’apparent entre le fait pour l’OMS de conserver des conclusions excluant tout danger des ondes et dans le même temps de classer les ondes « peut-être cancérogènes ». Les conclusions de l’OMS sont consultables dans les aide mémoire OMS 304, 193, 296, 322. PS Les : « recommandations du conseil de l’Europe, 0,6V »: Iil s’agit d’une proposition politique des verts Luxembourgeois et non d’une expertise scientifique. Dans cette affaire, tout le monde confond le conseil de l’Europe avec le conseil de l’Union Européenne ! C’est le conseil de l’UE qui publie les directives et est compétente sur la santé et les ondes.