Elu à la tête de la Capeb en janvier 2010, Patrick Liebus est reconduit jusqu’en 2017. Il est même le Président d’European Builders Confederation (EBC) pour 3 ans. Preuve que le franc-parler de cet homme issu du terrain a su convenir à la diplomatie qu’incombe ce poste. Après une baisse constante de l’activité depuis 3 ans, l’INSEE prédit un timide retour de la croissance cette année, avec certes, encore peu d’effets sur l’emploi, mais on peut l’espérer un impact significatif sur le moral de nos clients.
Electricien+ : Vous avez remis un rapport sur la mixité et la Capeb organise le concours « Conjuguez les métiers du Bâtiment au féminin ! » Est-ce un cheval de bataille ?
Patrick Liebus : Si la mixité a globalement progressé au cours des 30 dernières années, elle ne concerne encore qu’un petit nombre de métiers. Dans ce contexte, le Premier Ministre a saisi le CESE en juillet dernier afin d’apporter des propositions concrètes pour améliorer la mixité professionnelle en mobilisant les entreprises et les branches professionnelles, avec pour objectif de passer de 12% à 33% de métiers mixtes d’ici 2025. Le Bâtiment est l’une des branches très masculine. Par exemple, en 2011, les ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment et les ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment figuraient parmi les trois métiers majoritairement masculins contribuant le plus au déséquilibre professionnel entre les femmes et les hommes, avec 2,1% de femmes dans chacun des cas. Avec seulement 15% des métiers exercés équitablement par les hommes et les femmes, la question de la mixité est clairement un enjeu national. Cet avis a pour but de formuler des propositions pour changer la situation au bénéfice de tous ! Choisir son parcours professionnel en fonction de ses envies et de ses compétences et non de son genre est une question d’égalité entre les individus mais aussi d’efficacité pour les entreprises. Le Bâtiment est l’un des secteurs où beaucoup reste à faire. La CAPEB a fait de la mixité des métiers du Bâtiment un cheval de bataille : son engagement de longue a permis d’augmenter la part des femmes de 50% entre 2001 et 2012. Nous entendons poursuivre nos initiatives telles que le concours « Conjuguez les métiers du Bâtiment au féminin » pour que la mixité devienne une réalité une bonne fois pour toute.
E+ : N’aviez-vous pas suffisamment à faire en France ? Pourquoi être devenu président de d’European Builders Conféderation (EBC) ?
PL : Parce que la vision française ne suffit pas, il faut une idée et une harmonisation européenne. Nous devons disposer de mesures très claires au niveau des différents gouvernements, avoir des normes qui soient définies et soutenues pour plus de pérennité. Il nous faut également des mesures économiques et financières d’accompagnement à apporter aux clients qui font de la rénovation énergétique. Mais pour cela réussisse, cela doit se faire dans le temps avec un engagement dans la durée pour éviter que l’incertitude se transforme en inquiétude et que le client ne décide pas d’investir. EBC attend beaucoup de la nouvelle Commission Européenne car chaque député européen doit comprendre les problématiques des différents pays et que chacune des organisations membres de EBC puissent porter une vraie politique de rénovation énergétique dans son pays.
E+ : Citez-nous des actions concrètes en faveur de la rénovation énergétique ?
PL : Il nous faut travailler sur la TVA. Le taux de TVA réduit déjà pratiqué dans certains pays de l’Europe fonctionne bien et on a vu d’importants résultats sur l’activité et également sur l’emploi. Je pense que nos députés européens doivent voter des taux de TVA réduit pour la rénovation du bâtiment et en particulier la rénovation énergétique. Pour que nous développions ensemble en Europe l’économie et l’emploi. Cette formule lutte contre le travail dissimulé et permet de rejeter les entreprises peu scrupuleuses. Pour rester dans cette notion, je propose que nous utilisions les plans développement durable ou livret A pour financer la rénovation ce qui représente 165 milliards d’encours dormants. L’entreprise artisanale ne travaille jamais seule. Une entreprise qui travaille en équipe a besoin de travailler en cotraitance. Dans le marché de la construction et par rapport à nos activités, il est impératif de simplifier ce système de collaboration temporaire. Je suis partisan de toutes les entreprises mais je défends les petites et la situation actuelle de la cotraitance rend très difficile l’accès à ces marchés.
E+ : La CAPEB et VPI collaborent pour développer les compétences des entreprises. Est-ce un mal spécifiquement français ?
PL : Ce partenariat permet d’accompagner les entreprises artisanales du Bâtiment dans la vente et la mise en place des solutions VPI grâce notamment à l’élaboration d’offres commerciales pour les solutions thermiques à haute efficacité énergétique en cohérence avec les dispositifs de collecte des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) et à la mise en place d’une assistance chantier gratuite. Plusieurs actions seront mises en place : l’élaboration d’un guide des bonnes pratiques d’utilisation des solutions VPI, principalement dédié aux ECO Artisans. Ces actions seront adaptées aux différents métiers des entreprises artisanales du Bâtiment. Les élus des Conseils Départementaux ont la possibilité de jouer un rôle clé en stimulant l’économie locale et en préparant les grands enjeux sociétaux de demain. Partout en France, les artisans du Bâtiment vont interpeler les candidats sur ces questions et leur montrer ce qui est possible s’ils allient leurs compétences aux nôtres.