Le géant allemand de l’énergie E.on a décidé de se délester de toutes ses activités de production d’énergie traditionnelles et de se concentrer uniquement sur le renouvelable.
Un grand pas pour la transition énergétique
L’Energiewende, la transition énergétique allemande, est souvent critiquée pour son manque de réalisme et son inadéquation avec un marché de l’énergie stratégique et exigeant. La récente décision d’E.on semble pourtant démontrer le contraire, puisque l’ensemble des politiques publiques et des évolutions des habitudes de consommation ont fini par obliger ce groupe à se restructurer : comme l’a annoncé lundi 1er décembre le ministre allemand de l’énergie Sigmar Gabriel, « avec sa décision, E.on devient la première entreprise à faire les pas nécessaires dans le monde totalement transformé de l’offre d’énergie ».
Une coupure en deux
Après la décision du gouvernement allemand de sortir le pays du nucléaire, tous les grands groupes de l’énergie en Allemagne ont rapidement du s’adapter. E.on, premier d’entre eux, a déjà dû fermer trois centrales nucléaires, et quatre sont encore sur la liste d’ici 2021. La concurrence des énergies renouvelables, à la fois à cause des subventions et de coûts de production moins élevés, met à l’épreuve les productions d’énergie à base de gaz ou de charbon. C’est pourquoi le groupe a choisi de se défaire de toutes ses activités traditionnelles – charbon, gaz, nucléaire – en les cédants en bourse à partir de 2016. Certaines de ces activités en Espagne, aux Etats-Unis et en Finlande ont déjà été vendues à d’autres groupes. E.on va ainsi se concentrer sur la production d’énergie renouvelable et sur les services de distribution d’électricité.
Des difficultés économiques
Le groupe, qui pèse pour 122 milliards de chiffre d’affaire pour 62’000 employés, va subir une dépréciation de ses actifs de 4.5 milliards. Alors que l’ensemble des entreprises énergétiques concernées par la transition énergétique s’interrogent sur la pertinence de grands groupes intégrant toutes les formes de production, la décision d’E.on peut être perçue comme la preuve que la transition énergétique signe l’arrêt de mort des productions traditionnelles d’énergie – et des emplois et investissements qui les accompagnent. Le groupe avait d’ailleurs déjà vu sa capitalisation boursière plonger de 30% en six ans, et licencié 11’000 personnes en 2011.
Une nouvelle stratégie de compétitivité
E.on dément cependant cette idée, affirmant que la stratégie actuelle ne vise pas tant à se débarrasser d’actifs dévalorisés – les sources traditionnelles d’énergie – qu’à créer deux entreprises, chacune dynamique et compétitive dans son propre domaine. E.on gardera certes les énergies renouvelables et la distribution, mais aussi la totalité des 30 milliards de dette du groupe qui ne seront pas totalement reporté sur les centrales thermiques et nucléaires détenues par la nouvelle entreprise issue de la scission. De même aucun emploi ne devrait être supprimé puisque un tiers des salariés de l’ancien E.on travailleront pour la nouvelle entreprise, le reste restant au sein du groupe.