Bruno Cazabat, président de l’association IHF : « Le thème central de cette 65e édition des JEF est la performance énergétique des bâtiments hospitaliers. »

Bruno Cazabat, président de l’association des Ingénieurs hospitaliers de France.

Pour cette 65e édition des journées d’étude et de formation (JEF) de l’association des Ingénieurs hospitaliers de France (IHF), le programme se concentre sur trois thèmes principaux de l’ingénierie hospitalière que sont le développement durable, la maîtrise de l’énergie et la responsabilité sociétale des organisations. Ces journées, qui se tiendront du 4 au 6 juin prochain à Lyon, sont l’occasion de découvrir des retours d’expériences qui brossent les problématiques des différents métiers de l’ingénierie hospitalière, soit la maîtrise d’ouvrage, l’architecture, ou la gestion de l’énergie. Bruno Cazabat, président de l’association IHF, revient sur les temps forts de cette édition et sur les enjeux de la transformation hospitalière. 

Quels sont les principaux thèmes abordés et les temps forts de cette édition des journées d’étude et de formation de l’association IHF ?
Bruno Cazabat, IHF –
Le thème central de cette 65e édition des JEF est la performance énergétique des bâtiments hospitaliers. Ce sujet est au cœur des préoccupations de l’association IHF depuis maintenant trois ans, poussé par les pouvoirs publics, la réglementation et les coûts de l’énergie. La première journée est composée de deux séances plénières. La première a pour thème la performance énergétique, au travers de trois retours d’expériences, pour prouver qu’il est possible d’apporter des réponses pertinentes d’efficacité énergique à la conception vertueuse des bâtiments de santé. La seconde séance plénière, ayant pour thème « réussir un projet », sera l’occasion de revenir sur des bonnes pratiques en conduite de projets. La deuxième journée est constituée de six ateliers, lors desquels trois retours d’expériences seront présentés pour chaque thématique. Les thématiques abordées sont les suivantes : maîtrise d’ouvrage, équipements techniques, développement durable, architecture hospitalière, gestion patrimoniale et conduite de projets. Enfin, deux ateliers supplémentaires sont prévus la troisième journée, ayant pour thèmes : hôpital et numérique et conception technique.

Comment imaginez-vous l’hôpital de 2050 ?
Bruno Cazabat –
L’hôpital de 2050 sera la plupart du temps situé en milieu urbain, dans des bâtiments déjà existants, qui devront être réhabilités. Il sera créé en concertation avec la Ville. Sa conception sera flexible et le bâtiment devra être adaptable et évolutif, par exemple en permettant de transformer des chambres en bureaux et inversement, ou d’adapter les blocs opératoires à la charge en temps réel. C’est déjà le cas aujourd’hui, mais l’objectif est de réduire la part d’hébergement et de favoriser l’ambulatoire. Au niveau énergétique, les toitures des hôpitaux seront nativement végétalisées et disposeront de panneaux solaires, comme le prévoit la loi APER (accélération de la production d’énergies renouvelables). Pour ce qui est des matériaux, l’hôpital de demain sera constitué de plus de matériaux naturels et biosourcés, notamment le bois pour la structure et des isolants naturels. Enfin, ce sera un hôpital numérique, digitalisé et piloté qui offrira des services à ses patients et soignants. En prenant en compte ces différentes tendances, il est évident que nous dessinons aujourd’hui les bâtiments de santé qui seront livrés dans les 10 prochaines années.

Quels sont les leviers pour atteindre ces objectifs ?
Bruno Cazabat –
Il faut davantage communiquer et informer les ingénieurs hospitaliers des bonnes pratiques et des retours d’expériences, ce qui est l’objectif des JEF. En revanche, nous vivons une réelle intensification des complexités administratives et des contraintes réglementaires. Il faut également agir sur l’attractivité de nos métiers, car nous sommes confrontés à une pénurie d’ingénieurs. Le statut d’ingénieur hospitalier a fait l’objet d’une révision, ce qui améliore l’attractivité de nos métiers. Les écoles d’ingénieurs ne prennent pas suffisamment en compte les spécificités de l’ingénierie hospitalière et nous prônons notamment la mise en place de cursus de spécialisation. La conception et la gestion de l’hôpital touchent à toutes les sciences de l’ingénieur.

Propos recueillis par Alexandre Arène