
Face à la montée en puissance des véhicules électriques, le déploiement d’infrastructures de recharge adaptées devient crucial. Charge France, une nouvelle association regroupant 13 opérateurs de recharge, s’engage à investir pour accélérer l’installation de bornes haute puissance. À travers cette initiative, l’enjeu est triple : dynamiser le marché des véhicules électriques, garantir un accès facilité au réseau et aux emplacements stratégiques, et inciter les entreprises à électrifier leurs flottes. Pour Ion Leahu-Aluas, CEO et fondateur de Driveco, la qualité du service et le développement d’un maillage de recharge haute puissance sont essentiels pour lever les freins à l’adoption. Il appelle aussi à une stabilité réglementaire et à des mesures incitatives pour les professionnels.
Pouvez-vous nous expliquer l’initiative Charge France ?
Ion Leahu-Aluas, CEO et fondateur de Driveco – L’association Charge France regroupe 13 opérateurs de recharge, qui se sont collectivement engagés à investir 1 milliard d’euros dès aujourd’hui pour développer la recharge haute puissance en France et 3 milliards d’ici 2028. Pour pouvoir investir en toute confiance, il faut créer un cadre normatif favorable. Nos actions visent donc trois objectifs principaux que sont l’accélération de la vente de véhicules électriques en France, l’accès au réseau électrique et l’accès au foncier, notamment sur les parkings. Concernant le développement des ventes de véhicules électriques, ils sont principalement achetés neufs par des « early adopters ». Les entreprises sont très en retard malgré leurs obligations. L’enjeu est aujourd’hui de développer des initiatives pour inverser la vapeur. Les entreprises ont à la fois la capacité de louer et d’acheter des véhicules, ces véhicules parcourent un plus grand nombre de kilomètres et alimentent ensuite le marché de l’occasion. L’accès au réseau est également essentiel, car de nombreuses personnes n’ont pas accès à la recharge au sein de leur logement. Il est donc primordial de créer un maillage territorial dense et de développer la recharge rapide pour supprimer la peur de la panne ou de la trop faible autonomie pour les usages longue distance, qui constitue encore un frein aujourd’hui. En 2024, la France a été le pays avec la plus forte croissance d’infrastructures de recharge ultra-rapides.
Quelle est la composition de l’association ?
I. L.-A. – Il s’agit quasi exclusivement d’opérateurs de recharge haute puissance français ou étrangers, qui opèrent en France. Nous formons une association très homogène. Notre objectif est de décarboner la mobilité pour avoir un impact positif sur la société. Il est important de rappeler que le transport représente 30 % des émissions de CO2 dans le monde. Le véhicule électrique est donc une formidable solution, les technologies sont mûres aujourd’hui et il faut impérativement stimuler leur déploiement à grande échelle. Pour que le véhicule électrique se développe, il faut répondre à deux enjeux majeurs que sont la qualité de service des IRVE (infrastructures de recharge pour véhicules électriques) et la réduction du temps de recharge.
Quels sont les objectifs de Charge France à moyen terme ?
I. L.-A. – Comme je l’évoquais, nous souhaitons agir sur deux axes principaux. Le premier est de favoriser la stabilité réglementaire et conserver la trajectoire européenne prévue par le règlement (UE) 2023/1542, « Fit pour 55 ans », qui fixe la fin de la vente de véhicules thermiques à 2035. Le second est d’inciter les pouvoirs publics à doter la France d’un plan ambitieux pour les flottes de véhicules électriques d’entreprises, qui alimentent dans un second temps le marché de l’occasion. Cela passe par la mise en place d’une fiscalité avantageuse, afin d’agir sur la demande.
Propos recueillis par Alexandre Arène