Après ses études d’architecture, Pauline David entreprend un master de design global, spécialisé dans les arts verriers, qui lui fait découvrir le rôle de la lumière artificielle à l’intérieur des bâtiments. Dans le cadre de ce master, elle rejoint l’agence Lumières Studio à Paris où elle reste quatre ans.
Pauline David crée Light is More en 2014, avec deux associés : Joan Ospital, régisseur lumière de théâtre et dans les métiers du spectacle vivant ; et Matthieu Poncelin, ingénieur électronique et optique.
Light is More fête ses dix ans cette année, pouvez-vous nous parler de vos projets et collaborations récents ?
Pauline David – La complémentarité de notre équipe nous a permis de travailler dans la lumière architecturale, la scénographie et le design, à travers tout type de projets et depuis 2019 Light is More produit les œuvres d’art que j’imagine. C’est d’ailleurs à cette période que j’ai été invitée à rejoindre l’équipe féminine chargée de réaliser le Pavillon de la femme à l’Exposition universelle de Dubaï (EXPO 2020). En 2022, j’ai été conviée à participer à un festival qui s’appelle Nour (« lumière » en arabe) à Riyad, en Arabie saoudite, et pour lequel j’ai créé « Moonlight Horizon », une œuvre immersive aux confluents de l’art vidéo, de l’architecture et du Land art. Nous retrouvons cette thématique astrale à travers « Attraction I », sculpture de plus petites dimensions liant cosmologie et minéralogie, installée au cœur de l’hôtel particulier à Paris la Maison du DIX. Dans le cadre de cette nouvelle activité, nous avons ouvert une galerie à côté de nos bureaux, dans le 11e arrondissement de Paris, qui accueille notre exposition sur l’histoire du néon, de la photographie et des cabarets parisiens. Et depuis cette année, je fais partie des Luminary thinkers de RedBoxMe, association fondée par Cartier, qui rassemble à l’échelle internationale des artistes, des penseurs, des créateurs du monde entier autour de différents sujets, dont la lumière. Nous poursuivons aussi notre activité de conception lumière au sein de Light is More et depuis 2022 nous collaborons avec l’Observatoire International sur des projets de grande ampleur comme la Croisette à Cannes ou l’Îlot Saint-Germain à Paris.
Quels sont vos premiers projets en conception lumière en tant que Light is More ?
Pauline David – Il s’agissait de la mise en lumière de petits projets pour le groupe Le Perchoir qui compte plusieurs rooftops cocktails bars, et aussi pour des galeries d’art à Paris. Comme je participe à de nombreuses foires internationales, je rencontre beaucoup d’artistes, d’architectes, et c’est ainsi que nous avons développé notre réseau. Le fait que nous soyons tous les trois complémentaires nous aide beaucoup. Matthieu Poncelin s’occupe de l’analyse des appareils d’éclairage, les teste, les compare, réalise les études d’éclairement et en vérifie la conformité aux normes et les textes réglementaires, et ce, plus particulièrement en ce qui concerne les projets de mise en lumière architecturale. Joan Ospital, lui, intervient plutôt sur les projets liés à l’événementiel, au côté artistique. Venant du spectacle, il a une connaissance de l’éclairage scénique et des projecteurs spécifiques à ce domaine qui n’ont pas grand-chose à voir avec les luminaires architecturaux. Ces deux univers se réunissent dans la recherche et le développement d’appareils, comme nous l’avons fait par exemple avec la conception d’un projecteur miniature aux optiques et accessoires interchangeables avant que cela ne devienne standard chez de nombreux fabricants. Joan était habitué à ce type de modularité, que nous avons transposée à ces projecteurs grâce à l’expertise de Matthieu. C’est typiquement dans ce genre de projet que les connaissances et le savoir-faire de chacun sont très complémentaires. Aujourd’hui, nous travaillons en étroite collaboration avec les fabricants pour définir des solutions qui répondent vraiment à nos besoins. Nous faisons aussi appel à d’autres prestataires plus spécialisés dans la programmation et l’électronique avec qui nous développons des systèmes lumineux.
Vous n’intervenez que dans les espaces intérieurs ?
Pauline David – Nous commençons à nous intéresser à la mise en lumière extérieure. Dans nos échanges avec l’Observatoire International, ma première volonté a été d’organiser notre collaboration autour de projets d’envergure pour lesquels il faut une équipe plus importante. Nous travaillons ensemble sur la Croisette à Cannes depuis deux ans, projet de l’atelier d’urbanité Roland Castro et Snøhetta. Le groupement intervient sur les espaces urbains, la première phase porte sur la promenade de la Croisette puis nous poursuivrons sur la partie résidentielle. Il s’agit d’une restructuration complète : du sol, du mobilier urbain et de l’éclairage. Le design des mâts est signé Snøhetta, de notre côté nous définissons les caractéristiques techniques des sources d’éclairage et suivons leur développement. Pour la création des scénarios et lumières dynamiques dont nous avons la charge, Lumières Utiles nous accompagne sur la partie pilotage de l’ensemble des appareils sur le kilomètre et demi de la Croisette.
Et en intérieur ?
Pauline David – Nous réalisons toujours des concepts lumineux dans les domaines de l’hôtellerie et du résidentiel, beaucoup moins dans le retail et le tertiaire. Nos premiers projets en la matière datent de 2016, avec Ramy Fischler, architecte d’intérieur fondateur de RF Studio, il s’agissait du siège européen à Paris de la société Twitter ; ainsi que la mise en lumière de l’immeuble de bureaux de LVMH avenue Montaigne. Nous sommes également intervenus sur l’hôtel Saint James à Paris avec la designer Laura Gonzalez, et celui de Bouliac avec Laurent Maugoust. Nous travaillons avec le groupe monégasque Michel Pastor qui nous a recommandés auprès d’UBS pour la mise en lumière de leur siège à Monaco réalisé par les Ateliers Jean Nouvel. Dernièrement, Air France, qui propose des chambres d’hôtel à ses clients première classe, nous a missionnés pour l’éclairage de ces espaces. Nous sommes heureux d’avoir établi en une décennie un réseau de partenaires et de clients qui nous sont fidèles. En parallèle, la diversité de nos profils nous offre l’opportunité de répondre à une grande variété de projets nous permettant de découvrir, d’apprendre et de nous réinventer en continu.
Propos recueillis par Isabelle Arnaud