Les infrastructures critiques, qu’il s’agisse des sites industriels, des datacenters ou des hôpitaux, répondent à un impératif absolu : la continuité de service. Sans une protection performante, cela peut conduire à des accidents corporels, des arrêts de production ou à des dégâts sur les équipements, engendrant des pertes d’exploitation. Ces installations sensibles doivent être protégées contre trois principaux risques liés à la foudre : le foudroiement direct, le courant de foudre qui se propage à travers le réseau de distribution électrique et les champs électromagnétiques. Avec la multiplication des équipements électriques, informatiques et électroniques très sensibles aux surtensions, leur protection devient une nécessité économique et de sécurité.
Les changements climatiques qui se produisent à travers le monde exacerbent les phénomènes météorologiques extrêmes, à l’image de la foudre, qui se multiplient et s’intensifient. Nous devons nous attendre à de nouvelles inondations, mais aussi à des phénomènes atmosphériques et orageux bien plus fréquents et plus intenses. Cette intensification est liée à des variations importantes de températures, qui occasionnent des phénomènes orageux plus violents, créateurs de cumulonimbus, eux-mêmes à l’origine des orages. Ces dernières années, les records tombent les uns après les autres et ce n’est pas près de s’arrêter. En France, ces phénomènes font l’objet d’un suivi précis depuis 1995, réalisé par la filiale de Météo France, Météorage.
Parallèlement à cette augmentation en nombre et en intensité des phénomènes orageux, les évolutions technologiques de la dernière décennie ont généré une augmentation des équipements électroniques sensibles, situés à l’intérieur ou à l’extérieur des bâtiments. Qu’il s’agisse de l’éclairage led, des organes de supervision, mais aussi des moteurs, des serveurs et de l’immense majorité des équipements électriques présents dans et autour du bâtiment. Conjuguée à l’augmentation des phénomènes atmosphériques, la présence de ces équipements nécessite l’augmentation des niveaux de protection pour garantir la continuité de service.
Enfin, tous ces équipements sensibles sont de plus en plus interconnectés, que ce soit sur des réseaux d’électricité ou de communication, qui se trouvent être de plus en plus saturés. Il ne faut pas oublier que ces réseaux, et plus généralement tous les conduits métalliques qui maillent le bâtiment, sont le lieu de propagation des surtensions. Il est donc essentiel d’augmenter l’immunité des réseaux face à ces risques.
Les enjeux de protection des infrastructures critiques
Les infrastructures critiques ou essentielles regroupent les systèmes vitaux pour le fonctionnement de la société et de l’économie. Ce terme rassemble donc les systèmes de production, de transport et de distribution d’énergie, l’approvisionnement en eau, les télécommunications, mais aussi les organes essentiels à la santé publique, aux services financiers, à la sécurité ou à l’industrie. À ce titre, trois typologies principales de bâtiments se dégagent : les hôpitaux, les datacenters et les sites industriels.
Protéger les infrastructures critiques contre les surtensions est essentiel pour assurer la continuité de service des installations et s’assurer du fonctionnement des équipements présents dans son environnement. La probabilité du risque foudre découle donc de l’analyse de risques et de l’obligation de continuité de service des bâtiments. Les risques diffèrent selon la nature du bâtiment et des activités qu’il héberge. Pour les hôpitaux, le risque est élevé, car il relève de la santé et de la vie des patients. Par ailleurs, les établissements de santé hébergent des équipements très coûteux et qui doivent fonctionner en permanence.
Les sites industriels présentent un risque d’arrêt de production, ce qui peut représenter des pertes financières importantes, comme l’explique Aurore Alric, chef de produit, groupe Citel : « Un arrêt imprévu coûte très cher, à la fois en raison de la perte de production et des dommages sur les équipements, qui peuvent nécessiter leur remplacement pur et simple ou des cycles de maintenance qui peuvent être longs et coûteux. » Les sites industriels présentent également des risques d’incendie ou d’explosion, qui peuvent endommager le bâtiment et générer des accidents corporels.
Pour les datacenters, qui sont des bâtiments plus classiques en apparence, les principaux risques sont les dommages physiques sur le bâtiment et les incendies, mais aussi les pertes de données et les interruptions de service, qui peuvent impacter fortement des entreprises ou des services publics. Sur les équipements qui composent les datacenters, les réparations et les pertes de services sont très coûteuses.
Rappelons que nombre de ces bâtiments, notamment les sites industriels, disposent d’installations extérieures, par exemple de la production photovoltaïque sur les toitures ou les ombrières de parkings, des bornes de recharge de véhicules électriques (IRVE) ou de l’éclairage extérieur. Toutes ces installations, reliées au bâtiment, doivent également faire l’objet de protections.
Deux grandes familles de risques
L’objectif est de protéger les bâtiments et leur environnement direct contre deux familles de risques principales liées à la foudre. La première est liée au risque atmosphérique avec le foudroiement direct du bâtiment, qui provoque des phénomènes de conduction et d’induction et peut endommager ou détruire les équipements, mais aussi provoquer des départs d’incendie. Le risque foudre est la partie émergée de l’iceberg et l’aspect le plus spectaculaire. Lorsque les équipements sont touchés, ils noircissent ou sont même brûlés.
Mais il est essentiel de prémunir le réseau contre les surtensions de manœuvre et les perturbations sur le réseau. Les ouvertures et les fermetures sur le réseau créent des surtensions, moins fortes que celles provoquées par la foudre. Seulement, elles sont beaucoup plus récurrentes et accélèrent considérablement le vieillissement des équipements. Dans une usine ou dans un hôpital, ces surtensions transitoires se répètent tous les jours. « Notre mission consiste à augmenter la durée de vie des installations sensibles : nous identifions les équipements de protection capables de réduire l’impact des variations de tension. Nous visons à prévenir les dégradations au fil du temps, pour éviter toute perturbation pouvant mener à un arrêt complet générant des coûts de maintenance élevés », explique Florent Ivankovics, responsable du développement commercial en protection contre les surtensions chez Mersen. Les bâtiments doivent donc être protégés face à deux familles de risques : le foudroiement direct d’une part, et les surtensions et perturbations sur le réseau d’autre part.
Zoom sur les évolutions de la NF C 15-100
Selon la loi, peu de structures ont des obligations de protection contre la foudre. Mais la filière pousse à mettre en œuvre des solutions de protection foudre, notamment pour réduire les pertes d’activité ou de données. Dans les bâtiments, il y a de plus en plus de réseaux informatiques et d’équipements sensibles. Il est impératif de protéger les lignes entrantes du bâtiment contre les surtensions. Le résidentiel a été exclu de ce raisonnement et les exigences n’ont pas changé. La NF C 15-100 définit les règles de protection contre les surtensions et ne concerne pas l’installation d’un paratonnerre.
Les règles changent
À partir de 2025, l’installation de systèmes de protection contre les variations de tension pourrait devenir obligatoire dans certains cas. La norme évolue, et les articles 443.4 et 534.3 en précisent les nouvelles exigences, notamment pour renforcer la protection des personnes et des bâtiments tertiaires ou industriels. La nouvelle version de la NF C 15-100 n’est plus une norme unique, mais une série de normes distinctes. La NF C 15-100-10 prévoit les règles d’installation d’équipements de protection foudre dans le résidentiel domestique. La NF C 15-100-1 prévoit les règles d’installation d’équipements de protection foudre pour toutes les autres typologies de bâtiments.
Mise en œuvre d’un parafoudre à l’origine
Le changement le plus important concerne les conditions pour la mise en œuvre d’un parafoudre à l’origine de l’installation, qui est le parafoudre principal. Auparavant, l’installation d’un parafoudre dépendait de l’environnement du bâtiment, comprenant la densité de foudroiement de la zone, les modes de raccordement au réseau (aérien ou souterrain) ou si le bâtiment se trouvait en zone urbaine ou rurale. Dans la nouvelle version de la NF C 15-100-1, l’installation d’un parafoudre à l’origine dépend exclusivement de l’impact que des surtensions pourraient avoir sur l’installation. La norme définit donc une série de critères :
– Les surtensions auront-elles des conséquences sur des vies humaines ?
– Les surtensions auront-elles des conséquences sur l’activité des services publics et l’intégrité du patrimoine culturel ?
– Les surtensions auront-elles des conséquences sur une activité commerciale ou industrielle ?
– Le bâtiment reçoit-il du public (ERP, tertiaire, écoles, musées…) ?
– Le bâtiment est-il équipé d’un système de sûreté de fonctionnement (vidéosurveillance, contrôle d’accès…) ?
– Le bâtiment est-il une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) ?
– Le bâtiment est-il équipé d’un paratonnerre ?
Si le bâtiment remplit un seul de ces critères, l’installation d’un parafoudre à l’origine est obligatoire, comme le prévoit l’article 443.4.
Si le bâtiment est doté d’un paratonnerre, il faut alors installer un parafoudre de Type 1
Si le bâtiment n’est pas équipé d’un paratonnerre, il faut installer un parafoudre de Type 2 a minima. Si une modification vient changer la nature du bâtiment, principalement l’installation d’un paratonnerre ou la réfection globale de l’installation électrique, il faut suivre les dispositions prévues par la NF C 15-100-1.
Règles d’installation des parafoudres supplémentaires
Autre nouveauté, qui définit cette fois les règles d’installation des parafoudres supplémentaires (article 534.1.4.1.3). Ces parafoudres supplémentaires sont positionnés en aval du parafoudre principal et permettent de mettre en œuvre une protection en cascade de l’installation. Il existe deux cas obligatoires :
a – Si le parafoudre principal a un niveau de protection (Up) qui ne correspond pas à la robustesse de l’équipement. Par exemple, si un bras robot industriel admet une robustesse de 2,5 kV sur un réseau 230-400 V, alors l’Up doit être inférieur ou égal à 2,5 kV. Cela est dû à l’oscillation des surtensions : les surtensions sont doublées tous les 10 mètres de câbles. Dans ce cas, il faut installer un parafoudre au plus près de l’équipement à protéger. Dans tous les cas, il faut un Up adapté, ou, à défaut, une protection au plus proche de l’équipement.
b – En cas de présence de surtensions de manœuvre avéré. Tous les équipements avec des commutations élevées créent des surtensions de manœuvre sur le réseau. C’est le cas des transformateurs ou des moteurs. Dans ce cas, il faut installer une protection supplémentaire au plus proche de l’équipement, c’est-à-dire dans le tableau divisionnaire, avec un Up adapté.
En résumé
Le parafoudre devient obligatoire dans plusieurs types de bâtiments, tels que :
– les hôpitaux, cliniques et autres établissements de santé ;
– les musées et bâtiments patrimoniaux ou historiques ;
– les bâtiments recevant du public, quelle que soit leur capacité d’accueil ;
– les bornes de recharge pour véhicules électriques destinées au public ;
– les systèmes de sécurité et de vidéosurveillance dans les bâtiments recevant du public, quelle que soit leur capacité d’accueil ;
– les grandes surfaces, supermarchés, hôtels, et tout autre bâtiment industriel ou tertiaire accueillant du public, quelle que soit leur capacité d’accueil.
Rétroactivité
La nouvelle version de la NF C 15-100 n’est pas rétroactive. Sont concernés les bâtiments neufs pour lesquels un permis de construire a été déposé après le 1er août 2024.
Les protections contre l’éclair de foudre sur le bâtiment ou impact direct
Concernent le foudroiement direct, il convient d’apporter une protection directement à l’extérieur du bâtiment. Plusieurs systèmes peuvent alors entrer en jeu, selon la nature du bâtiment à protéger. Le paratonnerre, qui vise à capter le coup de foudre et à la canaliser, doit être installé au point le plus haut du bâtiment. Il existe deux types de paratonnerres : les paratonnerres à tige simple et les paratonnerres à dispositif d’amorçage (PDA). Ces derniers permettent de couvrir une surface de protection plus importante, car le PDA capte le coup de foudre plus loin qu’un paratonnerre classique, comme l’explique Bruno Roland, Business Technical Manager, ABB France – Electrification Installation Products : « L’électronique du PDA crée une ionisation autour de la pointe du paratonnerre. Notre dispositif utilise l’énergie du champ électrique naturel présent sous les nuages d’orage pour émettre une tension impulsionnelle sur la pointe du PDA. Si le champ électrique augmente, cela crée un traceur ascendant. Le PDA offre donc plus de chance de capter un traceur descendant et à plus grande distance. »
Il est important de préciser que les coups de foudre ne tombent pas forcément sur le point le plus haut. Lors d’un foudroiement direct, l’impact peut se situer dans un rayon de 100 mètres autour du point le plus haut. « Il y a eu des cas où la foudre tombe au pied d’un immeuble de grande hauteur, je pense notamment au gratte-ciel Burj Khalifa, qui est la plus haute structure humaine jamais construite, avec une hauteur de 828 mètres », explique Bruno Roland.
Autre mode de protection contre les impacts directs, la cage maillée. Ce système est privilégié pour les datacenters, car il permet de partager le courant de foudre, ce qui réduit les effets électromagnétiques dans le bâtiment. « La cage maillée peut même parfois être intégrée directement lors de la construction du bâtiment. Dans ce cas, les fers à béton peuvent être associés électriquement au canal d’écoulement de la foudre. Ce mode de protection est plus fréquemment utilisé pour les hôpitaux ou les datacenters, pour lesquels la séparation des courants impulsionnels, induits par l’écoulement de la foudre, est essentielle pour protéger les équipements sensibles et critiques », commente Jérôme Laulan, directeur général de DEHN.
Enfin, les câbles de garde, ou fils tendus, consistent à tendre des câbles conducteurs entre des mâts, au-dessus de l’installation, et à les relier directement à la terre. « Les câbles de garde sont utilisés pour les applications les plus à risque, notamment pour le stockage pyrotechnique et le stockage de matières dangereuses plus globalement, mais aussi pour les lignes à haute tension et certains sites industriels. À la différence d’un paratonnerre, les câbles de garde évitent d’attirer la foudre », explique Bruno Roland.
Pour ces trois modes de protection, l’écoulement de la foudre est obtenu grâce à des conducteurs de terre, qui permettent d’écouler le courant de foudre le plus rapidement et le plus efficacement possible vers la prise de terre. Mais dans tous les cas, en évacuant le courant à la terre, on recrée des surtensions qui se propagent via les conduits ou câbles métalliques, notamment les réseaux électriques, les réseaux informatiques cuivre, mais aussi les conduites d’eau ou de gaz.
Les protections contre les surtensions ou les perturbations électriques
Pour garantir une protection efficace contre les surtensions, il est essentiel d’utiliser des parafoudres adaptés et correctement sélectionnés. La localisation joue également un rôle crucial dans une installation électrique. Il est important d’identifier le bon niveau de robustesse et de déterminer les étapes de protection nécessaires pour assurer une sélectivité, dans le but de réduire l’ampleur des surtensions. « L’objectif est d’évacuer rapidement et efficacement l’excès d’énergie vers la terre afin d’éviter les dommages », explique Florent Ivankovics.
Il existe plusieurs types de parafoudres, qui dépendent de l’intensité du courant de foudre à écouler, mais aussi de la forme du courant électrique – courant alternatif AC et courant continu DC – pour le réseau électrique. Il convient également de protéger les réseaux de communication cuivre, selon les mêmes critères que les réseaux d’électricité.
Concrètement, en présence d’un paratonnerre, l’installation d’un parafoudre de Type 1 est obligatoire. Ces parafoudres offrent une capacité d’écoulement très importante et doivent être localisés à l’entrée de l’installation, dans le TGBT ou dans les tableaux principaux.
Les parafoudres de Type 2 sont installés dans les tableaux divisionnaires et ont la caractéristique de permettre un écoulement moindre du courant de foudre mais avec de plus faibles surtensions à leurs bornes.
Enfin, les parafoudres de Type 3 sont utilisés très ponctuellement pour protéger les équipements très sensibles aux surtensions et accompagnés d’un parafoudre de Type 2. « Mais le plus souvent, l’installation de parafoudres de Type 2+3 est privilégiée, les parafoudres de Type 3 sont très rarement installés », précise Aurore Alric.
Il convient également de protéger la partie DC de l’installation, selon les mêmes modalités de protection que le côté AC. En présence d’un paratonnerre, il faut installer un parafoudre de Type 1 DC. Sans paratonnerre, il faut installer a minima un parafoudre de Type 2 DC. « Une norme produit dédiée aux parafoudres DC devrait être publiée courant 2025 », précise Aurore Alric.
Il ne faut pas oublier que les équipements sont de plus en plus interconnectés et échangent un volume croissant d’informations et de données. Il est donc essentiel de prendre en compte les lignes de communication et les réseaux, en utilisant des parafoudres de type courant faible (dans la plupart des cas), en fonction des réseaux et de la nature des équipements. « Installer des parafoudres basse tension est important, mais il est également crucial d’assurer une protection adéquate sur les lignes de communication en cuivre », précise Florent Ivankovics.
Dans tous les cas, il faut installer des parafoudres en cascade, conformément à l’article sur les parafoudres complémentaires de la NF C 15-100.
Il convient également de protéger tous les équipements qui se trouvent en périphérie des installations typiques, notamment les systèmes de production photovoltaïques, le stockage d’électricité, les IRVE, ou encore les serveurs qui peuvent être intégrés à des containers, à l’aide de parafoudres dédiés par application. « La protection foudre découle d’une vision holistique, c’est-à-dire que l’on considère les risques sur l’ensemble de l’installation », précise Jérôme Laulan.
Les principaux textes foudre en France par typologie de bâtiment
ERP : établissements recevant du public > obligation de contrôles périodiques
- Arrêté du 19/11/2001 portant approbation de dispositions complétant et modifiant le règlement de sécurité contre les risques d’incendie et de panique dans les ERP.
- Arrêté du 11/12/2009 portant approbation de diverses dispositions complétant et modifiant le règlement de sécurité contre les risques d’incendie et de panique dans les établissements recevant du public.
IGH : immeuble de grande hauteur > obligation de protection + contrôles périodiques
- Arrêté du 30/12/2011 portant règlement de sécurité pour la construction des IGH et leur protection contre les risques d’incendie et de panique.
ICPE : installation classée pour la protection de l’environnement > obligation d’études, de travaux et de vérifications
- Arrêté du 19/07/2011 modifiant l’arrêté du 04/10/2010 relatif à la prévention des risques accidentels au sein des installations classées pour la protection de l’environnement soumises à autorisation.
Il existe également des textes spécifiques pour certains sites soumis à ENREGISTREMENT et DÉCLARATION (et à d’autres rubriques « AUTORISATION » non reprises dans le texte ci-dessus).
INB : installation nucléaire de base > démonstration de sûreté face aux agressions foudre
- Arrêté du 02/02/2012 fixant les règles générales relatives aux INB.
INBS : installation nucléaire de base secrète (ministère de la Défense) > obligations d’études, de travaux, de contrôles et de prévention
- Arrêté du 01/10/2007 définissant les modalités relatives à la protection contre la foudre des INBS et des installations de mise en œuvre et maintenance associées aux systèmes nucléaires militaires.
Les solutions de protection contre les chocs de foudre
Chez ABB, le Pulsar® hélita® est le paratonnerre à dispositif d’amorçage (PDA) de référence. Il a fait l’objet d’un dépôt de brevet en collaboration avec le CNRS. « Le Pulsar hélita existe en 3 modèles, avec 3 avances à l’amorçage différentes : 30 µs pour le Pulsar 30, 45 µs pour le Pulsar 45 et 60 µs pour le Pulsar 60. Pour les sites de taille très importante, il faut donc installer plusieurs Pulsar 60. »
De son côté, « DEHN est promoteur du paratonnerre à tige simple, mais aussi des solutions à cages maillées, notamment pour les hôpitaux ou les datacenters », explique Jérôme Laulan.
Mersen a développé une gamme de paratonnerres avec dispositif d’amorçage, testables à distance, conçue pour des applications complexes. La gamme Nimbus R est un allié idéal pour les installations et bâtiments difficiles d’accès, qu’ils soient de grande taille ou nécessitant une protection avec un grand nombre de pointes. La gamme Nimbus R permet de réaliser des tests en toute sécurité depuis le sol, sans avoir à déployer de moyens spécifiques de levage ou d’accès.
Des choix technologiques variés
Il est important de rappeler que les choix technologiques découlent de considérations technico-économiques, comme le précise Florent Ivankovics : « Les différents acteurs du marché ont fait des choix et ont des avis différents. » Et « chaque fabricant a sa propre stratégie », abonde Jérôme Laulan. « Mais le plus important est de choisir des technologies compatibles », précise Aurore Alric.
Par exemple, Citel utilise la technologie VG, qui combine varistance et éclateur à gaz. « Cette technologie offre une parfaite coordination de la réponse aux surtensions, elle assure une parfaite compatibilité entre les différentes technologies de parafoudre, simplifiant leur sélection. La technologie VG assure une excellente durée dans le temps grâce à ces deux composants complémentaires, une meilleure tenue aux surtensions transitoires et un meilleur Up (niveau de protection) », détaille Aurore Alric. La technologie VG se retrouve dans toutes les gammes de Citel, AC ou DC.
Mersen a opté pour une approche technologique similaire en combinant les technologies de varistance et d’éclateur dans ses produits parafoudres. « Notre valeur ajoutée réside dans le fait que nous sommes à la fois fabricant de parafoudres et de fusibles, ce qui nous confère une maîtrise parfaite et constitue notre force. Nous sommes en mesure d’identifier le fusible adéquat en fonction du niveau de robustesse du parafoudre, afin d’optimiser la compacité, tout en assurant un niveau de protection maximal, et ce, quels que soient le niveau d’exposition et l’application », ajoute Florent Ivankovics.
DEHN pousse les solutions reposant sur la technologie brevetée ACI (Advanced Circuit Interruption). En fin de vie, le parafoudre meurt en court-circuit s’il reçoit plus d’énergie que ce pour quoi il est conçu. Il faut donc couper le court-circuit. Il y a plusieurs manières de faire : soit ajouter une protection en amont, soit intégrer une protection au parafoudre. « Si la protection est intégrée au parafoudre, la mise en œuvre est plus simple pour les tableautiers. Des chambres d’extinction permettent de récupérer le courant de surtensions et de l’éteindre, ce qui le rend plus sélectif qu’une protection amont et n’affecte pas la protection amont, c’est-à-dire le disjoncteur », explique Jérôme Laulan. En effet, il est important de maîtriser la fin de vie du parafoudre sans impacter le reste de l’installation.
Pour les installations en courant continu, Citel a breveté la technologie CTC (Central Thermal Control). « Cette technologie DC est très bien adaptée à la protection foudre des installations photovoltaïques. Elle permet une déconnexion plus rapide et plus sûre via son nouveau système de déconnexion qui élimine le risque de court-circuit des varistances et isole tous ces composants », explique Aurore Alric. Les produits intégrant la technologie CTC sont compacts et monoblocs et répondent aux normes internationales IEC et UL.
La qualité de la terre, un sujet à ne pas éluder
Le premier organe de protection contre la foudre et les surtensions est la qualité de la terre. Souvent, elle n’a pas le bon niveau de résistance. Certaines caractéristiques du sous-sol peuvent attirer la foudre, notamment des sources ou la présence de minerai radioactif. Tout ce qui crée une ionisation peut faciliter l’attachement de la foudre. La résistivité du sol n’est pas constante, car certaines veines sont plus conductrices. Bruno Roland, d’ABB, conseille donc : « Les personnes qui ont reçu une fois un coup de foudre direct sur leur bâtiment devraient installer un paratonnerre. Le pourquoi de l’attachement de la foudre est parfois difficile à expliquer. »
Florent Ivankovics liste les actions clés pour améliorer la qualité de la terre :
+ Augmenter la conductivité du sol en traitant le sol avec des substances conductrices et maintenir un bon niveau d’humidité.
+ Accroître la surface de contact en installant plusieurs piquets de terre ou utiliser des bandes métalliques enterrées pour maximiser le contact avec le sol.
+ Utiliser des matériaux performants. Dans ce cas, on privilégie le cuivre ou l’acier galvanisé pour les conducteurs, ou des alliages spécifiques dans les environnements corrosifs.
+ Optimiser la conception en répartissant les courants de défaut de manière efficace et en réduisant les distances entre les points de mise à la terre et les équipements sensibles.
+ Surveillance continue et amélioration des connexions par l’installation de dispositifs de surveillance pour suivre en temps réel la résistance de la terre. Il est recommandé d’effectuer des contrôles réguliers.
+ Respecter les normes en se conformant aux normes NF C 15-100 et NF EN 62305 pour garantir la sécurité et la fiabilité du système de mise à la terre.
Les solutions de protection contre les surtensions adaptées aux infrastructures critiques
Mersen a récemment développé la nouvelle gamme Surge-Trap® K | New Line, qui inclut actuellement des parafoudres de Type 1+2. Le modèle K1 offre une capacité de 12,5 kA en Iimp, tandis que le modèle K2 atteint une valeur maximale de 40 kA en Imax en Type 2. Ces nouveaux produits sont conçus pour répondre aux évolutions technologiques et aux exigences des applications modernes, tout en tenant compte des exigences de la nouvelle norme NFC 15-100.
Parmi les innovations notables, la gamme Terra se distingue également. Ce parafoudre de Type 2, d’une capacité de 40 kA en Imax, intègre une technologie brevetée et est équipé d’un voyant lumineux. Ce dernier délivre une information essentielle : il mesure la boucle de terre et fournit des informations précises sur son état via un système de trois codes couleurs. En plus de vérifier si le niveau de résistivité de la terre est optimal, le dispositif permet de contrôler le bon serrage et la qualité des câbles.
Pour répondre aux besoins de protection en courant continu (DC) des installations, Mersen propose une large gamme de parafoudres adaptés aux nombreuses applications DC présentes sur le marché. Dès 2025, cette gamme sera enrichie par la nouvelle génération Surge-Trap® K | New Line, offrant ainsi une maîtrise technique accrue face aux exigences croissantes des applications en courant continu.
Enfin, Mersen a développé une gamme de fusibles spécifiques pour accompagner les parafoudres. Ces fusibles sont conçus pour délivrer une protection maximale dans plusieurs domaines : continuité de service, protection contre des courants de court-circuit présumés élevés, ainsi qu’en termes de performance électrique et de sélectivité. « L’objectif est de les rendre le plus compact possible, tout en assurant une protection maximale sur tous ces aspects », précise Florent Ivankovics.
Chez Citel, la première nouveauté est une gamme de parafoudres (DACN1-25CVGS/SC) intégrant un compteur de surtensions, spécialement conçue pour les infrastructures critiques. Ce compteur permet de surveiller l’installation et de mieux la comprendre, ce qui permet de réaliser des actions de maintenance préventive. « Certaines installations, à l’image de celles des hôpitaux, ont l’obligation de réaliser une inspection visuelle tous les ans pour s’assurer de l’état de l’installation. Ce produit permet de relever le compteur du parafoudre et de déterminer s’il faut revoir l’installation ou non », explique Aurore Alric. La gamme DACN1-25CVGS/SC comprend des parafoudres de Type 1 + Type 2 + Type 3, avec une capacité de décharge importante (Iimp 25 kA).
La seconde nouveauté est un compteur de foudre distinct du parafoudre, le LSCM-D. « Il est utilisé par les entreprises dotées d’un service de maintenance, qui peuvent alors relever le compteur et anticiper les actions de maintenance à mener », explique Aurore Alric. Ce compteur prend en charge le comptage, l’horodatage, la décharge et l’événement.
De son côté, DEHN propose une gamme de parafoudres de Type 2, DEHNguard, dont certains produits sont équipés de la technologie ACI. « Cette gamme, idéale pour la protection des sites industriels, permet, avec 3 références commerciales, de répondre à toutes les typologies de besoins », explique Jérôme Laulan. Il y a aussi une version du produit à connexion rapide sans vis, ce qui constitue une évolution intéressante pour les tableautiers.
Pour protéger les lignes de communication, dans les datacenters par exemple, DEHN a développé la gamme Yellow/Line, qui compte de nombreuses références pour les réseaux Ethernet, les bus industriels, les réseaux 48 V… Le parafoudre combiné BCO ou BLITZDUCTORconnect protège les circuits de mesure, de contrôle ainsi que les bus de communication et de télécommunications contre les dommages causés par la foudre et les surtensions. Un témoin passe au rouge lorsque le parafoudre est en fin de vie. Ce produit est également supervisé par GTB : un système de rayon optique traverse la rangée de BCO. « Lorsqu’un produit est en fin de vie, un volet mécanique coupe le rayon optique et fait remonter l’information à la GTB. Lors du développement de ce produit, nous avons réfléchi à simplifier la remontée d’informations pour les parafoudres de courant faible, afin de simplifier la maintenance », développe Jérôme Laulan.
Enfin, le parafoudre de Type 1 DEHNshield correspond aux critères minimums exigés par la NF C 15-100, avec une capacité d’écoulement minimale de 12,5 kA par phase.
Les évolutions technologiques
Pour les parafoudres, les innovations viennent davantage de l’adaptation des produits à des applications spécifiques, notamment pour protéger les installations photovoltaïques, l’éclairage led extérieur, les IRVE, ou encore de nouvelles applications à l’image du stockage électrique ou de l’hydrogène. Côté paratonnerres, rien de nouveau. La technologie laser fait l’objet de recherches à petite échelle, mais rien qui soit capable d’intercepter la foudre.
Aujourd’hui, le marché s’oriente vers des solutions de plus en plus simples à installer et à maintenir dans le temps. Les technologies utilisées actuellement sont sûres et éprouvées. Le suivi en temps réel du fonctionnement des équipements et la remontée d’informations dans les GTB ou aux services de maintenance sont un véritable atout pour le maintien en conditions opérationnelles des équipements sensibles.
Alexandre Arène