Observatoire national du déploiement des BACS, le GIMELEC rend sa copie : « seuls 15 % des sites tertiaires sont aujourd’hui équipés de BACS »

Par Luis Liberal, président du GIMELEC Bâtiments. © DR

Les BACS sont un élément incontournable pour respecter les objectifs de sobriété, ainsi que les nouveaux objectifs de flexibilité qui faciliteront l’électrification des usages, le déploiement massif des énergies renouvelables et l’équilibre du réseau de transport électrique. Le GIMELEC est heureux de publier son Observatoire national du déploiement des BACS, dont l’ambition est de mesurer, aujourd’hui et d’ici 2030, la dynamique avec laquelle les bâtiments tertiaires français s’équipent et s’approprient le pilotage énergétique et numérique des bâtiments.

L’Observatoire national du déploiement des BACS est une grille de lecture, partagée avec les pouvoirs publics et la chaîne d’acteurs concernés par le décret BACS, pour mettre en œuvre collectivement les conditions de succès de la sobriété en France. L’étude a été menée avec CODA Stratégies, au travers de nombreux entretiens et d’un croisement exhaustif des bases de données existantes.

Un déploiement encore loin des objectifs
Le premier chiffre qui ressort de cette étude est que seuls 15 % des sites tertiaires sont aujourd’hui équipés de BACS. Un déploiement qui n’est pas à la hauteur des objectifs de la réglementation française et européenne.

Des disparités importantes selon les typologies de bâtiments
L’Observatoire souligne également des écarts sectoriels significatifs selon les activités dans les bâtiments.

Plutôt précurseurs, les sites de santé comme les hôpitaux et ceux de transport, les gares, se sont dotés de BACS (> 30 %) sans attendre la réglementation, pour des impératifs de continuité de service, de performance énergétique, d’optimisation, ou encore de confort des usagers. Il faut également souligner l’effet très positif de la fiche CEE BAT-TH-116 et de son bonus temporaire sur les décisions d’investissements dans des BACS et le déclenchement des démarches d’efficacité énergétique associées.

Plus les bâtiments sont grands, plus ils sont équipés
L’étude souligne également que, tous secteurs d’activité confondus, plus de 80 % des grands bâtiments de plus de 20 000 m2 sont déjà équipés de BACS. Le pilotage énergétique et numérique s’est historiquement imposé pour la gestion technique à grande échelle des grands bâtiments. Cependant, une optimisation des systèmes ou des actions de recommissioning sont à prévoir, du fait de l’ancienneté de ces équipements.

Près de la moitié des BACS installés dans les bâtiments ne sont pas exploités !
Ce constat renvoie à une prise de conscience, ces dernières années, de l’importance de l’organisation des responsabilités autour de ces systèmes, pour en assurer la bonne performance et l’évolutivité dans la durée. Or, les propriétaires et gestionnaires de bâtiments déplorent l’absence fréquente d’organisation dédiée dans les bâtiments, voire de compétence. Elle a pour conséquence de laisser des systèmes non exploités, mal paramétrés, sans prise en compte de réaménagements éventuels ou des changements de preneurs. L’évolution constante des GTB ces 10 dernières années, vers de la simplification et de l’interopérabilité, rend possible une meilleure appropriation dans les bâtiments.

Au rythme actuel donc, 18 % des sites seraient équipés de BACS en 2027. Ce chiffre est à mettre en relation avec les 100 % visés par le décret BACS. Et pourtant la France n’a pas le choix, elle doit tenir ses objectifs de sobriété et de décarbonation, à commencer par le seuil de -40 % d’ici 2030, inscrit dans le DEET (Dispositif Éco Énergie Tertiaire). Comment relever le défi ?

Une accélération s’impose
Gardons notre ambition nationale et conjuguons-la avec des modalités concrètes rendant possible l’adoption sur le terrain ! Un plan d’accélération s’impose alors et est à notre portée collective.

Ensemble, nous pourrons viser 50 % des sites tertiaires assujettis au décret BACS équipés en 2030 ! Un défi de court terme qui devra passer par des actions ciblées et priorisées, parmi lesquelles :

  • Des feuilles de route prioritaires pour les parcs immobiliers, les bureaux, les commerces et l’enseignement, qui constituent les deux tiers des BACS à installer.
  • La réactivation et la mise à jour à court terme des systèmes déjà installés dans les grands bâtiments, avec les formations terrain et procédures d’exploitation.
  • La disponibilité d’une offre simplifiée, adaptée aux surfaces petites et moyennes.

Un challenge qui engage et rassemble trois filières d’expertises : les acteurs du smart grid, les industriels et intégrateurs de BACS, et finalement toute la chaîne des acteurs de l’immobilier.

Prévisions de l’évolution du taux d’équipement selon un scénario de continuité et un scénario de volontarisme. © GIMELEC

Dans cette perspective, il faut maintenant miser sur la combinaison gagnante : consommer moins et consommer au bon moment.
Doter son bâtiment d’un système de pilotage BACS, c’est lui donner les moyens de consommer moins d’énergie, mais aussi de la consommer au bon moment, pour tirer parti d’offres tarifaires incitatives de la part des fournisseurs d’électricité ou d’agrégateurs.

Au niveau national, la sobriété énergétique n’est pas le seul enjeu. L’électrification des usages (IRVE, PAC…) et la souveraineté énergétique sont également au cœur du sujet. Des modèles économiques incitatifs se profilent pour récompenser les efforts réalisés dans les bâtiments pour recharger la voiture ou activer le chauffage, la ventilation, la climatisation, au moment où l’électricité nationale est abondante, en évitant les pics de consommation du matin et du soir.

Le BACS révèle aujourd’hui sa double vertu : économiser l’énergie et la consommer quand elle est moins chère et décarbonée.

Par Luis Liberal, président du GIMELEC Bâtiments

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