Le secteur de l’hôtellerie-restauration représente en France plus de 220 000 établissements dont 1 7405 hôtels et 651 944 chambres, d’après l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). Ces établissements, petits ou grands, sont tous confrontés à la hausse du coût de l’énergie et aux nouvelles réglementations : la sobriété énergétique n’est plus une option. Mais ils doivent aussi améliorer le confort et le service client et mettre en place une démarche sociétale. Ludovic Poyau, président de la Commission développement durable de l’UMIH et président de l’UMIH Loir-et-Cher, revient sur les différents outils mis à la disposition de ses adhérents pour les sensibiliser et les aider à franchir ce cap.
Pouvez-vous nous présenter les missions et objectifs de la Commission développement durable de l’UMIH ?
Ludovic Poyau – Tout d’abord, l’UMIH milite depuis de nombreuses années contre le fléau représentatif de notre époque, « acheter, consommer, jeter », sans se soucier des conséquences. La sobriété, qu’elle soit énergétique, sociale ou alimentaire consiste à satisfaire nos besoins tout en repensant nos modes de consommation et de production dans le but de limiter leurs impacts sur l’environnement. La commission a été créée en 2016 et je la préside depuis 2021. Son rôle :
• Suivre les textes réglementaires et assurer la pédagogie auprès des professionnels.
• Accompagner les professionnels dans leur démarche durable en lien avec les nouvelles attentes des consommateurs : selon un sondage ADEME, depuis 2019, l’écologie est en première place des préoccupations des Français et une étude d’OpinionWay pour Majorian démontre que 72 % des Français ont changé leurs habitudes. Les voyageurs intègrent de plus en plus les préoccupations écologiques lors de leurs déplacements. La prise de conscience collective de l’impact de nos modes de vie sur l’environnement modifie la façon de percevoir et de choisir aujourd’hui une offre d’hôtellerie ou de restauration.
• Négocier avec les pouvoirs publics pour des mesures adaptées et pragmatiques et des aides aux investissements.
• Développer des partenariats nationaux pour accompagner/aider nos entreprises.
Votre guide « Sobriété Énergétique en Hôtellerie-Restauration » propose 4 leviers d’amélioration pour ces établissements. Pouvez-vous nous les rappeler et nous dire comment ils peuvent être mis en application dans un hôtel ?
L. P. – La sobriété énergétique est un concept qui nous invite à repenser nos besoins et nos utilisations d’énergie. Cette démarche implique de changer nos comportements, notre organisation au quotidien et notre mode de vie, à l’échelle individuelle, mais aussi collective. Ces changements s’opèrent grâce à nos partenaires nous fournissant des mousseurs, des variateurs, lampes led, douches économiques… qui contribuent avec la communication aux éco-gestes de nos clients à baisser nos consommations de plus de 10 %.
Nous proposons 4 leviers d’amélioration dans notre guide des bonnes pratiques pour la sobriété énergétique en hôtellerie-restauration :
• la sobriété structurelle, en imaginant et créant des espaces permettant de modérer la consommation énergétique ;
• la sobriété dimensionnelle, avec des équipements adaptés aux besoins ;
• la sobriété d’usage, avec un bon usage des équipements pour réduire la consommation énergétique ;
• la sobriété conviviale, en mutualisant les équipements et leur utilisation.
Le décret BACS de juillet 2020 impose la mise en place d’une installation d’un système automatisé et de contrôle du bâtiment (GTB) pour les bâtiments anciens dont la puissance est supérieure à 290 kW au 1er janvier 2025, puis à 70 kW en 2027. Vos adhérents concernés – et je pense aux hôtels de taille moyenne et grande – mettent-ils en place ces systèmes et pour quels résultats ?
L. P. – Nous avons des partenaires et la commission travaille depuis un an avec des partenaires qui associent GTC /GTB /GRSM avec nos CRS et de l’IA afin d’avoir le meilleur résultat possible aussi bien dans de l’existant que dans le neuf. Certains de nos adhérents sont concernés, mais à terme, tous seront concernés et nous prenons tous ces sujets à bras le corps, à la commission.
D’autres solutions techniques permettent d’améliorer l’expérience et le confort client, mais aussi du personnel avec le numérique et l’internet des objets (IoT). Voyez-vous cela se développer dans la profession ?
L. P. – Le numérique et l’IA seront les alliés de nos collaborateurs pour éviter des tâches trop longues comme le suivi des stocks, ratio, commandes et inventaires ; dans l’hôtellerie, le numérique sera couplé à la gestion à distance de nos consommations énergétiques aussi bien en chauffage qu’hydrique.
Quelles tendances et perspectives voyez-vous pour répondre à l’évolution des besoins des clients ?
L. P. – L’hôtel de demain sera un hôtel éco-construit, économe en énergie et socialement repensé avec une cuisine plus végétalisée, plus locale et décarbonée.
Propos recueillis par Jean-Paul Beaudet