Lighting Developpement, né du rachat de Lébénoïd en 2018, s’est ensuite construit par acquisitions successives de marques opérant sur divers marchés : il s’agit de véritables croissances externes qui continuent à prospérer. « Lighting Developpement fonctionne par compléments et non par superpositions, explique Sylvain Palombo. Notre objectif vise à fournir un terreau, un environnement propice au développement de ces marques, déjà connues et reconnues en France et à l’étranger. »
Lébénoïd a été la première pierre de l’édifice. Dans quels domaines intervient-elle ?
L’entreprise, créée en 1922, est spécialisée dans l’éclairage fonctionnel et les accessoires électriques à destination des bâtiments d’habitation collective. Elle vend exclusivement à la distribution professionnelle et comprend deux sites de production, un à Vernosc-lès-Annonay en Ardèche et un autre en Tunisie. Elle réalise un chiffre d’affaires d’environ 12 millions d’euros. Lébénoïd est le fournisseur historique des bailleurs sociaux. En ce moment même, nous expérimentons avec l’un d’eux une solution que notre outil industriel nous permet de mettre en œuvre facilement, une personnalisation des produits par bâtiment, de façon à, selon le bailleur, « transformer le locataire en habitant » et à permettre à chaque bâtiment une différenciation et une appropriation plus vertueuse des lieux.
Les autres entreprises proposent des services très différents ?
Oui, Integratech, basée en Belgique, par exemple, est « fabless », autrement dit elle ne possède pas de moyens de production propres, et axe son service au client sur un excellent processus de développement produit et de logistique. Integratech annonce un chiffre d’affaires de 23 millions d’euros et elle couvre l’éclairage fonctionnel pour les secteurs industriel, tertiaire, urbain et l’éclairage sportif. En 2023, nous avons acquis deux autres sociétés : Sunlux, qui a un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros, conçoit et assemble depuis 35 ans des produits pour l’industrie, le tertiaire, la logistique, et bénéficie des sites de production communs à Specilux (Saint-Julien-du-Sault, dans l’Yonne) et à SFEL (Saulgé, dans la Vienne), et travaille principalement avec les installateurs électriciens ; Specilux, quant à elle, fournit des luminaires produits dans l’Yonne donc, pour les surfaces commerciales. Son chiffre d’affaires est de 6 millions d’euros, comme celui de l’entreprise Lunoo, située en Belgique, qui a rejoint le groupe cette année. Lunoo constitue notre marque Premium de l’éclairage fonctionnel pour l’hôtellerie, la restauration et les commerces, et travaille en OEM (Original equipment manufacturer : fabricant d’équipement d’origine) sur des développements et des produits spécifiques que nos clients industriels intègrent dans leur fabrication. La dernière acquisition, en 2024, est la société SFEL (avec la marque GAL) qui conçoit, développe, industrialise, fabrique des produits pour des clients et environnements exigeants du ferroviaire, ou pour le secteur industriel dans des environnements sévères.
Comment ces marques sont-elles organisées ?
Toutes ces marques agissent sur leur marché et contribuent également à la performance et à la croissance des autres marques, car elles sont complémentaires dans leur capacité industrielle ou sur les marchés adressés via leurs canaux d’accès ; par exemple, Lébénoïd est spécialisée dans l’injection plastique et dans le montage automatique de produits, voire la robotisation ; le site de Saulgé est performant dans la production de sousensembles tôlerie sur des process automatisés alors que celui de Saint-Julien-du-Sault met en oeuvre des productions plutôt manuelles (soudage, pliage, roulage, profilage), des techniques que les autres sites ne maîtrisent pas. Nos marques portent chacune une empreinte industrielle qui lui est propre, avec des capacités qui bénéficient a ussi aux autres ; elles se complètent sur les marchés qu’elles adressent, se fortifiant ainsi les unes les autres. On note cette complémentarité concernant les territoires des marques en France, en Belgique, en Tunisie et désormais en Allemagne avec la filiale de Lunoo.
Quelles orientations souhaitez-vous donner aujourd’hui à Lighting Developpement ?
Le groupe a bien étoffé et élargi son offre. Le secteur de l’éclairage est en pleine évolution. On assiste à une consolidation de ce marché, très fragmenté, avec des acteurs toujours nombreux. Nous souhaitons apporter le meilleur service à nos clients, quels que soient leurs besoins. Nous restons attentifs et en veille, à l’écoute des opportunités tout en poursuivant nos efforts afin d’aider nos acquisitions à se renforcer au contact les unes des autres. Nous nous attachons à l’optimisation de leur intégration dans notre groupe de sociétés. Cela passe par les structurations, les échanges de bons procédés et les développements de nouveaux produits qui vont pouvoir plus facilement servir des marchés annexes portés par des marques fortes. Notre offre, composée de produits de négoce et de produits fabriqués, fait de cette particularité une signature que nous revendiquons : nous nous définissons comme un groupe hybride, à l’image du marché constitué de cette diversité de besoins et d’exigences en termes d’empreinte carbone et sociétale, de durabilité, de performances, de longueur de la chaîne logistique. Notre ambition est de pouvoir servir nos clients avec des compétences, une force et des attributs de groupe et de marques qui sont les mêmes. Nous nous appuyons bien évidemment sur nos capacités industrielles, qui sont des sites de construction mais aussi de réemploi.
Vous voulez dire que vos sites de production rénovent également des luminaires ?
En effet, nous proposons systématiquement à nos clients une vision différente de la rénovation en passant par le réemploi. Par exemple, nous intervenons en ce moment sur la rénovation de l’éclairage de magasins d’une chaîne d’articles de sport : l’opération consiste uniquement à changer l’électronique, sans toucher à l’infrastructure mécanique du système d’éclairage. Le fait que les produits aient douze ans ne pose aucun problème, parce qu’on est maître, propriétaire, gestionnaire des solutions mises en œuvre. Cela permet de conserver les mécaniques tout en y adjoignant des sous-ensembles aux performances accrues. Autre intérêt, limiter les temps d’intervention : par exemple, dans certains bâtiments qui fonctionnement non-stop ou bien où il est difficile de fermer les locaux comme les prisons. On procède à une rénovation au sens « bâtiment » du terme ; comme une mise à jour logicielle en quelque sorte. Dans ce contexte, on peut parler de « mise à jour matérielle », que nous pouvons réaliser grâce à nos structures R&D et à nos moyens de mesure photométrique, thermique, électrique et environnementale.
Quelles perspectives se dessinent pour Lighting Developpement ?
Nous continuons d’investir dans des moyens de production modernes : notamment sur le site de Vernosc qui dispose d’une nouvelle presse à injecter, et de deux lignes supplémentaires de production de cartes électroniques. Et bien sûr, nos marques s’enrichissent toujours de nouvelles gammes comme Integratech, dont le catalogue 2024 comprend des dizaines de nouveaux produits. Nous oeuvrons pour apporter un éclairage responsable, durable, et adapté aux stratégies de nos clients.
Propos recueillis par Isabelle Arnaud