Le maître d’ouvrage, Vincenzo Bonaffini, n’en est pas à son premier restaurant. En effet, l’homme d’affaires a déjà racheté une dizaine d’établissements pour les rénover. Avec Come Prima – « Comme au début », en italien, est le titre d’une chanson écrite par Mario Panzeri sur une musique de Vincenzo Di Paola et Sandro Taccani, interprétée, entre autres, par Dalida, dont un portrait orne une des parois de la salle –, c’est comme un retour aux sources. Situé à Annecy, avenue d’Aix-les-Bains, dans le quartier de Seynod, le restaurant dont la gérance a été confiée à Sébastien Bourbon propose des spécialités italiennes et siciliennes, dans un décor chic et chaleureux. Vincenzo Bonaffini souhaitait des mises en lumière différenciées pour accompagner les espaces créés par l’architecte Jean-Louis Meyer : un bar, une salle sous une verrière, une pergola, dans un décor rouge flamboyant et bois. « C’est l’entreprise Pettini Électricité qui a pris contact avec moi, commente Thierry Jacquot (L&S-Concept). Nous avions travaillé ensemble plusieurs fois et elle a intégré la prestation projet d’éclairage au budget global d’électricité. Ensuite, elle m’a mis en contact avec le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre du restaurant qui m’ont expliqué chacun leurs attentes en termes de mise en lumière. »

Un avant-projet en 3D
Le principe de base de l’avant-projet élaboré par Thierry Jacquot repose sur une bonne répartition de la lumière, quel que soit l’espace considéré, et une programmation adaptée à chaque espace du restaurant.
« Pour l’ambiance générale du restaurant, explique Thierry Jacquot, je souhaitais que les clients bénéficient d’une lumière chaleureuse sans qu’ils n’en perçoivent l’origine. J’ai donc opté pour des luminaires leds compacts et discrets en termes de design et sans éblouissement : il s’agit d’encastrés équipés de réflecteurs noirs et dotés d’un UGR¹ 10, avec un bon contrôle des luminances. Je propose systématiquement mes avant-projets en 3D, ce qui permet au maître d’ouvrage et à l’architecte de se faire une bonne représentation de la mise en lumière définitive et de valider aisément le choix des luminaires, ou éventuellement de demander des adaptations. »
Des suspensions sphériques noires descendent au-dessus du bar pour éclairer le comptoir tandis que des micro-projecteurs (1 cm de diamètre et 2 cm de long) ont été orientés sur les bouteilles à l’arrière. Le comptoir lui-même est rétro-éclairé par un ruban led en sous-face.
Les panneaux décoratifs verticaux bénéficient, quant à eux, d’un éclairage réalisé à l’aide de wall-washers.
Les tons sont chauds : le rouge se marie avec le doré qui s’harmonise avec le bois. Afin de conserver cette atmosphère, tous les luminaires affichent une température de couleur de 2 700 K, accompagnée d’un indice de rendu des couleurs de 90 (R9 supérieur à 80) qui met en valeur les matériaux et le contenu des assiettes.

Dessiner des faisceaux sur la façade
Sur la terrasse, les lettres de l’enseigne du restaurant « C et P » s’entrelacent dans une lumière blanche sur fond bleu foncé, le tout apposé sur le mur rouge.

« La réalisation de l’éclairage extérieur est l’illustration du travail collaboratif entre l’architecte, le maître d’ouvrage et notre agence, poursuit Thierry Jacquot. Jean-Louis Meyer voulait obtenir un effet faisceau sur le mur, et Vincenzo Bonaffini craignait que le logo du restaurant ne ressorte pas assez ou que les tables ne soient pas assez éclairées. Encore une fois, la simulation en 3D s’est montrée efficace et a su convaincre. Je dois dire que la différence entre la simulation et la photo de l’installation réalisée est à peine perceptible. »
Les projecteurs de petites dimensions (4 cm de diamètre) sont encastrés dans le plafond de la pergola et orientés sur la façade, et dessinent les faisceaux de lumière sans nuire à l’enseigne lumineuse. Par ailleurs, des encastrés de sol soulignent la structure métallique et de verre qui ferme la terrasse et mettent en valeur la végétation qui agrémente cet espace.

Une programmation en fonction des heures de la journée

« Dans les restaurants, il n’est pas rare qu’on ait besoin de plus de lumière, paradoxalement, indique Thierry Jacquot, pour être vu de l’extérieur : les clients doivent pouvoir capter l’atmosphère du restaurant d’un seul coup d’œil ; alors que le soir, on peut baisser l’intensité lumineuse afin de créer une ambiance douce et plus chaleureuse. Nous avons donc défini une programmation pour tous les luminaires en les regroupant par zone. »
Les séquences lumineuses sont également programmées par groupe. Par exemple, des suspensions de verre ont été ajoutées pour compléter le décor et éclairer les « mange-debout » ; comme les lampes dont elles sont munies procurent un flux important, l’équipe de LS-Concept les a dotées d’un système DALI qui permet d’obtenir, par une programmation, un niveau d’éclairage sur les tables hautes, homogène avec le reste de la mise en lumière.
La gestion de l’éclairage s’effectue à partir d’une tablette ou d’une commande murale et peut appeler les séquences préprogrammées du midi ou du soir ou encore les scénarios personnalisés.♦

Isabelle Arnaud