« L’éco-conception, c’est anticiper et intégrer les critères environnementaux dès la conception des produits et services. L’objectif est de minimiser l’impact environnemental à chaque étape du cycle de vie, depuis l'utilisation des matières premières jusqu’à la fin de vie du produit » introduit Angélique Barré, responsable du pôle transition écologique de la CCI de la Sarthe.
Si l’on considère les émissions de gaz à effet de serre, il y a, en réalité, 52 critères, tels ceux des consommations de ressources naturelles ou de la toxicité, … D’où l’importance d’adopter une approche multicritère, car il est parfois plus aisé d’agir sur certains que sur d’autres.
La pression réglementaire est aussi un facteur majeur dans la transformation environnementale des entreprises. Les (nouvelles) obligations encouragent les industriels à adopter des pratiques plus durables et à repenser leurs chaînes de valeur jusqu’aux composants souvent invisibles mais essentiels, tels que les transformateurs.
Antoine Beauvois souligne d’ailleurs l’engagement du CSF Nouveaux Systèmes Énergétiques, qu’il représente, dans l’identification de ces composants « invisibles », mais critiques de la chaîne de valeur, lesquels sont des éléments clés de la souveraineté industrielle française.
Les transformateurs basse-tension Eco-Design de Circé s’inscrivent pleinement dans cette démarche.
Si l’objectif de leur création était d’anticiper les normes de rendement futures (en se basant sur celles de la haute-tension déjà à 98%), l’exercice a d’abord consisté à optimiser les matières (aluminium par exemple) et à autoriser la réparabilité du produit (en réduisant l’utilisation du vernis).
Résultat : avec 3% de rendement supplémentaires, les transformateurs Écodesign permettent des économies substantielles sur la facture énergétique. « Certes, l’équipement éco-conçu est au moins 50% plus cher à l’achat mais le coût global incluant la consommation énergétique – est amorti en moyenne entre 6 mois et un an » explique Guillaume Barat, son Directeur, qui invite à effectuer cecalcul sur le simulateur en ligne de son site internet.
Mesurer pour se transformer
Point de départ de toute démarche environnementale : la donnée.
Industriels et cabinets conseils en énergie ont unanimement souligné l'importance de la mesure et de l’analyse, avec « un constat préoccupant quant à la méconnaissance des entreprises de leur propre consommation énergétique » précise Damien Wittaz, dirigeant de Studeffi.
Une fois collectées et analysées, les datas permettent d’enclencher des arbitrages éclairés et d’optimiser l’efficacité énergétique. Un certain nombre de gestes « réflexes » assez simples découlent de cette analyse « avant de passer à une véritable transformation environnementale, laquelle repose sur un changement culturel significatif et un travail de fond » insiste Arnaud Guilhard, Directeur d’Orace.
« L’IA et le machine learning jouent un rôle croissant dans cette gestion car ce sont des outils indispensables à la compréhension, la planification et l’optimisation des charges énergétiques. Ils permettent également de simuler de nouveaux modèles, notamment d’éco-conception » complète Gaëtan Gottis, Dirigeant de Leveraize.
Un changement comportemental nécessaire
Les industriels ont bien sûr une part de responsabilité dans la dynamique globale du marché. Arnaud Bouhours, Responsable activité industries chez Maine Eiffage Energie Systèmes témoigne « veiller à inclure des solutions éco-conçues dès les études et le chiffrage des besoins ».
Angélique Barré poursuit : « Si l’écoconception peut générer des surcoûts, un système de compensation est possible pour les industriels en augmentant le prix de vente grâce à la création d’une nouvelle valeur ajoutée, ainsi qu’en dopant les volumes de ventes par la fidélisation et la captation de nouveaux marchés ».
« Afin d’éviter de se faire déréférencer par le truchement des appels d’offres, même les petites et moyennes entreprises ont un intérêt vital à s’engager dans l’éco-conception » prévient Arnaud Guilhard.
Le manque de lisibilité du marché de l’énergie – devenu fluctuant depuis 2021 – constitue un défi supplémentaire, mais des outils et méthodes existent pour accompagner les entreprises dans cette transition.
En outre, au-delà de sa consommation d’énergie, toute entreprise peut mener une réflexion sur la production et le management de celle-ci. « Des avancées technologiques comme les trackers solaires permettent aujourd’hui des gains significatifs, de l’ordre de 70% par rapport à des panneaux solaires classiques » détaille Sylvain Girard, Chef de marché industrie chez Okwind.
Avec actuellement moins de pression sur les coûts de l’électricité, les entreprises relâchent leur vigilance quant à leur consommation : « Mauvais calcul » anticipe Guillaume Barat, souhaitant « pouvoir conserver la possibilité d’opter entre efficacité et sobriété énergétique… la pauvreté énergétique signifiant forcément un non-choix ».