Le Lido, situé à l’origine au 78, avenue des Champs-Élysées à Paris (8e arrondissement), est, avant la Seconde Guerre mondiale, un lieu de divertissement et de baignades des classes sociales favorisées. La décoration est inspirée par Venise et sa célèbre plage du Lido et qui a connu une grande vogue à la Belle Époque sous le nom de «La Plage de Paris ». En 1933, à la suite d’une liquidation judiciaire, l’établissement ferme. En 1936, Léon Volterra en prend la direction et remplace la piscine par une salle de spectacle. En 1946, Joseph et Louis Clerico, d’origine italienne, rachètent le Lido à Léon Volterra et le transforment entièrement. Avec la collaboration de Pierre-Louis Guérin puis de René Fraday, le Lido développe la formule « dîner-spectacle ». Le succès du Lido conduit ses exploitants à ouvrir une nouvelle salle de spectacles et à s’agrandir, en 1977, sous la direction de Jean-Robert Boudre, plus haut sur les Champs-Élysées, dans l’immeuble Normandie, au 116 bis, sur plus de 6 000 m2. Une salle panoramique sans poutres sur deux niveaux de 1 150 places est créée par les architectes italiens Giorgio Vecchia et Franco Bartoccini. Un ascenseur permet au parterre, où sont assis 300 convives pendant le dîner, de s’enfoncer de 80 cm dans le sol pour assurer une bonne visibilité.
En 2006, le groupe Sodexo entre au capital du Lido, et devient actionnaire à 100 % en 2009, après le retrait définitif des Clerico. Début 2022, le groupe Accor rachète le cabaret, qui devient une salle destinée à la comédie musicale. Pour autant, Jean-Luc Choplin, directeur général et artistique, a souhaité de conserver, voire renforcer son caractère de cabaret, tout en créant les conditions optimales d’accueil de spectacles de haut niveau. L’un des principaux objectifs a été de redonner de la fluidité au parcours entre les différents espaces accessibles au public : hall d’entrée, rotonde d’accueil avec bar intégré, foyer des fontaines et nouveau bar au niveau du balcon, foyer des colonnes au niveau inférieur. Les trois niveaux sont reliés par l’escalier historique, complété par le nouvel escalier entre la rotonde et le foyer des colonnes.
Le design au cœur de la lumière
Arnaud Patat, directeur de The Cortex Project, assistance à maîtrise d’ouvrage, et Alexis Mabille, Beaubow prennent contact avec l’équipe d’Ombrages pour lui confier la conception lumière du Lido 2. « Alexis Mabille nous a présenté son projet de décoration, dans lequel il avait déjà intégré des créations lumière, explique Christophe Luquet, concepteur lumière, Ombrages. Nous avons échangé sur ce qu’il voulait en termes de rendus afin d’adapter les ambiances lumineuses des différents espaces et d’organiser l’éclairage fonctionnel ». Pour Simon Begué, concepteur lumière, chef de projet, Ombrages, « il fallait concilier les exigences des ERP et garder l’esprit de la décoration imaginée par Alexis Mabille ». « Alexis Mabille souhaitait des ambiances très dorées et rouges, ajoute Christophe Luquet, nous devions donc réaliser un éclairage fonctionnel qui s’harmonise avec les créations lumineuses d’Alexis Mabille et proposer un pilotage de l’ensemble de l’installation ».
Pour Alexis Mabille, « la haute couture et le design intérieur sont intimement liés : je choisis un produit particulier qui fait l’objet d’une création à partir de matériaux qualitatifs, de textures, de couleurs qui lui sont propres et qui vont apporter le standing que je souhaite donner à l’environnement. La lumière en fait partie, tant en ce qui concerne l’objet lumineux en lui-même que les effets qui habillent les espaces. La lumière ne se limite pas à une question de décor, elle est bien plus que cela : elle participe à notre bien-être, par son intensité et sa tonalité, sa couleur et nous aide à nous sentir jolis ! En concertation avec les concepteurs lumière, nous avons accordé un soin particulier au confort dans tous les espaces afin que l’expérience du public, depuis l’entrée, à travers les couloirs, jusque dans les salons de réception, propose une atmosphère agréable ».
Ainsi, le long du couloir de 40 m, des panneaux leds offrent une animation vidéo pendant que les spectateurs attendent, avant d’arriver dans la rotonde où une ambiance intimiste les accueille. « Nous avons joué sur les teintes du bois ciré, du laiton, de la mosaïque, des marbres aux couleurs d’or, de la moquette rouge à grands motifs, sur des effets miroirs et la chaleur des lumières douces », poursuit Alexis Mabille. L’onyx s’illumine, le cristal scintille, revisités pour un monde interactif faisant appel aux technologies de programmation. Plus on descend en température et plus la subtilité et les reflets sont intéressants, se mariant avec le mobilier confortable, constitué de bois, de marbre, de velours… Tout est à la fois noir et lumineux, dans une composition de luminaires fonctionnels, dissimulés dans les plafonds pour créer des ciels étoilés, de lampes de table et de lustres spécialement conçus par Alexis Mabille pour le Lido 2.
Un éclairage fonctionnel intégré à l’architecture
L’accueil, au niveau des Champs-Élysées, bas de plafond, à 2,30 m de hauteur, ne dispose d’aucune ouverture vers l’extérieur. Alexis Mabille a travaillé l’espace en le dotant d’un plafond miroir qui lui redonne de la profondeur, notamment. « Nous avons équipé le lieu d’un éclairage fonctionnel composé d’appareils en plusieurs finitions – dorée, noire, noire/or, inox miroir – encastrés discrètement dans le plafond et qui s’harmonisent avec les appliques murales dessinées par Alexis Mabille, détaille Simon Begué.
Le bar est rétroéclairé par un ruban led intégré en partie supérieure du comptoir ». Ces luminaires s’accompagnent de systèmes de pilotage différents : DMX et DALI qui permettent de faire varier l’intensité et la température de couleur en fonction des heures d’utilisation, des moments du spectacle (avant, pendant, après).
Dans la salle de spectacle, le parterre associe des banquettes de différentes tailles et des chaises regroupées autour de petits guéridons. Il conserve sa partie mobile près de la scène et intègre toujours un vaste bar. « Nous avons proposé des éclairages qui tiennent compte des sources de lumière apportée par les lampes à pampilles et les lustres monumentaux conçus par Alexis Mabille et développés par Ombres & Facettes, poursuit Simon Begué. Les projecteurs les plus puissants sont installés sur le grill technique, tandis qu’au fond de la salle et aux balcons, des luminaires sont encastrés dans les plafonds à 2,50 m de hauteur ».
Pendant les représentations, l’éclairage fonctionnel disparaît, et l’éclairage décoratif est maintenu à un niveau très faible afin de créer de petits points lumineux sans impact négatif sur la scène ni dans la salle. Les nez de marche restent allumés pour assurer une déambulation sécurisée dans les circulations. « Toutes les sources présentent un IRC supérieur à 90, précise Simon Begué. Afin de respecter les teintes très chaudes (bois, rouge et doré) du décor d’Alexis Mabille, nous avons choisi des températures de couleur entre 1 800 K et 2 700 K selon les espaces et les moments. Nous avons séparé le pilotage de l’intensité et des températures de couleur pour conserver, selon les situations, des teintes très chaudes, même avec une intensité plus élevée. En revanche, les luminaires décoratifs varient de 2 200 K à 2 700 K en même temps que l’intensité. Nous avons aussi travaillé sur les volumes du bar en créant des verticalités lumineuses le long des quatre colonnes en bois et staff doré, à l’aide de rubans leds dotés d’optiques elliptiques.
Enfin, dans le foyer qui accueille le public avant le spectacle, on a disposé, sur les miroirs, des appliques murales dessinées par Alexis Mabille ». Tous les systèmes de contrôle (DMX) sont regroupés dans la cabine technique. L’éclairagiste du Lido contrôle à la fois l’éclairage scénique et l’éclairage fonctionnel ainsi que les lustres.