Pour inscrire la gare dans une nouvelle dynamique, les architectes-paysagistes de l’Atelier Ruelle ont repensé l’accès sud. Le parvis est devenu une place arborée qui fait le lien entre la gare et le quartier sud de la ville. « L’Atelier Ruelle nous a sollicités pour le projet d’éclairage, commente Florian Colin, concepteur lumière, Atelier Coup d’éclat. Les voyageurs empruntent cet espace tôt le matin et jusque tard le soir (minuit). En accord avec la maîtrise d’ouvrage et l’Atelier Ruelle, nous avons voulu un accompagnement lumineux sobre, confortable et à la fois ludique et rassurant ». La transformation de la gare a commencé en 2020, avec l’apparition, à 6 m de haut, de la grande mezzanine de verre signée Rudy Ricciotti, qui relie le nord au sud de la ville. Pour le concepteur lumière, la tâche était plus complexe qu’il n’y paraissait : il fallait tenir compte à la fois de l’éclairage de la mezzanine, des flux des voyageurs, des îlots végétaux composés d’espaces détente, des Abribus situés en bordure du parvis, des allées qui conduisent jusqu’au canal Saint-Félix, très arborées et disposant d’assises en pierre tout le long du cheminement.

Des transitions douces

La composition générale du projet s’est développée à différentes échelles : la gare, les passages, les assises, le sol. Pour rester dans l’esprit de l’aménagement doux et ludique, confortable et chaleureux, Coup d’éclat a imaginé une mosaïque nocturne où chaque espace trouve sa place dans une identité lumineuse. « Dans cette configuration, nous devions tenir compte des éclairages intérieurs assez blancs et puissants issus de la mezzanine et des larges baies vitrées du rez-de-chaussée, explique Florian Colin. Pour l’extérieur, la maîtrise d’ouvrage et la ville demandaient des tonalités plutôt chaudes et confortables le long des déambulations piétonnes ». Ainsi, d’un niveau d’éclairement entre 200 lux et 300 lux pour une température de couleur de 4 000 K à l’intérieur de la gare, on passe à environ 10 lux et 2 700 K à peine à l’extérieur. Pour mettre en place une transition visuelle la plus douce possible de la gare vers le parvis, et inversement, des appliques sont intégrées à la façade et en soulignent les vagues et les arches.

« Cette applique est la déclinaison d’un luminaire Comatelec que j’avais dessiné pour un autre projet et que nous avons adapté afin d’éviter d’encombrer le parvis avec des mâts, précise Florian Colin. En partie inférieure de l’applique, l’appareil, en 3 000 K, équipé d’une optique elliptique, fournit un éclairage rasant des piliers qui offre un socle lumineux à la gare, interface entre l’intérieur et l’extérieur ». Cette disposition procure un bandeau lumineux de 20 lux sur toute la longueur du bâtiment. Le projecteur en partie haute présente une température de couleur plus chaude, de 2 700 K, et éclaire jusqu’au milieu du parvis, sur une base d’une dizaine de lux.

Lumière fonctionnelle et mosaïque nocturne

« L’enjeu nocturne, souligne Florian Colin, réside dans l’imbrication de ces lieux et de leurs usages de façon que chacun d’eux reste reconnaissable et pertinent, tout en contribuant à faire émerger une identité globale. C’est tout l’art d’une mosaïque nocturne qui, à travers les matières, reflets, couleurs, ombres et éclats des ensembles qui la composent, donne à voir ses multiples facettes pour attirer, accueillir, orienter, divertir et rassurer dans un même geste ». Par exemple, en périphérie du parvis, les Abribus sont éclairés par des projecteurs installés au sommet de mâts de 10 m de hauteur. Côté gare et sur les mêmes mâts, d’autres projecteurs dessinent une mosaïque chromatique sur toute la surface du parvis, apportant une autre lecture à la place.

«Nous nous sommes inspirés d’un travail réalisé par nos confrères de Concepto à Saclay, commente Florian Colin, en utilisant un verre spécifique et une lentille de Fresnel. Notre composition chromatique se déploie sur le parvis, en vert, rouge et bleu, dans des pastels de plus en plus flous au fur et à mesure que l’on s’approche de la gare. Dans les espaces de repos, les couleurs sont plus marquées et plus chaleureuses ». L’Atelier Ruelle a dessiné des bancs de pierre qui intègrent un rétroéclairage en sous-face des assises, ainsi que des tables de salon, en pierre également, qui invitent les voyageurs à faire une pause sur la place.

Des petits mâts ont été intégrés au centre des tables et sont équipés de lanternes dont le masque métallique rappelle le motif de la résille de la passerelle. Elles s’allument via un module de détection de présence dans une lumière chaude de 2 200 K. C’est un tout autre paysage urbain qui accueille désormais les utilisateurs, comme une transition douce vers le voyage qui peut commencer.