Comment iGuzzini a-t-elle relevé les défis liés à la led ?
La dernière décennie a vécu la progression de la led en termes de qualité, de performances, d’efficacité et de miniaturisation, ce qui a bouleversé notre façon de produire. On a assisté à une accélération exponentielle de sorties de nouveaux produits, due à l’évolution constante des leds, avec deux impacts majeurs : l’adaptation des optiques et celui du design. iGuzzini a montré son agilité à modifier la précision du faisceau comme avec le Laser Blade ou le luminaire Trick, qui diffuse une lumière graphique, exactement là où on le souhaite, un peu comme si on donnait un pinceau à un artiste pour qu’il puisse dessiner avec de la lumière. Mais ces progrès n’ont pas pu se faire sans contrainte. Aujourd’hui, l’éclairage est une industrie 4.0 par nécessité, car le marché n’attend pas. À peine avons-nous le temps d’adapter un luminaire qu’il faut déjà penser à la prochaine version. La fabrication de nos produits est entièrement digitalisée : nos machines-outils sont interconnectées, du développement jusqu’à la production. Dès que nous devons effectuer une modification, l’information part directement aux approvisionnements de composants, au design des optiques, tout se fait de manière automatique et connectée. Cette évolution a aussi eu un impact sur l’environnement et sur notre gestion du personnel, nos collaborateurs deviennent acteurs du changement. Ce mouvement, que nous aimons appeler le World Class Lighting (en référence au World Class Manufacturing) est considéré comme une nouvelle façon de travailler ; la sécurité, l’hygiène et les conditions de travail sont des valeurs inaliénables. En parallèle, on a assisté à un autre phénomène, celui de la commoditisation : plus la led atteint un niveau de maturité, plus elle est banalisée.
Qu’est-ce que la commoditisation ?
Il s’agit du processus par lequel un produit ou un service différencié par un autre attribut que le prix perd cette différenciation. Par exemple, lorsqu’on est passé des portables à touches à des écrans tactiles, les fabricants communiquaient sur la sensibilité au toucher, jusqu’à ce que cet attribut devienne une banalité. C’est ce qui s’est passé avec la led : les fabricants de luminaires sont allés plus loin en développant des systèmes de gestion, en améliorant la performance, en prolongeant la durée de vie, sans compromission sur la qualité des produits, afin d’éviter cet effet de commoditisation. iGuzzini investit ainsi 6 % de son chiffre d’affaires dans l’innovation ; nous avons travaillé avec plus de 120 architectes et designers pour concevoir nos produits, avons reçu les plus prestigieux prix design (plus de 100 produits récompensés), déposé 45 brevets. Toute notre organisation industrielle et commerciale repose sur un savoir-faire, une inventivité et des outils de production sans cesse mis à jour. Il s’agit, pour iGuzzini, d’une implication culturelle et humaine qui donne de la valeur ajoutée à nos solutions. Nous sommes les témoins de la mutation des usages. Les frontières entre les mondes du tertiaire, de l’accueil, du domestique et parfois des boutiques s’atténuent. Cette perméabilité entre ces segments de marché se poursuit ; par exemple, ce qu’on a perdu dans le domaine des magasins depuis le covid, on l’a gagné dans l’hôtellerie, la restauration et le particulier. Cette tendance nous a conduits à exploiter les avancées technologiques pour répondre au mieux à nos besoins, comme avec la digitalisation. iGuzzini place l’humain au centre de ses innovations afin qu’il se sente bien dans toutes les situations, en travaillant, en se relaxant. Pour moi, c’est ça le monde d’aujourd’hui.
Et le monde de demain ? À quoi ressemblera-t-il ?
Il sera différent, pour faire face à l’urgence que nous imposent notre mode de vie actuel et les conséquences sur notre environnement. iGuzzini est acteur dans l’inversion de ce phénomène : moins polluer, moins consommer, utiliser moins de matière, des matériaux recyclés et recyclables, etc. Notre objectif pour 2030 : des solutions 100 % intelligentes avec des produits connectés, pilotables, et la capacité de recueillir des informations sur l’état des luminaires, pouvoir collecter des données et agir en conséquence ; par exemple, savoir combien d’heures le luminaire a fonctionné pour le réutiliser sur un autre projet. L’avenir se construira sur des solutions connectées intuitives comme la technologie Organic Response, issue du groupe Fagerhult. Il faut sortir de notre mode d’ingénierie. L’intelligence artificielle nous aidera à simplifier ces systèmes qui vont collaborer pour prendre des décisions ensemble afin de piloter et de modifier la lumière. Tout cela commence déjà à se mettre en place, accompagné par la notion de service.
Propos recueillis par Isabelle Arnaud