Le détecteur de B.E.G. a presque un demi-siècle, quelle est son histoire ?
Lorsque Friedrich Brück créa les premiers détecteurs, il s’agissait de répondre à la demande de ses clients qui souhaitaient des détecteurs pour assurer la sécurité et le confort à l’extérieur du bâtiment. Cela concernait un marché relativement confidentiel. Puis, dans les années 2000, nous avons proposé un capteur adapté à l’éclairage intérieur, qui réagissait à la présence de personnes mais qui allait plus loin dans la gestion d’éclairage, permettant ainsi de réaliser des économies d’énergie et d’intégrer une intelligence à l’éclairage. Je suis arrivé peu après chez B.E.G. France, en 2006, et Philippe Batlle m’a confié la tâche de créer un pôle prescriptions. Aujourd’hui, 6 prescripteurs couvrent toute la France afin de présenter nos différentes solutions et de préconiser des systèmes de gestion de l’éclairage à l’intérieur des bâtiments pour répondre aux demandes des architectes et des bureaux d’études. À cette époque, nous étions en pleine phase d’innovation de marché : si la gestion de l’éclairage existait techniquement, elle restait néanmoins mal connue des maîtres d’ouvrage et des installateurs. Cela était considéré comme une solution luxueuse et aucune obligation réglementaire n’imposait son installation.
Vous voulez dire que la détection doit son développement aux réglementations ?
La RT2005 ne comportait aucune exigence en matière de gestion de l’éclairage, la RT2012 a effectivement mis en avant la possibilité d’apporter de la gestion à l’intérieur des bâtiments publics et privés. Il y avait une prise de conscience importante à apporter une gestion de l’éclairage à l’intérieur du bâtiment. Au cours de ces dix dernières années, les technologies de l’éclairage ont évolué de façon exponentielle, et B.E.G. n’a cessé de développer de nouveaux détecteurs pour accompagner cette avancée. Par exemple, nous avons conçu des détecteurs qui fonctionnent en version DALI : ils ne se limitent plus à allumer et éteindre la lumière en fonction d’une présence mais ils permettent aussi de faire varier l’intensité selon les apports de lumière naturelle, avec une temporisation à l’extinction qui évite de plonger la pièce dans l’obscurité brutalement. Tout le marché a évolué et est prêt à faire face à la crise énergétique qui nous touche. Le décret tertiaire et le décret BACS imposent désormais une gestion automatique de l’énergie dans les bâtiments non résidentiels. L’objectif est de réduire les consommations énergétiques de 40 % d’ici 2030, de 50 % d’ici 2040 et de 60 % d’ici 2050.
Quelle est votre vision des développements à venir ?
Je pense que la gestion de l’éclairage, et donc les fonctions des détecteurs vont évoluer en offrant aux maîtres d’ouvrage des outils qui réduisent leurs consommations dans le respect de ces textes et en améliorant la qualité des éclairages ; je pense notamment au HCL. Au fil des années, la technologie led a permis d’étendre les systèmes de détection à l’ensemble des applications sans que cela nuise à l’installation d’éclairage. Prenons l’exemple des fluocompactes dont la durée de vie se voyait écourtée par les allumages et extinctions intempestifs des détecteurs alors que ces derniers n’ont aucun impact sur la longévité des luminaires leds, bien au contraire. Idem pour les entrepôts et les plateformes logistiques : la détection était quasiment inutilisable car les lampes à décharge mettaient beaucoup de temps à se rallumer ; aujourd’hui, la plupart de ces bâtiments se sont dotés de détecteurs, permettant de réduire de façon drastique les consommations liées à l’éclairage. L’utilisateur devient de plus en plus sensible aux économies d’énergie, et pour cause ! B.E.G. et l’ensemble des industriels, devront proposer des solutions simples à installer, à manipuler et à programmer. Plus les solutions sont complexes, ou disons intelligentes, et plus elles doivent être faciles d’utilisation. Mais elles ont un coût : un système de détection intelligent va coûter plus cher qu’un simple interrupteur, c’est évident. Il faut donc que les maîtres d’ouvrage se préparent à investir davantage dans ces nouveaux équipements qui permettront à terme d’atteindre ces objectifs. Des GTC et GTB devront être mises en place pour répondre à ces décrets avec des systèmes de supervision, de temps d’occupation, de comptage, et aussi avec cette notion de maintenance du bâtiment (déceler un luminaire défectueux, une ventilation en permanence en fonctionnement). Les dix prochaines années vont accueillir de plus en plus de solutions connectées, avec des systèmes intelligents qui permettront d’anticiper et de réduire les consommations.
Propos recueillis par Isabelle Arnaud