Comment la révolution technologique de l’éclairage a-t-elle impacté Ledvance ?
Elle a fait plus que l’impacter, elle a fait naître la marque. Aujourd’hui, Ledvance, dont le siège est situé à Munich en Allemagne, affiche un chiffre d’affaires monde de 1,4 milliard d’euros, dont environ 600 millions en Europe. Elle a une présence en propre dans une cinquantaine de pays. La chaîne des valeurs du Groupe est très large puisqu’on part du semi-conducteur, de la led pour fabriquer des lampes et des luminaires. La force de Ledvance provient de son implantation et de l’expertise de ses équipes en éclairage : en France, 90 % des équipes Ledvance France possèdent une longue expérience de l’éclairage, et par conséquent une très bonne compréhension du marché. Dans l’Hexagone, Ledvance emploie 550 personnes (dont 400 permanents) et comprend le plus grand centre logistique européen. Elle propose une activité de modification et de customisation des luminaires et dispose de laboratoires capables d’analyser et de certifier les produits.
Quel regard portez-vous sur les 10 dernières années ?
Le premier événement marquant a été, je crois, le bannissement des lampes incandescentes du marché européen, qui a débuté en 2009, le premier domino qui a fait bouger tous les autres. Nous appartenions à ce groupe de quatre grands acteurs de l’éclairage qui détenaient des tickets d’entrée dans tous les domaines d’application ; quelle que soit la technologie de la source, finalement, nous travaillions l’industrie du verre ! Dès le début de la led, on a dû faire face à un grand changement : de 1 ou 2 ans de durée de vie, les produits sont passés à une dizaine d’années, avec des consommations considérablement réduites et la possibilité de piloter l’éclairage, quelle que soit l’installation. La transformation s’est effectuée par vagues successives de bannissements technologiques, tandis que les lampes leds s’amélioraient et promettaient un éclairage meilleur. Les acteurs ont changé de main, le bouleversement a été énorme. La lampe led n’a été qu’un intermédiaire vers la fabrication de luminaires. Ledvance, startup centenaire, a préservé ses équipes et su adapter leurs compétences techniques et humaines pour offrir des produits leds fiables et performants et développer tout le potentiel supplémentaire de la led, notamment aux systèmes de gestion, indispensable aujourd’hui pour proposer un éclairage plus juste adapté aux besoins de chaque application. Les utilisateurs souhaitent pouvoir contrôler et maîtriser les éclairages tant en ce qui concerne les consommations que le confort. Le Human Centric Lighting, par exemple, participe de cette évolution, avec la possibilité de reproduire le cycle de la lumière naturelle en termes d’intensité et de températures de couleur, d’indice de rendu des couleurs dans la même temporalité en lançant juste un programme ! Il est même possible de modifier les scénarios prédéfinis pour les régler selon ses préférences !
L’éclairage de demain ressemblera à quoi, selon vous ?
Au-delà de la numérisation et de l’intégration de l’éclairage dans des écosystèmes plus larges, je vois trois grandes tendances qui se dégagent. La première est liée au fait que l’éclairage se rapproche de l’humain avec notamment les solutions HCL. La deuxième tendance concerne la RSE et le développement durable. Ledvance a mis en place un certain nombre de profils environnementaux de ses produits et qui donnent des résultats très intéressants. D’ici le mois d’avril, près de 375 produits seront publiés sur le site officiel Pep Ecopassport. J’aime bien poser cette devinette : sur un luminaire, quelle est la part de la fabrication de la supply chain et la part de l’utilisation du produit dans l’impact environnemental du produit ? Pour un panel led, l’utilisation compte pour 96 %, ce qui ne laisse finalement que 4 % pour la fabrication et le transport. On voit bien là le rôle primordial que la gestion peut jouer. Ledvance travaille aussi sur la réparabilité des produits. Nous lançons une gamme, Everloop, qui comprend une source lumineuse séparable, et une série de lampes, Natureloop, constituée de 40 % de matériaux recyclés. Enfin, le troisième axe concerne l’extension de notre périmètre via une nouvelle branche, « Renewable Energy », qui comprend des panneaux, onduleurs et batteries photovoltaïques. Ces tendances de fond vont fortement se développer dans les 10 ans à venir. Toutes ces tendances se croisent et créent des nouveaux concepts intéressants et complexes. L’intelligence artificielle va nous aider à dessiner des scénarios plus simples, efficaces, faciles à mettre en place et à utiliser.
Propos recueillis par Isabelle Arnaud