Sobriété, décarbonation et souveraineté énergétique : notre ambition nationale est claire ! Et elle se traduit, pour les bâtiments tertiaires, par le dispositif écoénergie tertiaire et un décret BACS, qui donnent le « la » en fixant respectivement des objectifs et des moyens, dans un calendrier ambitieux.
Du point de vue des propriétaires et gestionnaires de bâtiments, si le cadre est posé et fait désormais de l’énergie un sujet de premier plan, son application concrète sur le terrain représente un défi majeur ! Les solutions technologiques à mettre en œuvre sont aujourd’hui disponibles et éprouvées, mais piloter efficacement et dans la durée l’énergie de son bâtiment nécessite également de mobiliser d’autres ressources : de nouvelles organisations (responsable énergie, coordination des parties concernées dans le bâtiment, implication des occupants, suivi de la démarche dans la durée), de nouvelles pratiques (le plan de mesurage des consommations d’énergie, le (re)commissionnement des systèmes, etc.) ou de nouveaux liens contractuels (entre propriétaires, locataires, exploitants, Facility Management…). Cela explique sans doute pourquoi la dynamique actuelle du déploiement des BACS est bien loin d’être suffisante pour atteindre 100 % des bâtiments conformes en 2027, contre seulement 6 % en 2022.
Quels pourraient être les déclencheurs du passage à l’action ?
C’est la question que s’est posée la mission prospective de la CRE courant 2023, réunissant tous les acteurs concernés au sein d’une Mission Flash de 6 mois. Une grande première : la croisée des regards entre opérateurs de réseau (RTE, Enedis), professionnels du pilotage énergétique (représentés par le Gimelec, le Serce, la FFIE, la SBA), propriétaires et exploitants des bâtiments publics et privés (parmi lesquels des membres de l’AICN, la FNCCR, etc.), qui a mis en lumière la double vertu des BACS à l’échelle nationale. Levier privilégié de sobriété, car il permet de consommer l’énergie juste nécessaire à l’activité réelle du bâtiment, le BACS est aussi un contributeur à l’équilibre offre/demande du réseau électrique. Il donne au bâtiment un potentiel de flexibilité énergétique, c’est-à-dire la capacité de décaler et/ou moduler sa consommation d’énergie dans la journée, quand l’électricité est abondante, décarbonée et moins chère. Il permet au bâtiment de « servir » ainsi le réseau, en participant au lissage des pointes de la courbe de charge. Deux objectifs nationaux, une même réponse technologique : voici une coïncidence porteuse.
De la coïncidence au déclencheur économique…
Cette coïncidence est d’autant plus déterminante que la Mission Flash souligne dans ses recommandations l’enjeu de la valorisation économique de ce service de flexibilité, tant attendu par le gestionnaire de réseau. Incitation tarifaire, avec des heures creuses/heures pleines réellement avantageuses prévues par l’abonnement ou encore rémunération de l’effacement dans le cadre d’un contrat de service ponctuel devraient susciter certaines motivations.
Dans un contexte de coût croissant de l’énergie, doter son bâtiment d’un système de pilotage trouve tout son sens économique et se pose comme une évidence, concomitante avec l’exigence réglementaire.
Le Gimelec se réjouit de voir la consultation actuelle de la CRE pour le TURPE 7 intégrer une incitation tarifaire à la flexibilité dite « régulière », avec l’évolution des plages temporelles des heures pleines/heures creuses, qui profitent du développement du photovoltaïque pour favoriser par exemple la recharge des véhicules électriques, ou les autres usages électriques en milieu de journée, pendant des heures creuses « solaires » d’avril à octobre.
Le deux-en-un gagnant : un BACS mention Flex
L’alignement des trajectoires sobriété, décarbonation et valorisation immobilière doit aujourd’hui éclairer et rassurer les propriétaires et gestionnaires de bâtiments.
Les entreprises du Gimelec travaillent collectivement sur un cahier des charges types du BACS réglementaire, avec son option « Flex-ready », afin de guider les décideurs dans leurs démarches respectives et les aider à en tirer un maximum de valeur ajoutée.
Par Delphine Eyraud, déléguée Bâtiments, Gimelec
Retrouvez la tribune à la page 24 (J3e février 2024) :