L’association Elles bougent a pour objectif de susciter des vocations chez des jeunes femmes, par l’identification, l’organisation d’événements et des partenariats avec des entreprises et des établissements d’enseignement. L’association est très engagée pour la mixité des métiers scientifiques et techniques, qui comptent en France 30 % de femmes. Élue présidente de l’association Elles bougent en juin 2023, Valérie Brusseau, directrice R&D chez Valéo, participe en tant que marraine à l’association depuis sa création en 2005. Elle nous détaille les actions de l’association pour stimuler la féminisation des métiers scientifiques et techniques.
Pouvez-vous nous présenter l’association Elles bougent ?
Valérie Brusseau – Elles bougent a été fondée en 2005, partant du constat qu’il y avait trop peu de femmes parmi les ingénieurs et techniciens dans l’industrie. L’association est parrainée par six ministères et compte 24 délégations régionales, 334 partenaires, parmi lesquels des grands groupes du CAC 40, des établissements d’enseignement supérieur et 1 600 collèges et lycées. Nous essaimons également à l’étranger, avec deux délégations à l’international. L’association compte 12 000 marraines et relais en entreprises. En 2023, nous avons réalisé plus de 700 actions de promotion, notamment un salon du recrutement et un Challenge, et nous avons touché plus de 40 000 élèves.
Quelles sont vos actions pour accélérer la féminisation des métiers de l’ingénierie et du bâtiment ?
V. B. – L’association repose sur l’identification des jeunes filles à des « Role Models » et à leur accompagnement par des marraines et relais. Nous organisons tous les ans un salon de recrutement, le Forum Réseaux et Carrières. Nous organisons également un nouvel événement le 4 avril prochain, Elles Bougent pour demain, sur l’industrie du futur : la décarbonation, les matériaux nouveaux et l’intelligence artificielle. Nous réalisons par ailleurs un Challenge InnovaTech au sein de 21 de nos délégations régionales, où des lycéennes et étudiantes se glissent dans la peau d’une ingénieure durant une journée. La finale a lieu au ministère de l’Économie à Bercy. Nous participons également à des salons et nous réalisons des interventions locales et des visites d’entreprises pour les jeunes filles. Nous organisons des événements sectoriels comme la Smart City Week, un événement autour de la construction qui a, en 2023, mobilisé 40 partenaires, 1 700 filles, 200 marraines et relais avec 70 trajets financés.
Quelle est votre vision sur la féminisation des métiers scientifiques et techniques ?
V. B. – En premier lieu, nous devons travailler avec l’Éducation nationale pour redonner leur place aux mathématiques. La réforme du bac, entrée en vigueur en 2019, a supprimé les mathématiques des troncs communs en seconde et en première. Cette loi a été très pénalisante, nous ramenant aux niveaux de 2002 sur le nombre de jeunes filles en filières scientifiques. Ensuite, nous devons continuer à déconstruire les stéréotypes dès le plus jeune âge, c’est-à-dire dès l’école primaire, pour faire comprendre aux filles qu’elles peuvent aller vers des métiers scientifiques et techniques. Nous travaillons également avec nos partenaires sur les aspects liés à la parentalité et aux temps de vie personnels et professionnels, pour lesquels un nouvel équilibre est nécessaire. Nous encourageons aussi les entreprises à mettre en œuvre des politiques de mixité et de développement des talents. Aujourd’hui, l’industrie est en pleine mutation, avec une réorganisation et une évolution des métiers. Nous souhaitons que des secteurs clés, comme l’intelligence artificielle ou la décarbonation attirent de jeunes femmes. Mais cela passe par de l’accompagnement à tous les niveaux. Nous sommes fer de lance sur tous ces sujets et avons à cœur d’accompagner ces changements.
Propos recueillis par Alexandre Arène