Le 20 septembre 1945, l’orfèvre et graveur sur acier allemand Heinrich Gantenbrink réalise la première couronne en fer forgé destinée à trois lampes. L’immense succès remporté par la pièce a valu la fabrication de dix autres, suivie par une commande de plus de 100 luminaires. Heinrich Gantenbrink va rapidement s’entourer de cinq collaborateurs pour fabriquer 20 modèles de luminaires en petites séries. L’entreprise passe rapidement à 50 employés. Bega est née. La filiale française est dirigée aujourd’hui par Jonathan Toulliou, qui nous présente l’évolution de la marque et les développements à venir.
Bega est une société familiale à rayonnement international, pouvez-vous nous résumer ses presque 80 ans d’existence ?
Jonathan Toulliou – Dès les années 1950, soit cinq ans après sa création, Bega bénéficie de la reprise économique et connaît de nouveaux développements : des luminaires spéciaux pour les brasseries et des luminaires en fonte de bronze dotés de verre opale soufflé à la bouche sont fabriqués. La collection de luminaires extérieurs reçoit la « médaille d’or » lors du salon international du Luxembourg en 1952. Dans les années 1960, de nouvelles solutions sont créées pour répondre aux exigences contemporaines en matière d’architecture et de conception environnementale.
Puis, en 1970, apparaissent la première balise avec optique à miroir, les luminaires encastrés dans le sol ainsi que les plafonniers à indice de protection élevé. En février 1973, Bega acquiert la verrerie Boom en Belgique. En 1980, l’entreprise possède une surface de 51 000 m², elle compte désormais 500 employés et ouvre une usine à Santa Barbara, Californie (États-Unis). Bega reçoit plusieurs prix, notamment en 1989, le prix d’État décerné pour récompenser la performance globale d’une entreprise en ce qui concerne la qualité formelle du produit, la présentation et la publicité. En 1994, la République fédérale d’Allemagne lui décerne le « prix fédéral de design de produits » pour les luminaires tête de mât 8821, 8822 et 8823. En 1997, lors du salon industriel de Hanovre, Bega reçoit la distinction « Top Ten ». Notre site de production de Menden, où se trouve également notre siège, compte parmi les usines de luminaires les plus modernes du paysage industriel de la Westphalie. Aujourd’hui, nous sommes présents dans une centaine de pays avec, outre l’usine de Menden, quatre sites de production dans le monde : un à Limburg an der Lahn en Allemagne, un à Puurs en Belgique, deux aux États-Unis dont un à Santa Barbara et un autre qui combine depuis cette année la fabrication d’Aubrilam et de Bega à Denver. Toujours dirigée par la famille Gantenbrink (3e génération), Bega représente aujourd’hui environ 1 700 employés dans le monde.
Comment la filiale française est-elle organisée ?
Jonathan Toulliou – Bega France est la première filiale du groupe à avoir été créée, il y a presque quarante ans. Basée à Vincennes, elle est exclusivement dédiée à la prescription et compte 12 personnes, dont trois en back office, une au bureau d’étude technique et 8 (bientôt 9) commerciaux itinérants. Bega couvre quasiment tous les spectres d’activités en éclairage intérieur et extérieur : des luminaires décoratifs pour les restaurants, les hôtels, les commerces, en passant par des appareils dédiés à l’éclairage tertiaire, jusqu’à nos collections extérieurs dédiées au balisage, à l’éclairage des parcs et des jardins, et des espaces publics. Bega bénéficie d’une grande notoriété en France, notamment en éclairage extérieur architectural ; nous travaillons essentiellement avec les prescripteurs, architectes, paysagistes, concepteurs lumière et maîtrise d’ouvrage. Nos produits haut de gamme se prêtent bien à ce marché, avec un accompagnement de chaque instant de nos clients sur leurs projets pour les aider à concevoir et éclairer juste.
Quels ont été les développements marquants de Bega ces dernières années ?
Jonathan Toulliou – Nous avons concentré nos derniers développements autour de systèmes optiques innovants, toujours plus confortables : l’optique « ultra dark » qui, grâce notamment à son nano revêtement, permet une absorption à 98 % des réflexions et évite l’éblouissement ; l’optique Hybrid offre, quant à elle, un contrôle total de l’éclairage, aussi bien dans les luminaires extérieurs qu’intérieurs. La différence principale avec les méthodes d’orientation d’éclairage traditionnelles à lentille : une brillante répartition de lumière réfléchie par les réflecteurs et un éclairage orienté par les lentilles en silicone. Les efficacités respectives de la réfraction et de la réflexion de la lumière permettent de maîtriser à la fois la mise en scène architecturale et l’éclairage des espaces. Bega a également conçu la technologie BugSaver pour un éclairage efficace aussi bien en milieu urbain que dans un environnement rural, qui procure un sentiment de sécurité aux personnes tout en protégeant les animaux nocturnes. La flexibilité de la température de couleur, qui peut passer de 3 000 K à une teinte Ambre (1 800 K), et du flux lumineux (abaissement de l’intensité) permet de réduire les perturbations sur la faune et la flore sans compromis pour la sécurité des usagers. Nous avons par ailleurs étendu nos solutions dédiées à l’éclairage intérieur avec la gamme Studio Line, des luminaires architecturaux plus contemporains, qui complète nos gammes historiques de luminaires en verre soufflé à la bouche. Outre ces développements produits, Bega a toujours investi dans des sites production et des showrooms qui traduisent son savoir-faire et la diversité de ses solutions.
Vous voulez parler du site de Menden ?
Jonathan Toulliou – Pas seulement. Le site de Menden, qui fournit le monde entier, abrite, outre l’usine à proprement parler, un nouveau bâtiment de 7 000 m² qui permet d’exposer toutes les références de nos marques, y compris Aubrilam. Pour rappel, Bega a racheté l’entreprise française en 2021, après de longues années de partenariat entre le fabricant allemand de luminaires et l’entreprise auvergnate qui fabrique (à Brioude, Haute-Loire) des mâts bois d’éclairage public depuis plus de quarante ans. Le rachat d’Aubrilam par Bega représentait une étape logique : la philosophie des deux entreprises, pour lesquelles une qualité d’exception et la longévité des produits sont une priorité, constituait la pierre angulaire de ce partenariat. Je pense que c’est une chance de travailler sur tous ces sujets et cela a permis de porter notre réflexion sur la durabilité dans tous les sens du terme : utilisation de matériaux recyclés et recyclables, longévité de nos produits, possibilité de remplacer les pièces détachées sur une durée de vingt ans. Notre objectif : fabriquer le plus d’éléments possible, de nos propres PCB leds, jusqu’à nos cartons ! Cette capacité de production autonome nous donne une flexibilité, une souplesse et surtout une facilité d’adaptation avec des délais de fabrication très courts. L’éclairage change, l’approche conceptuelle de mise en lumière des espaces urbains évolue, notre appréciation du confort au poste de travail s’est modifiée. Bega se concentre sur ces nouveaux enjeux avec des perspectives de développement qui s’appuient sur ses capacités d’innovation, la durabilité et le design intemporel de ses produits.
Propos recueillis par Isabelle Arnaud