Parmi les fournisseurs majeurs d’automatismes pour la gestion du bâtiment, Wago propose des équipements et interfaces ouverts pour répondre aux objectifs du décret BACS. Pascal Tigreat revient sur les cibles du décret et présente les nouveautés du groupe pour se mettre en conformité.
Comment accueillez-vous la mise à jour du décret BACS, qui concerne aujourd’hui les bâtiments dotés de systèmes techniques d’une puissance totale de 70 kW ?
Pascal Tigreat – Ce texte élargit la taille du marché, ce qui est positif. En revanche, la question de la conformité à moyen terme de tous ces petits bâtiments se pose. Le décret tertiaire vise les bâtiments de 1 000 m², au travers d’une déclaration des consommations et leur réduction au fil du temps. La première version du décret BACS a été ajoutée pour atteindre ces objectifs. Avec la mise à jour à 70 kW, contre 290 kW dans la version précédente, cela permet de soumettre aux obligations les bâtiments de moins de 1 000 m². Ces surfaces ne sont pas les plus énergivores, mais elles sont nombreuses. À l’échelle, elles représentent un important gisement de performance. En revanche, les investissements à réaliser pour les résultats recherchés sont un sujet assez complexe. D’autant que le montant des aides n’est pas encore en adéquation avec les investissements à réaliser. Il faut donc travailler sur l’existant et inciter les fabricants à développer des systèmes adaptés à des installations de 70 kW. Ces systèmes doivent être simples à installer, à prendre en main et à maintenir dans le temps.
Comment le marché s’organise-t-il pour répondre à l’ensemble des demandes et proposer des solutions techniques adaptées aux caractéristiques de chaque bâtiment ?
P. T. – Les systèmes de pilotage pour des installations de 70kW seront le plus souvent intégrés aux équipements. Dans le cas d’une installation multi-systèmes, une plateforme de pilotage ouverte est incontournable. Il n’existe pas de solution idéale et les installateurs devront certainement faire appel à des sociétés tierces, qui maîtrisent l’IP, le cloud et la cybersécurité. Cela représente un surcoût évident et ma plus grande crainte est que ces sociétés proposent des solutions inadaptées et peu pérennes car mono constructeur. Il faut donc soit des solutions simples sans besoin de compétences expertes, soit former massivement les installateurs à des solutions plus complexes.
Les économies d’énergie sont aujourd’hui le cheval de bataille du gouvernement, à travers l’acte 2 de son plan de sobriété énergétique. Quels sont les enjeux dans le bâtiment ?
P. T. – En France, le segment tertiaire représente environ 15% des consommations en énergie primaire. Il s’agit donc d’un des gains potentiels le plus important et le plus aisé à atteindre. Les consommations dans l’industrie sont plus difficilement compressibles, contrairement aux bâtiments tertiaires et résidentiels, qui ont des consommations non-essentielles et modulables au fil de la journée. Il faut donc des équipements plus performants, mieux utilisés et mieux régulés.
Pouvez-vous présenter vos nouveautés produits visant à réduire les consommations d’énergie au sein des bâtiments ?
P. T. – Le Compact Controller 100 est le couteau suisse du bâtiment. Nous l’avons démocratisé, en permettant à un public non averti de s’en servir. Wago est spécialiste des interfaces et nous sommes donc à même de proposer des solutions ultra-simples pour piloter des systèmes ultra-complexes, notamment pour des installations multi-constructeurs/multi-plateformes de services. Ensuite, nous proposons un ensemble de systèmes d’acquisition d’informations, notamment des compteurs MID et des capteurs de température qui fonctionnent avec des technologies radio. Si l’on veut identifier et comprendre les dérives d’une installation, il faut mesurer, mais aussi être capable de réagir. Enfin, nous proposons un ensemble de capteurs non intrusifs à intégrer dans les compteurs électriques, pour affiner les mesures. Il est essentiel de privilégier des solutions interopérables et de veiller à la sécurité et à l’anonymat des données.
Propos recueillis par Alexandre Arène