X

Stéphanie Obadia, directrice de Construction21: « C’est en mêlant les compétences et les connaissances que l’on obtient les meilleurs résultats. »

©Construction21

Pouvez-vous présenter Construction21 ?
Stéphanie Obadia – Construction21, c’est à la fois un média et un réseau de rencontre et d’échange. Un média, car l’origine de Construction21 est de montrer des solutions duplicables, efficientes, écologiques et bas carbone qui peuvent faire changer les habitudes et la façon de construire. Le but est d’inspirer et d’impulser des solutions nouvelles, ce qui passe par l’information. Nous disposons, sur notre base, de plus de 1 700 études de cas, qui sont autant de solutions intéressantes et duplicables par tous les acteurs du bâtiment et de la ville. Par ailleurs, via notre plateforme, nous diffusons l’information de nos adhérents, qui sont au nombre de 160 actuellement. Nous avons également quatre journalistes en interne, qui interagissent avec l’actualité et informent les différents acteurs sur les solutions et les avancées autour de la transition énergétique et environnementale. Nous sommes aussi en relation avec les ministères et les pouvoirs publics, au cœur des enjeux. Notre action se décline au niveau national, mais aussi à l’international, au travers de 8 plateformes, au Maroc, en Algérie, en Chine, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Belgique, au Luxembourg. Nous disposons en plus d’un fil d’actualités international pour les pays qui n’ont pas de plateforme.

Construction21, c’est également un réseau d’information et de rencontre. Nos 160 adhérents sont des acteurs de la ville durable, répartis en 10 collèges comprenant des architectes, ingénieurs et bureaux d’études, promoteurs, collectivités territoriales, industriels, constructeurs, instituts de recherche et universités, entités gouvernementales, les organismes en faveur de la construction durable, négoce et distribution… Nous rassemblons tous les acteurs de la construction et de la ville durable. L’objectif est de créer des synergies et faire se rencontrer ces différents acteurs pour trouver ensemble des solutions performantes.

Quelles sont vos actions pour diffuser les bonnes pratiques pour un bâtiment plus sobre et plus décarboné ?
S. O. – Nous avons refait notre site internet, avec l’objectif d’apporter plus de clarté sur nos actions. Le site est composé de deux parties principales qui suivent nos deux activités, à savoir l’information et le réseau. Concernant le réseau, nous mettons en avant les services à nos adhérents, au travers d’offres sur les salons et de moments d’échange pour aborder nos sujets phares liés à la transition. La partie média intègre quant à elle des actus, à la fois des brèves et des informations autour de la construction et de la ville durable, des solutions nouvelles, des tribunes… Nous publions également six dossiers par an, avec un planning rédactionnel établi en amont. Pour ces dossiers, nous faisons appel à notre réseau, avec un mode de travail collaboratif. Pour chaque dossier, deux rédacteurs en chef sont nommés. L’objectif est d’apporter une vue d’ensemble du sujet et tous nos collèges y participent. Nous publions ce que nous appelons des mini-dossiers, en fonction de l’actualité, au travers d’appels à contribution de nos adhérents. Nous diffusons aussi des études de cas, à la fois nationales et internationales, sous modération. Nous en recensons plus de 1 700, consultables au travers d’un moteur de recherche thématisé. Aussi, Construction21 est très actif, puisque nous organisons des événements (conférences, débats, webinaires, forums…), ainsi que de nombreux concours autour de l’économie circulaire, la rénovation des copropriétés…

Equipe Construction21 lors de son 1er cocktail adhérent à l’Arena. ©Construction21

Pouvez-vous nous présenter les ramifications européennes et internationales de Construction21 et leur objectif ?
S. O. – L’ADN de Construction21 est de réunir un collectif national et international de solutions bas carbone et autour de la transition énergétique, environnementale et du développement durable. C’était un projet européen monté à l’origine avec six pays. Les plateformes de ces pays sont gérées par des chapitres indépendants, membres d’une association sur la transition énergétique et environnementale dans leur pays ou d’une université. Et tout comme la plateforme France, des informations sont diffusées sur la plateforme Construction21 sous modération. Ces plateformes internationales sont principalement utilisées pour les études de cas, très prisées par les différents acteurs pour mettre en avant leurs solutions intéressantes. Ces études de cas peuvent être sélectionnées pour les Green Solutions Awards, notre prix national et international. On y retrouve également des articles publiés. Nous disposons d’un fil d’actualités international, avec des contributeurs qui rédigent des contenus sous modération, qu’il s’agisse d’actualités, de réalisations, d’opinions… Tous les jours, des articles sont publiés partout dans le monde. Nous souhaitons dynamiser encore plus l’international dans les mois à venir.

Construction21 a fêté l’année dernière ses 10 ans. Pouvez-vous revenir sur les origines du projet ?
S. O. – Construction21 a été créé il y a 11 ans, faisant suite à l’Agenda 21 qui visait à lutter contre le réchauffement climatique, en prenant en compte la biodiversité, les ressources naturelles et la cohésion sociale. Christian Brodhag, qui est encore président de Construction21 à l’international, et l’Ifpeb (Institut français pour la performance du bâtiment) ont souhaité créer une plateforme d’échange, d’information et de collaboration nationale et internationale pour diffuser les concepts, les outils, les retours d’expérience… L’objectif était de mettre en place une intelligence collective au service de tous, notamment des politiques et des acteurs de la filière.

Quel est votre ressenti sur le volontarisme des entreprises françaises du bâtiment pour tendre vers des modes de construction et d’exploitation plus vertueux ?
S. O. – Il y a dix ans, la prise en compte de ces enjeux était assez faible et s’est accélérée depuis cinq ans. C’est vraiment depuis la crise sanitaire que ces sujets occupent le devant de la scène. La réglementation, notamment la RE2020, a fait basculer les modes constructifs. Auparavant, il y avait beaucoup d’initiatives individuelles disparates et propres à chaque entreprise. La nouvelle réglementation a changé la donne et pousse les acteurs du bâtiment à innover et à modifier leurs habitudes en matière de conception et de construction. Certains acteurs sont évidemment plus volontaires que d’autres, mais aujourd’hui, la plupart se sont engagés sur ces enjeux et proposent des initiatives intéressantes. Au-delà des obligations, ils sont plus sensibles à titre personnel à ces sujets, ce qui se ressent dans les faits. Les entreprises prennent des risques et cherchent des solutions, en décarbonant leurs outils de production, en créant de nouveaux modes de construction, en adoptant de nouvelles méthodes et en développant de nouveaux matériaux. La mixité des matériaux est d’ailleurs de plus en plus plébiscitée. Avec en prime plus de collaboration entre les acteurs. C’est en mêlant les compétences et les connaissances que l’on obtient les meilleurs résultats.

Cérémonie France des Green Solutions Awards. ©Construction21

Vous organisez chaque année les Green Solutions Awards qui visent à sélectionner et mettre en lumière les projets les plus ambitieux. Comment sélectionnez-vous les projets ?
S. O. – Nous diffusons des appels à candidatures. Pour cela, les participants doivent répondre à un questionnaire très poussé, qui nous permet de comprendre l’essence de chaque projet. Lorsqu’ils créent une étude de cas, les informations doivent être vérifiées, que ce soit pour les projets nationaux ou internationaux. La question du choix du vainqueur par catégorie est complexe, car nous comparons des projets qui sont parfois très différents. La question centrale est de bien savoir ce que nous souhaitons récompenser : devons-nous privilégier une petite solution duplicable ou un projet d’exception ? Ce choix appartient à nos différents jurés. Cette année, nous avions un jury composé de 60 membres, venus de tous nos collèges, mais aussi de l’extérieur, pour une plus grande représentativité. Par l’échange, les jurés font évoluer leurs points de vue et font un choix collectif qui leur semble pertinent. Nous avons remis cette année 29 prix pour la France, un panel large qui permet de soulever de nombreuses problématiques et offre une vision d’ensemble. Concernant le concours international, nous rassemblons un jury international évidemment, et les lauréats français y participent. Ces prix sont remis chaque année en marge de la Conférence des Parties (COP).

Constatez-vous un engouement particulier autour du concours ces dernières années ou derniers mois ?
S. O. – Cette année, nous avons reçu 220 candidatures, contre 192 pour l’édition précédente. L’engouement est en effet notable, notamment en France, pionnière sur les sujets du développement durable dans le bâtiment. Elle s’est d’ailleurs démarquée des autres pays européens par des dispositifs réglementaires, notamment la RE2020, les décrets tertiaire et BACS, la réglementation sur les déchets… L’engouement du concours est révélateur et la filière bâtiment a bien compris qu’il n’est plus possible de construire comme avant. Nous sommes dans un changement de paradigme total, et de plus en plus de projets exemplaires émergent.

Pouvez-vous citer les projets les plus remarquables de la dernière édition ?
S. O. – Tous les projets récompensés sont remarquables : matériaux nouveaux ou employés différemment, low-tech, gestion de l’eau, zéro artificialisation des sols, biodiversité, collaboration… Les aspects sont très nombreux. Mais je peux tout de même citer quelques réalisations qui ont fait l’unanimité au sein de nos jurys. La Maison circulaire, issue de la démarche d’un particulier et d’un architecte pour favoriser le réemploi dans la construction d’une maison individuelle. La cour Oasis a consisté en la création d’un îlot de fraîcheur dans la cour d’une école, en impliquant les élèves, en utilisant des écomatériaux et le réemploi, le tout en lien avec la nature. Une autre réalisation plébiscitée était la transformation d’un parking, qui devait être détruit, en logements. La réhabilitation d’un quartier en écocampus par EnergieSprong a aussi retenu l’attention, tout comme une réalisation de la catégorie « Climat chaud », avec la construction du collège Roquefeuil, qui utilise la ventilation naturelle et a été conçu pour résister aux cyclones. Enfin, l’usage du BIM et du numérique pour le Centre de formation des Compagnons du Devoir, avec un travail autour des ponts thermiques.

Vous êtes partie prenante de projets à l’image de Sustainable Bio & Waste Resources for Construction (SB&WRC) ou D2Grids. Quel est votre rôle ?
S. O. – Nous répondons à des appels d’offres pour des projets européens. Le projet SB&WRC, qui a pris fin, consistait à créer des matériaux de construction issus de l’agriculture ou de déchets. Le projet D2Grids vise à mettre au point des réseaux de chaleur et de froid dernière génération. Nous avons présenté les retours d’expérience lors d’une restitution rassemblant sept autres délégations européennes. D’ailleurs, parmi ceux-ci, des mines désaffectées ont été utilisées pour créer des réseaux de chaleur et de froid décarbonés. Outre l’aspect écologique du programme, ces derniers ont permis de sortir d’anciens quartiers du mal-être social, grâce à la diffusion d’une énergie bas carbone et bon marché. Nous continuons à candidater sur d’autres projets européens, ce qui nous permet également de rester informés sur ce qui se fait chez nos voisins.

« Pour que la sobriété fonctionne, elle doit être synonyme de bien-être. »

Les pouvoirs publics encouragent la sobriété et font de la décarbonation du bâtiment un objectif fort. Quel est selon vous l’impact du bâtiment dans une stratégie globale de transition énergétique et de réduction des émissions de CO2 ?
S. O. – Les efforts à fournir sur le bâtiment sont très importants. La réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les bâtiments, notamment par la rénovation des passoires thermiques, constitue un vivier immense, et l’État a d’ailleurs interdit la location des logements ayant une forte consommation d’énergie (étiquette G depuis le 1er janvier 2023, puis F en 2025, E en 2028 et D en 2034). La rénovation du parc existant est un élément fort, car il représente l’immense majorité des bâtiments. Concernant le neuf, il faut penser différemment le bâtiment et les modes constructifs. Nous ne pouvons pas ne plus construire. Nous aurons toujours besoin de nouvelles infrastructures, de nouveaux bâtiments. Il faut juste le penser différemment, privilégier les friches, penser végétalisation, confort d’été, sobriété énergétique… Il faut également produire différemment et utiliser des matériaux biosourcés ou plus décarbonés. D’autres axes sont à l’étude, à l’image du réemploi ou du recyclage. Certes, les obligations réglementaires et les économies sont parfois des moteurs dans les choix. Lorsque l’énergie est chère, comme c’est le cas aujourd’hui, les sujets de performance énergétique avancent bien plus rapidement et les consommations diminuent. Cependant, pour que la sobriété fonctionne, elle doit être synonyme de bien-être et de choix.

Quelle est votre appréciation de l’état du parc français et de sa capacité à améliorer sa performance ?
S. O. – Il y a aujourd’hui une obligation forte à rénover le parc immobilier, impulsée par des décrets. De nombreux outils sont mis en place, notamment des outils numériques, sorte de banques d’information sur le parc immobilier existant, ce qui permet d’évaluer par exemple quelles typologies de bâtiments prioriser dans la rénovation. L’objectif est de rénover à court ou moyen terme les bâtiments ayant des étiquettes énergétiques F ou G. Ces dernières années, les politiques de rénovation mises en place visaient à saupoudrer des financements. Aujourd’hui, la rénovation globale est privilégiée à la rénovation par geste. Il est essentiel de mettre en place un plan stratégique pour savoir comment attaquer efficacement ces sujets. L’énergie est de plus en plus chère et la réduction des consommations n’est plus une option. Il existe aujourd’hui des solutions de tiers financement des travaux de rénovation, notamment lors de la vente d’un bien immobilier. De nombreuses actions se développent. Pour les bâtiments à caractère patrimonial, la question est un peu différente, car il n’est pas question de tout détruire ou pas toujours facile d’atteindre une performance semblable à un bâtiment lambda. Chaque projet doit être traité au cas par cas et c’est là toute la complexité de l’exercice.

Vous avez coorganisé avec le Gimelec un événement portant sur la mise à jour du décret BACS (Building Automation and Control Systems).. Quels sont les objectifs de cette réglementation et les points clés pour se mettre en conformité ?
S. O. – L’objectif est d’abord de définir les usages d’une GTB en vue d’améliorer la performance énergétique des bâtiments tertiaires. C’est une obligation d’installation de GTB et de contrôle continu et automatisé des équipements de CVC. La première version du décret date de juillet 2020 et visait les bâtiments dont la puissance des systèmes techniques de chauffage, ventilation et climatisation (CVC) était supérieure ou égale à 290 kW. Les pouvoirs publics ont étendu l’obligation aux plus petits bâtiments, dont la puissance des systèmes CVC est supérieure ou égale à 70 kW. La conformité au décret BACS implique la mise en place d’une GTB, inexistante dans la plupart des bâtiments ciblés par la réglementation. Même si les GTB ont connu des ratés par le passé en ne prenant pas suffisamment en compte les usages, ou par leur aspect trop high-tech, la donne a changé. Cette journée a permis de comprendre quel niveau technique est nécessaire et les aspects à intégrer pour une installation réussie. Nous avons donné des clés pour y parvenir et ouvert le champ des possibles avec les perspectives offertes par un déploiement à grande échelle, notamment pour l’arrivée de nouveaux usages au sein des bâtiments, comme l’intégration de bornes de recharge de véhicules électriques, d’installations photovoltaïques, ou le suivi de la qualité de l’air et du confort des occupants.

Comment les professionnels du bâtiment accueillent-ils ces obligations, selon vous ?
S. O. – Les propriétaires et gestionnaires de bâtiments n’accueillent pas toujours très bien cette réglementation, mais ils n’ont maintenant plus le choix. Lors de notre journée d’information, nous avons souligné l’intérêt des GTB, par exemple pour réduire les consommations énergétiques et donc la facture, et faire émerger des bâtiments en conformité avec les usages futurs. Il s’agit donc d’une contrainte forte, mais aussi d’une opportunité à plusieurs niveaux.

Vous l’avez rappelé, le décret BACS impose la mise en œuvre de systèmes de régulation et de gestion technique pour les bâtiments dont la puissance des équipements de chauffage, de ventilation et de climatisation atteint les 70 kW. Quelle est votre vision dans l’éternel débat entre frugalité et technologie pour atteindre les objectifs de neutralité carbone ?
S. O. – À mes yeux, la technologie est nécessaire pour suivre, piloter et adapter les usages du bâtiment. Certaines solutions sont à mi-chemin entre la technologie et le low-tech, je pense aux brise-soleil à mémoire de forme qui ne nécessitent pas d’énergie pour fonctionner. Il est intéressant de se demander comment utiliser la technologie à bon escient, pour éviter de créer des installations « gadgets », qui nuisent à la performance globale. La solution se trouve dans un savant dosage de technologie et d’efficacité.

« L’intégration de l’intelligence artificielle dans les GTB est très pertinente et peut devenir une pièce maîtresse du bâtiment si elle est bien pensée et bien utilisée. »

Quel est le potentiel offert par l’arrivée des technologies du numérique au sein des bâtiments ?
S. O. – Le numérique a bien évidemment un rôle à jouer dans le bâtiment. Il serait cependant utile de bien mesurer l’impact carbone des technologies vis-à-vis des gains réalisés. On parle de « just-tech », c’est-à-dire utiliser la bonne dose de technologie sans en abuser, pour répondre à une problématique identifiée. Certaines technologies, à l’image de la maquette numérique, permettent de réaliser des gains conséquents, je peux citer la simulation du rayonnement solaire en vue d’implanter des panneaux photovoltaïques, la suppression des ponts thermiques, ou encore l’intégration du calcul de l’impact carbone des matériaux, par exemple. L’intelligence artificielle est également une grande révolution, car elle permet de prendre en compte les besoins réels et d’adapter le fonctionnement du bâtiment aux usages. L’intégration de l’intelligence artificielle dans les GTB est très pertinente et peut devenir une pièce maîtresse du bâtiment si elle est bien pensée et bien utilisée.

Quels sont pour vous les ingrédients d’un projet réussi ?
S. O. – Le premier élément est la conception multipartite, rassemblant les différentes parties prenantes du bâtiment : l’architecte, mais aussi les concepteurs et les usagers. La prise en compte des besoins des usagers et la collaboration sont les premières clés d’un projet réussi. Lorsque le projet est conçu, il faut penser à intégrer les bons matériaux aux bons endroits, en visant à diminuer la quantité de matière utilisée et en associant des matériaux complémentaires. Il faut également prendre en compte les besoins énergétiques et les ressources nécessaires, notamment l’orientation du bâtiment pour favoriser une production photovoltaïque ou la récupération d’eau par exemple. Lors de la phase chantier, il y a un enjeu important autour de la formation des équipes, principalement sur les sujets du développement durable et des économies d’énergie et de ressources. Il faut également éviter les dérives en se conformant aux projections initiales. Lors de la livraison, le bâtiment doit être totalement conforme à ce qui a été pensé. Si une réalisation est réussie, l’usager aura plaisir à vivre dans le bâtiment. Le confort est un aspect essentiel ; il faut construire pour l’usager.

« Le confort est un aspect essentiel ; il faut construire pour l’usager. »

Comment imaginez-vous le bâtiment de 2050 ?
S. O. – Le premier point est de prendre en compte le changement climatique dès maintenant, en s’intéressant au confort d’été et d’hiver, selon les projections prévues pour 2050. Ensuite, comme je le disais, il faut trouver le juste milieu technologique. Du point de vue morphologique, le bâtiment de 2050 sera ouvert vers l’extérieur et il devra être autonome en énergie et en eau. Il est également intéressant de réfléchir aux aspects sociaux, avec des espaces partagés : une cour d’école peut avoir un autre usage le week-end et pendant les vacances scolaires, par exemple. Ensuite, le confort est un aspect clé, car le bâtiment de 2050 doit être désirable. Dans le choix des matériaux : matériaux biosourcés, écologiques et bas carbone sont à privilégier, mais aussi le réemploi, car les ressources sont précieuses et se raréfient. Il faut également favoriser la biodiversité par la végétalisation, ce qui permet de contrer la chaleur en été. Enfin, le bâtiment doit être connecté à son quartier, en énergie, par exemple, avec des réseaux de chaleur et des échanges d’énergie.

Vous avez été nommée il y a un an à la tête de Construction21. Quelles sont vos impressions ?
S. O. – Mes fonctions précédentes de journaliste au sein de nombreux médias spécialisés dans la construction bois, au Moniteur et aux Cahiers techniques du bâtiment m’ont rendue très sensible aux enjeux de la construction durable depuis de nombreuses années. Le monde change et les professionnels prennent progressivement conscience des enjeux. La filière connaît actuellement une émulation très importante sur ces sujets. La recherche de solutions et le besoin d’information n’ont jamais été aussi importants. Les professionnels ont besoin de se rencontrer et d’échanger sur ces sujets pour faire émerger des solutions nouvelles. Concernant Construction21, il y a beaucoup de belles choses à venir et nous nous inspirons de ce qui existe partout pour diffuser ces solutions au plus grand nombre. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai pris mes fonctions, avec pour objectif de développer l’association dans tous les domaines.

Quels ont été les principaux chantiers menés sur cette période et quels sont les rendez-vous importants pour l’année à venir ?
S. O. – Il y a plusieurs sujets. D’abord, je souhaite clarifier le message et expliquer ce qu’est Construction21, grâce notamment à notre nouveau site internet. Ensuite, je souhaite renforcer le média et nous avons pour cela embauché des journalistes impliqués dans les sujets du développement durable. L’objectif est de mieux prendre en compte les actualités de notre réseau et de l’extérieur et partager des points de vue pertinents. Par ailleurs, nous souhaitons profiter de la diversité et de la complémentarité de nos adhérents pour créer des rendez-vous. Pour chaque dossier traité, nous voulons créer des événements, qui peuvent prendre la forme de conférences ou de débats pour dynamiser nos adhérents et leur proposer des services, notamment de la visibilité et des présences sur des salons et événements professionnels. Enfin, nous allons renforcer l’international en fin d’année. La remise des prix des Green Solutions Awards aura lieu cette année à Dubaï, en marge de la COP. Nous voulons également créer un Symposium international de la construction et de la ville durable, en partenariat avec le ministère de la Transition écologique et lors du Forum international du bâtiment et de la construction durable. L’objectif est de proposer des solutions concrètes face au changement climatique.

Propos recueillis par Alexandre Arène

Filière 3e: