Le consensus scientifique international est clair : il est impératif de lutter contre le réchauffement climatique en visant la neutralité carbone. La mobilité représente en France la première source d’émission de CO2 mais c’est aussi le premier composant de la pollution atmosphérique. Il est donc nécessaire de réduire fortement son impact. Les installateurs jouent un rôle primordial dans la réalisation de cet objectif et le marché de la recharge lente et à faible puissance lui tend les bras, que ce soit à domicile, en immeuble ou à l’entreprise, dès lors que la recharge se situe dans un ensemble collectif avec des parkings ou des garages soumis à la copropriété.
Recharge de véhicule électrique
D’ici 2025, il est prévu qu’une voiture neuve sur cinq vendues sera électrique dans le monde. Ce ratio devrait passer à 2 sur 5 d’ici 2030 et 100 % en 2035, pendant que les véhicules électriques devraient atteindre la parité tarifaire avec les véhicules thermiques en 2025. Le droit à la prise est très intéressant mais n’a que peu d’intérêt face à l’explosion des besoins de recharge, sauf à n’avoir que deux ou trois bornes de recharge de véhicules électriques IRVE à installer. Deux solutions sont disponibles. L’une étant de mettre en place un compteur général dédié à la recharge IRVE à partir duquel les bornes de recharge sont desservies. C’est ce que font les opérateurs de recharge parce que cela correspond à un modèle économique de vendre des abonnements tout compris incluant l’énergie. L’autre solution étant de faire une colonne horizontale sur le même principe que la colonne montante, mais cette fois-ci placée à l’horizontale dans les parkings pour alimenter les voitures avec un compteur Linky individuel à chaque place de parking. L’abonné paie au kilowattheure, en ayant le choix de son fournisseur d’énergie. Ce qui implique deux Linky et deux abonnements tarif bleu 9kVA, même si des offres couplées devraient bientôt être proposées.
Cette solution (extension du réseau public de distribution) offre à chaque place 7,4 kVA. C’est largement suffisant pour un client qui recharge sa voiture dans la nuit. Cette valeur est recommandée par les pouvoirs publics par l’arrêté paru le 23 décembre 2020 qui définit des puissances de réservation basées sur une puissance de 7,4 kVA. N’importe quel véhicule se recharge en moins de 10 heures, avec cette puissance. D’autant plus intéressant que les constructeurs recommandent de ne pas recharger chaque jour et à 100 % son véhicule, car l’efficacité dépend d’un nombre de cycles de recharge.
La recharge lente en copropriétés est indispensable
Pratique et moins coûteuse que la recharge publique ou la recharge haute puissance, la recharge lente peut s’effectuer en heures creuses, offrant une vraie solution de flexibilité pour le réseau électrique. Il est indispensable que cette possibilité de recharge à domicile soit accessible lorsque l’habitation ou les bureaux se situent dans un ensemble collectif avec des parkings ou des garages soumis à la copropriété. La simplification des procédures de décision en assemblée générale et la possibilité de bénéficier d’un dispositif de préfinancement des infrastructures collectives permettent aux entreprises adhérentes à l’AFOR, l’Association française des opérateurs de recharge, de proposer des solutions attractives aux syndics de copropriétés et aux conseils syndicaux. Il est à souligner que l’équivalent pour la colonne horizontale est le préfinancement de l’infrastructure par le gestionnaire du réseau de distribution. Les arrêtés donnant le coup d’envoi de ce mécanisme sont parus au Journal officiel le 10 juin 2023. Dans l’observatoire publié par l’AFOR, à fin 2022, moins de 20 % des places de parkings en immeubles étaient couvertes par le service d’un opérateur de recharge. Le nombre de places de parking pouvant être équipées a connu une croissance exponentielle depuis 2021. En moins d’un an, plus de 45 % d’immeubles supplémentaires ont signé avec un opérateur et le nombre de bornes de recharge sur infrastructure collective a augmenté de 54 % (soit près de 7 078 bornes de recharge actuellement installées). Sur 12 mois, les évolutions en nombre d’immeubles ou de places, signés ou installés collectivement, sont significatives, avec un doublement du nombre d’immeubles ayant retenu une solution des opérateurs. Cela veut dire que de nombreux immeubles sont maintenant prêts pour la mobilité électrique et qu’il y a un fort potentiel pour installer des bornes individuellement à partir de ces installations collectives.
À fin mars 2023, 20 315 copropriétés avaient signé une convention avec un opérateur de recharge. Ces copropriétés représentent potentiellement 1,5 million de places de parkings. Il n’y a à ce jour que 9 724 bornes installées sur 8 millions potentielles, donc tout reste à faire et les électriciens vont pouvoir capter un énorme marché.
Pour Didier Bagnon, responsable activités Distribution & Constructeurs et référent Technique & Formation chez Michaud, concernant la solution colonne horizontale, « la prestation de l’électricien est nécessaire et représente en valeur 10 fois celle du GRD, malgré une croyance populaire qui laisse penser que le travail est réalisé dans la totalité par Enedis. Le coût de l’infrastructure réalisée par Enedis rapporté à la place est de l’ordre de quelques centaines d’euros. Alors que l’installateur va facturer environ 2500 € par place (auxquels il faut déduire les subventions et crédit d’impôt – 960 € ADVENIR+ 300 € crédit d’impôt), car il installe plus de matériel tel que l’armoire de comptage ou de recharge destinée à recevoir le compteur et le disjoncteur de branchement ».
Ce genre de marché est d’autant plus intéressant pour l’installateur qu’une installation est souvent suivie d’un agrandissement. En effet, une fois des bornes de recharge installées dans un parking de copropriété, il devient plus facile pour un usager de changer pour une voiture électrique.
L’installateur représente 90 % de la valeur ajoutée et en plus de cela, il va revenir dans la copropriété pour rajouter des bornes. « C’est d’autant plus intéressant pour l’installateur que les sections de câbles sont réglementairement dimensionnées pour alimenter l’intégralité des places de parking. Le calcul détermine la section maximale des câbles pour alimenter toutes les places. Ce qui signifie que l’électricien reviendra selon les besoins jusqu’à équiper potentiellement 100 % des places. Cette infrastructure étant visible devant la place, c’est très encourageant pour acheter un véhicule électrique, car la recharge est souvent un frein à l’achat. On constate que très vite, des demandes supplémentaires sont faites à l’installateur qui s’est chargé de l’installation initiale », ajoute Didier Bagnon. Selon l’AFOR, en moyenne, deux bornes sont connectées par copropriété. Or, Michaud constate des chiffres bien supérieurs au bout d’un à deux ans, car les occupants demandent des raccordements.
« Le baromètre de l’Observatoire de l’AFOR atteste de l’intérêt grandissant des propriétaires et copropriétaires d’immeubles pour l’installation de bornes de recharge. Ils sont en effet de plus en plus nombreux à posséder un véhicule électrique et cette tendance ne fera que croître dans les prochaines années. Le marché est par ailleurs de plus en plus mature : les opérateurs privés de la recharge sont mobilisés pour continuer à répondre à cette demande et ainsi, accompagner la transition du parc vers le 100 % électrique. À l’AFOR, nous avons conscience que la recharge des véhicules se fait majoritairement à domicile et que celle-ci doit inévitablement être soutenue par nos membres », précise Jérôme Princet, président de l’AFOR.
Recharge dédiée à la place de parking
Les fabricants d’IRVE répondent aux deux services IRVE pour les copropriétés, c’est-à-dire des bornes individuelles ou des bornes partagées. Pour les bornes individuelles unité par unité, on est sur la logique du droit à la prise qui a permis de lancer les premières installations de bornes de recharge quand peu de personnes disposaient de véhicules électriques. Au-delà, il peut être installé la colonne horizontale décrite dans la norme NF C14-100 avec un compteur Linky par place de stationnement. « L’offre Michaud s’applique sur l’extension du réseau de distribution public dans le parking. Dans le cas de la colonne horizontale (ou plus généralement de l’extension du réseau public de distribution dans le parking), les copropriétés ont deux options. Soit s’adresser directement à Enedis ; dans ce cas, elles devront en plus trouver un électricien compétent pour l’installation du point de recharge et de certains produits préalables à l’intervention du GRD tels que les armoires de comptage. Soit mandater directement un électricien pour assurer une gestion de projet globale, incluant la relation avec Enedis. C’est notamment le cas des électriciens membres du réseau 100pour100-elec.com fondé par Michaud. La copropriété bénéficie alors d’un interlocuteur unique », décrit Didier Bagnon.
Par exemple, Hager fournit dans ce cas la borne de recharge. « Nous fournissons une borne qui a la particularité d’être compatible avec la télé-information client en lien direct avec le compteur Linky posé à côté de la place de stationnement. La TIC permet de travailler sur les messages courts pour faire par exemple du délestage ou faire d’autres applications, si Enedis l’implémente.
Recharge partagée
« Notre gamme complète de matériels dédiés à l’IRVE, Park’Elec comporte notamment pour la place de parking, lorsqu’elle est nominative (pas partagée), une gamme d’armoires pour l’intérieur appelée ParkBox et une gamme de totems pour l’extérieur appelée ParkTotem. Les versions ParkBox 7 et ParkTotem 7 intègrent à la fois le point de livraison du GRD et le point de recharge sous forme d’une prise type 2S 7,4 kW. C’est ce type de produit que nous sommes aujourd’hui les seuls à proposer. Par ailleurs, pour la recharge partagée, nous avons développé avec Hager un totem de plus grande capacité puisqu’il permet 2 points de charge 22 kW avec une alimentation triphasée. Il s’appuie sur la borne Witty Park Hager », précise Didier Bagnon. « Nous avons développé ce totem, avec Michaud, couplé à un abonnement dédié qui rassemble le compteur disjoncteur Linky et le fusible CIBE à l’arrière et notre borne de recharge Witty Park à l’avant avec 2 points de charge. Cette solution permet de faire au minimum 2 points de charge, sachant qu’on peut cumuler plusieurs points de charge sur un seul départ. On peut ainsi avoir un totem avec notre Witty Park et deux autres bornes. Donc au total, 6 points de charge en partagé pour la copropriété. Le tout en restant sur un abonnement tarif bleu », explique Camille Delefortrie, chef de Produits e-mobilité chez Hager.. Hager propose une autre solution avec le gestionnaire Witty. Chaque personne dispose de sa place de stationnement dédiée et le système peut piloter jusqu’à 20 points de charge. Chaque point de charge est connecté à un opérateur de mobilité. La puissance nécessaire est beaucoup plus élevée puisqu’on est sur du 160, voire du 250 ampères, ce qui nécessite la création d’un tableau dédié avec une nouvelle alimentation.
Parking extérieur
S’il y a un mur d’enceinte d’au moins 2 m, il est possible de faire une desserte aérienne comme pour un parking intérieur. Dans le cas contraire, des tranchées vont être réalisées pour amener l’électricité au point de charge. Il est vivement conseillé d’installer des platines support en prévision des futurs besoins. Dans son offre ParkTotem, Michaud a développé des platines enterrables destinées à recevoir les futurs totems de recharge. Lors des premiers travaux, il est conseillé d’équiper l’ensemble du parking de ces platines qui permettront d’installer ensuite les points de recharge au fur et à mesure des besoins sans avoir à réaliser de nouveaux travaux de VRD. Il est impératif en extérieur d’installer des bornes anti-vandalisme IK10. « L’ensemble de nos bornes de recharge et pieds supports sont IK10 en acier inoxydable pour être positionnées en extérieur. J’ai vu, dernièrement, une borne en extérieur installée il y a plus de 10 ans et seul l’autocollant avait vieilli », ajoute Camille Delefortrie.
Qu’est-ce que la gestion des priorités de recharge ou smart charging ?
« Aujourd’hui, ce service n’est pas proposé par les opérateurs de mobilité mais il le pourrait. En agissant à distance (smart charging), il pourrait distribuer la puissance à la demande. Si les opérateurs le souhaitent, il est déjà possible de faire de la mesure instantanée et de gérer la priorité des charges grâce au Linky dédié à la place. Un visiteur de la résidence se connecte à l’application de service, rentre sa plaque d’immatriculation et son horaire de départ. L’opérateur priorise alors la distribution des 7,4 kW de puissance », ajoute Camille Delefortrie. La recharge intelligente de véhicules électriques fait référence au système permettant aux véhicules électriques et aux bornes de recharge de partager des données avec un fournisseur de recharge. Elle s’oppose à la recharge traditionnelle qui n’est pas connectée au cloud. La recharge intelligente permet aux propriétaires de recharge, dit CPO, de surveiller, piloter les sessions de charge et donner les accès aux bornes à distance, afin d’optimiser la consommation d’énergie. Grâce à la solution SaaS, les fonctionnalités du service de smart charging peuvent être modifiées ou ajoutées à tout moment. Ainsi, la solution de smart charging permet d’évoluer au fil du temps, avec souplesse, selon les besoins. La charge intelligente de véhicules électriques s’appuie sur une solution back-end pour communiquer en temps réel des données à l’opérateur ou CPO à partir des bornes connectées et des sessions de recharge. Les bornes peuvent communiquer toutes sortes d’informations paramétrables, telles que la stabilité de la production d’énergie, la consommation d’électricité locale, la quantité d’autres véhicules en cours de charge ou les appareils électriques utilisés sur un site à proximité.
La recharge électrique à domicile est la solution de recharge des véhicules électriques idéale pour limiter l’impact sur le réseau électrique. Elle permet de recharger les véhicules électriques pendant la nuit alors que le véhicule est stationné. Cette recharge s’effectue pendant les périodes où le réseau électrique est le moins sollicité, notamment en heures creuses. Dans le contexte énergétique actuel, les solutions techniques proposées par les opérateurs permettent de piloter la recharge des véhicules électriques en maîtrisant les pics de recharge sur le réseau électrique tout en garantissant la recharge des véhicules.
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Quels parafoudres pour protéger les bornes de recharge ?
Finder a conçu les parafoudres de la Série 7P pour une protection dite classique ou avancée.
Les parafoudres de Type 2 sont conseillés pour des systèmes monophasés et triphasés avec varistor. Ils disposent d’un contact de signalisation à distance (selon le Type) pour visualiser l’état de fonctionnement du parafoudre, permettant ainsi d’informer l’utilisateur et le système qu’une intervention est nécessaire.
Pour une protection avancée, les parafoudres Type 7P.02 et Type 7P.04 sont idéals pour les systèmes monophasés et triphasés (avec varistor + éclateur) afin de garantir l’absence du courant de fuite vers la terre et rendre le produit extrêmement durable dans le temps. Cette gamme comprend également un contact de sortie pour contrôler à distance l’état de l’éclateur. Elle est équipée d’une signalisation à distance pour le contrôle de la protection.
Prises murales pour usage résidentiel et tertiaire, de 7,5 kW à 33 kW :
• Gestion de la puissance avec les relais des Séries 45, 66, 67 et 68 et les contacteurs modulaires avec contact miroir de la Série 22.
• Comptage de l’énergie distribuée par les compteurs monophasés et triphasés Types 7M.38. Ils sont intelligents, programmables par smartphone avec la technologie NFC et certifiés MID jusqu’à 70 °C. Ils sont également disponibles en version Modbus.
• Protection du système contre les surtensions avec le parafoudre monophasé 7P.02 (Type 1+2) et le parafoudre triphasé 7P.04 (Type 1+2).
• Alimentation par Types 78.25 et 78.60 jusqu’à 60 W.
Fiche IRVE de la FFIE
pour les adhérents FFIE, une nouvelle fiche de 14 pages vient compléter la série marchés dédiée aux IRVE avec les chiffres clés du marché, un focus sur le crédit d’impôt et la TVA à 5,5 %, les aspects réglementaires et techniques… En bref, l’essentiel à savoir pour se lancer sur ce marché !