Pouvez-vous revenir sur les obligations pour les propriétaires et locataires prévues par le décret tertiaire ?
Pascal Tigreat – Tous les bâtiments disposant d’une surface égale ou supérieure à 1 000 m² allouée à des usages tertiaires, tous les bâtiments d’usages mixtes dont plus de 1 000 m² sont alloués à des usages tertiaires, ainsi que les ensembles de bâtiments sur un même site ou sur plusieurs sites dont le cumul des surfaces tertiaires est supérieur ou égal à 1 000 m² sont soumis aux obligations du décret. Il revient alors aux propriétaires ou exploitants d’effectuer les déclarations sur le site OPERAT de l’Ademe. En règle générale, c’est la société qui reçoit la facture d’énergie qui doit déclarer. La phase de déclaration est bien plus complexe qu’il n’y paraît, car il faut savoir quelles informations notifier et comment trouver la donnée. La principale difficulté consiste à ventiler les consommations, principalement lorsque le comptage est intégré, c’est-à-dire qu’il inclut l’ensemble des consommations du bâtiment en un point de comptage unique. Il faut réaliser la déclaration des consommations en énergie primaire en fonction des mètres carrés et de l’usage des différents espaces. Le coefficient n’est pas le même pour un espace de restauration, une salle de serveurs, un bureau ou une salle de réunion, par exemple. Le décret tertiaire permet de comparer son bâtiment par rapport à une moyenne nationale.
Quelles sont les solutions proposées par Wago pour accompagner ses clients dans leurs déclarations et leurs actions de performance énergétique prévues par le décret ?
P. T. – Wago n’intervient pas sur la phase de déclaration. Nous avons publié un guide pour orienter nos clients, expliquer le texte et les obligations prévues. Nous intervenons après la phase de déclaration. Une fois la déclaration effectuée, selon la typologie du bâtiment et l’année de référence choisie, la mise en œuvre d’un plan de comptage est nécessaire. Son objectif est de définir les consommations tertiaires et les moyens d’agir dessus. Il faut alors installer des équipements de métrologie (compteurs, mesure de puissance…), pour faire remonter les informations de consommations par usage ou par zone. Il faut également mettre en œuvre des systèmes pour dialoguer avec les compteurs et avec les équipements existants, ainsi que des solutions de télérelève sans fil. Nous proposons un ensemble de solutions tel que nos compteurs d’énergie certifiés MID pour récupérer les informations de consommations, mais aussi une large gamme de contrôleurs et d’automates qui, avec l’ajout de modules complémentaires, permettent également de corriger les anomalies grâce à un pilotage des systèmes. Nos solutions sont évolutives vers du pilotage sans tout remettre en question. L’installation de ces solutions génère des fiches CEE, pour financer une partie des travaux : c’est le cas du WAGO I/O System série 750 qui, en combinaison avec les bibliothèques WAGO App Building, permet d’atteindre la classe A de BAC de la norme EN 15232-1 et de récupérer des CEE, par exemple sur les opérations BAT-TH-116 ou autres.
Le comptage et la régulation permettent-ils de réaliser des économies substantielles pour répondre aux objectifs du décret tertiaire ?
P. T. – Très concrètement, nous avons surveillé les consommations de notre siège social de Roissy, cela nous a permis de nous rendre compte qu’il y avait des problèmes de régulation. Par une simple modification des réglages, nous avons réalisé près de 15 % d’économies. Preuve que pour beaucoup de bâtiments, les 30 % de réduction à échéance 2030 seront rapidement atteints. Toutes ces informations ont été postées dans le Wago Cloud (personnalisable en marque blanche) pour être affichées et analysées (éventuellement par des logiciels tiers). La même solution permet de corriger le fonctionnement des équipements. Le Wago Cloud permet de suivre à long terme la performance énergétique du parc, ce qui est le sens du décret BACS.
Propos recueillis par Alexandre Arène