Le Conseil d’administration de l’Association des concepteurs lumière et éclairagistes (ACE) vient de nommer son nouveau président : Vincent Thiesson, ON.
Vincent Thiesson, architecte de formation (École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville), fait ses débuts à l’agence de conception lumière Concepto, et devient chef de projet. Après sept ans, il fonde en 2003 sa propre agence, ON, à Paris. L’agence ON réunit 14 salariés aux profils complémentaires : urbanistes, architectes, ingénieurs et designers constituent des équipes ad hoc, en fonction de la nature et de la complexité des projets. Depuis 2003, l’agence ON appréhende la dimension nocturne de lieux et d’espaces d’une grande variété. Au cœur de cette réflexion, le sens et la valeur des usages nocturnes sont réinterrogés au regard des enjeux urbains et environnementaux.
L’ACE vient de fêter ses 25 ans, comment fonctionne l’association aujourd’hui ?
Vincent Thiesson – Notre objectif reste la promotion du métier de concepteur lumière et du matériau lumière comme un des fondamentaux de la construction des villes, des espaces publics et de la création des ambiances intérieures. Nos actions commencent par intégrer, au sein de nos projets, des enjeux actuels de la mise en lumière et de les mettre au centre de nos débats. Par exemple, les Rencards de l’ACE, qui se sont déroulés à Metz, ont abordé des sujets aussi divers que transversaux tels que : le surcyclage, le rétrofit, le recyclage, le réemploi. Ces éléments permettent à notre métier de concepteur lumière de participer à des réflexions beaucoup plus larges. Par exemple, en ce qui concerne les enjeux environnementaux, comment nous, concepteurs lumière, pouvons apporter notre pierre à l’édifice, et inversement, comment d’autres acteurs peuvent nous accompagner ?
Ce qui veut dire que vous faites appel à d’autres compétences lors d’un projet ?
Vincent Thiesson – Nous évoluons dans un contexte qui, par définition, touche à de nombreux domaines : l’architecture, l’urbanisme, le paysage, la consommation énergétique, la biodiversité, etc. Ainsi, nous allons rechercher parmi les autres spécialistes ceux qui vont nourrir notre propre réflexion. Nous faisons tous partie d’un seul et même écosystème. Par exemple, on parle autant aujourd’hui de schéma directeur d’aménagement lumière que de trame noire associée directement au projet. Ces échanges nous permettent de voir comment rendre compatibles vie urbaine et lumière de qualité, tout en tenant compte des enjeux environnementaux. Le concepteur lumière s’adresse souvent aux villes, aux paysagistes, aux écologues qui sont confrontés aux mêmes problématiques ; ce qui nous conduit à réfléchir ensemble pour trouver des solutions. La crise énergétique et les débats autour de la sobriété ont permis de nous faire mieux entendre, à la fois par les politiques et par le grand public, qui ont pris conscience de ces enjeux. Notre profession a la capacité d’apporter les bonnes réponses et de la faire savoir encore davantage. Nous nous efforçons de concilier des besoins qui peuvent être antagonistes, tout en restant dans le domaine de l’inventivité, en invitant d’autres professionnels comme c’était le cas lors des Rencards de Metz en février dernier, sous l’impulsion de Virginie Nicolas et Nawel Dehouche. Cela redonne une dynamique à notre association, à notre métier, et ouvre le dialogue, notamment avec les maîtres d’ouvrage que nous sensibilisons à l’environnement nocturne.
Comment cette ouverture se traduit-elle ?
Vincent Thiesson – L’ACE agit à plusieurs niveaux. Nous allons publier, en 2023, aux Éditions du Moniteur, un livre collectif sur la biodiversité et la lumière ; nous participons à des conférences lors de salons, par exemple les Focales à Lyon, Materials and Light et Innopolis à Paris. Nous devons nous ouvrir à d’autres salons ou nous intégrer aux réseaux d’autres professionnels. Nous échangeons avec des écologues, des services techniques, des architectes, des urbanistes qui, de plus en plus souvent, intègrent le volet nocturne à leurs projets. Notre intention est également d’aller au-delà des frontières, et de nous rapprocher de LUCI par exemple. Nous faisons souvent face à des contradictions, surtout en éclairage extérieur, où il n’est pas toujours évident de travailler à la fois dans le respect des normes et de la biodiversité. Non seulement cela fait partie de notre métier mais aussi du rôle de l’ACE d’expliquer, de faire entendre la voix du bon sens, de continuer à participer au futur de nos paysages nocturnes.
Les premiers concepteurs lumière ont aujourd’hui 35 ans de pratique. Comment l’ACE fait-elle le lien avec la jeune génération ?
Vincent Thiesson – La pandémie nous a tous contraints à faire davantage appel à Internet. Dans ce contexte, et pour répondre à un besoin, l’ACE a mis en place une série de webinars et de formations courtes en ligne à leur intention. Les adhérents sont prévenus par mail et peuvent s’inscrire via un lien dédié. Ces conférences ne se substituent pas à de vraies formations en éclairage, qui existent à plusieurs niveaux et qui donnent parfois lieu à un certificat. Nous souhaitons également multiplier les partenariats avec les écoles et organismes de formation. Nous sommes des spécialistes, dotés d’un vrai savoir-faire, d’une expertise, et nous pouvons apporter des réponses ! L’ACE doit garder cette ouverture à tout l’écosystème que j’évoquais et dont elle fait partie, et continuer à sensibiliser les donneurs d’ordre à la conception lumière.
Bureau de l’ACE
Président : Vincent Thiesson (agence ON)
Vice-présidente : Virginie Nicolas (Concepto)
Trésorière : Soizick Bihen (agence Soizick Bihen)
Secrétaire : Nawel Dehouche (CPLD Cosil Peutz)
Membres du conseil d’administration
Caterina Colle, Akari-Lisa Ishii (Agence I.C.O.N.), Timothé Toury
ACE administration
Vinca Guezennec : 06 98 68 53 39 / 02 33 94 48 61