L’ACE souhaite, par le biais de ces prix, communiquer autour du projet lumière dans les revues spécialisées en lumière, architecture, paysage et urbanisme.
Les prix de l’ACEtylène, créés par l’Association des concepteurs lumière et éclairagistes récompensent des concepteurs lumière indépendants pour des réalisations pérennes mises en service depuis le 1er septembre 2020.
Prix de la conception lumière intérieure d’un établissement public
8’18’’ : Georges Berne, Emmanuelle Sébie, Julien Caquineau
Quadrilatère Richelieu BNF, Paris
Maîtrise d’ouvrage : OPPIC
Maîtrise d’œuvre – Architectes : Atelier Bruno Gaudin – Jean-François Lagneau
« Le Quadrilatère Richelieu, site historique de la Bibliothèque Nationale de France, a fait l’objet depuis 2010 d’un projet global de rénovation. La mission avait pour but de résoudre de nombreux problèmes liés à l’ancienneté de l’édifice, à l’obsolescence des installations techniques et de sécurité, aux conditions d’accueil du public, aux nouvelles normes d’accessibilité ou encore à celles de travail et de conservation des collections. Les architectes devaient, en outre, veiller à la valorisation patrimoniale de ce lieu rendu extrêmement complexe par des siècles de travaux d’agrandissement et de densification. Ce sont des époques de construction architecturale à respecter, des volumes et des rythmes différents, des typologies d’usages et de fonctions extrêmement variées : espaces d’accueil, salles de lectures, magasins, ateliers de restauration, bureaux, et circulations. Et au sein même de ces espaces, différentes classifications de magasins, de salles de lecture… ainsi qu’un parcours muséographique qui s’immisce au sein de l’ensemble, le tout disséminé dans plusieurs corps de bâtiments. L’enjeu était de taille. Les 80 références de luminaires en témoignent. L’équipe de concepteurs lumière a mené une réflexion autour de nouveaux usages dans des lieux existants rénovés, une réinterprétation de l’histoire lumière des espaces classés ou inscrits, et la création de gestes uniques pour des lieux prestigieux. Ces pièces uniques, spécifiquement dessinées pour le projet, ont été dictées par le désir de redonner de l’éclat et du sens aux espaces, au regard de leur typologie, leur histoire, leur rythme en apportant toute l’attention nécessaire aux usages et au confort des utilisateurs. »
Prix de la conception lumière intérieure d ’un client privé
Agence Ponctuelle, Annabelle Fulop
Usine D-LAB, Saint-Bonnet-de-Rochefort
Architectes : Nelson Wilmotte Architectes et Studio Luisa Scotti.
« La marque de compléments alimentaires D-LAB se dote d’une première usine aux grandes ambitions écologiques au cœur du Naturopôle, à Saint-Bonnet-de-Rochefort, près de Vichy, dans l’Allier.
Dans un souci de maîtrise de la consommation, l’éclairage artificiel s’ajuste à l’apport de lumière du jour. La lumière s’intègre comme décoration dans les espaces visités où des lignes lumineuses sont intégrées et cachées, tout en soulignant l’architecture.
L’éclairage du hall d’entrée est réglé pour assurer un niveau de 100 lux à la tombée de la nuit met en œuvre des suspensions au design simple dans le plafond métallique avec une utilisation de faisceaux variés pour obtenir un éclairage uniforme malgré les différences de hauteurs sous plafond.
Les mezzanines sont des espaces de présentation des produits, qui ont été particulièrement mis en valeur dans le mobilier. Les suspensions rectangulaires sont à la fois éclairantes et éléments architecturaux à part entière : lignés épurées, visibilité depuis l’extérieur.
Des encastrés de plafond très basse luminance offrent un confort optimal dans les bureaux. L’open-space est éclairé par des suspensions à vasque microprismatique pour un UGR<19.
Dans les aires de stockage, le quantitatif et l’agencement des luminaires ont été optimisés pour allier niveau lumineux adéquat selon la disposition des racks et confort visuel. Dans les espaces de production, des dalles leds micropismatiques ont permis de maitriser le budget de ces zones moins occupées, tout en gardant un excellent confort visuel. Dans les circulations, un ruban led dissimulé dans une vasque diffusante offre un éclairage uniforme. Le niveau global a été réglé à 100 lux. »
Prix de la conception lumière extérieure et paysagère
Scène publique, Agathe Argod
Parc de l’Ile de Girodet
Paysagiste : MDP Michel Desvigne Paysagiste, Eric-Pierre Menard
Architecte : Ney & Partners
« La trame noire est aujourd’hui un sujet incontournable suite à la prise de conscience des conséquences de toute présence lumineuse sur les espèces nocturnes. Le Rhône, les cheminements secondaires, la vaste esplanade ouverte sur le Rhône dans l’axe du théâtre et la partie sud, y compris le bassin de joute sont ainsi dans l’obscurité. Laisser ainsi une grande partie du parc à la nuit peut devenir le support d’une nouvelle approche pédagogique : les nuits de pleine lune, des sorties nocturnes sont l’occasion d’organiser la découverte d’un milieu.
Pour créer un sentiment d’ailleurs et mettre en valeur le parc de nuit, il est bienvenu que l’éclairage rompe avec un alignement classique de mâts piétonniers à 4 m. Pour autant, sur les secteurs accessibles de nuit, les usages doivent demeurer confortables. Le cheminement entre le théâtre et le centre bourg est éclairé, et l’implantation des mâts est réglée par les plantations. Cette séquence est emblématique de l’opération, elle met en scène la présence forte du végétal planté dans le cadre de l’opération. Les mâts sont proches des arbres, et prennent les frondaisons dans les faisceaux, projetant au sol des ombres portées mouvantes. Les appareils d’éclairage sont intégrés dans des silhouettes de mobiliers de sections fines. Les points lumineux sont volontairement de petites puissances (6 W), miniatures (49 mm x 80 mm) et orientables indépendamment, les optiques et températures de couleur sont variées afin de créer des ambiances vives et animées. En complément de ces matériels, des encastrés solaires au sol assurent le balisage de la Via Rhôna, itinéraire cyclable de 815 km du Léman à la méditerranée qui traverse le parc, et la présence de la scène réalisée en béton installée sur les berges du Rhône.
L’installation combine gradation et détection par train de lumière. A partir de 21h00, le cheminement principal est en veille, un point lumineux rasant au sommet du mât assure un simple jalonnement pour des vues lointaines, depuis les parkings par exemple. Les projecteurs miniatures ne s’allument que lorsqu’un usager est détecté. »
Prix Patrimoine bâti
Studio Illumina, Adriano Caputo
Citerne Basilique « Yerebatan Sarnici » à Istanbul (Turquie)
« Connue à Istanbul sous son nom turc de Yerebatan Sarnici,”la citerne enfouie sous terre” se situe non loin de Sainte-Sophie et du Palais impérial, et alimentait les jardins des palais ottomans. Elle s’étend sous l’actuelle Yerebatan Caddesi à Sultanahmet. Construite par Justinien (527-565) sous la cour d’un ancien bâtiment public, elle mesure 138 × 65 m et est divisée en 12 travées formées de 28 supports chacune; elle compte donc 336 colonnes. Cet ouvrage hydraulique a été le protagoniste d’une intervention récente de restauration intégrale qui a duré cinq ans et a été inaugurée le 22 Juillet 2022 avec l’aménagement de nouveaux parcours de visite qui comprenait également un nouveau projet d’éclairage où 750 appareils d’éclairage ont été utilisés. Le récit de la lumière prévoit des scénarios perceptifs différents ; un seul projecteur à faisceau elliptique de couleur blanche (2 700 K), positionné sur le côté opposé à la direction d’entrée, éclaire chaque colonne par le bas. L’utilisation d’une diminution progressive des niveaux de luminosité lors de l’entrée dans l’espace souterrain, apporte l’expérience du visiteur vers une exploration “quasi archéologique et plus personnelle du lieu.” Le chemin de l’aller est comme un voyage dans une forêt révélée uniquement par le contre-jour, et s’inspire du monde antique des miniatures à deux dimensions. L’eau est la constante qui se prolonge dans la Citerne, toujours présente tout au long du voyage. Un miroir récurrent, qui dessine les profils en clair-obscur à l’aller et la troisième dimension architecturale au retour. Ce n’est qu’à un moment sporadique du parcours que la lumière des colonnes se dissout pour laisser place à une nouvelle lumière qui révèle, en l’effleurant, la surface irrégulière des pavements d’origine et les bases de toutes les colonnes. Au-dessus, seule une faible lumière réfléchie atteint les voûtes. A mi-parcours, grâce à la domotique KNX et les luminaires DALI, la lumière blanche des colonnes qui a une durée de 6 minutes s’éteint, et de manière inattendue et suggestive, le lieu immergé se teinte des atmosphères caractéristiques de la Turquie, passant de l’aigue-marine (une minute) à l’ambre qui s’ajoute pour une autre minute jusqu’à la décoloration de l’éclairage de nouveau vers le blanc, suivant la volupté de la sultanite, la gemme anatolienne qui change de couleur avec la lumière. »
Prix de la jeune conception lumière
Agence BEE Lux, Bruno Djiane
Pinède du domaine de Manville, Les-Baux-de-Provence
« La pinède du Domaine de Manville était totalement plongée dans le noir, laissant le fond de la cour intérieure de l’hôtel dans une sorte de vide. Le propriétaire de l’hôtel souhaitait voir, depuis la terrasse du restaurant étoilé, comme un tableau. J’ai conçu l’éclairage de cette pinède comme pour une peinture de paysage, j’ai sélectionné les arbres à mettre en valeur. Ma conception ne visait pas à éclairer la totalité de pinède mais à « peindre » en lumière certains sujets pour créer ce tableau composé de lumière, de pénombre et d’obscurité. L’hôtel étant en phase d’étude pour réaliser de gros travaux début 2023, l’objectif était de mettre en lumière cette pinède de manière éphémère pour la période du dernier trimestre 2022 en limitant les coûts, avant d’entreprendre les travaux du véritable projet d’aménagement. Pour l’éclairage de l’escalier, j’ai utilisé des petits projecteurs PAR 16 déplaçables pour permettre le réemploi ultérieur puisque la zone sera amenée à être réaménagée d’ici 2 à 3 ans. Pour l’éclairage des arbres les plus importants et l’ambiance générale de la pinède, j’ai utilisé des projecteurs 56 W 117 lm/W en température de couleur 3 000 K de manière a atteindre les arbres les plus hauts et donner une ambiance chaleureuse. »
Prix petit budget
Radiance 35, Raphaël Girouard
ORGANuGAMME, Renens (Suisse)
« Face à ce « colossal » d’art brut, il est proposé à la ferme des Tilleuls d’inviter les habitants de la barre de logements sociaux situés en face à interagir avec l’œuvre, et de développer même des récits, dans un cadre de production collaborative. Tout l’enjeu du projet d’éclairage de l’œuvre est donc de trouver la position la plus juste du support unique des éclairages qui permettrait de respecter, et peut-être même de transcender, à la fois sa qualité plastique et métaphorique. Éclairer au mieux, mais avec la retenue du conteur, pour ne pas surenchérir un récit déjà riche. Éclairer pourtant, avec intention, pour proposer une version nocturne vivante, voire vibrante, de l’œuvre.
A l’instar des récits construits pendant les ateliers participatifs, ORGANuGAMME est une œuvre complexe, dont le spectateur ne finit jamais de faire le tour! C’est aussi une œuvre de contrastes, d’échelles, de couleurs et de textures. C’est pourquoi les trois dimensions de l’éclairage proposé se composent à travers trois grandes typologies de lumière : le « clair de lune » offre une lumière enveloppante, céleste, pour créer un fond doux et homogène. 3 projecteurs 24 W / 5 700 K, variations temporelles lentes, photométries larges (60°). La « Torche » diffuse une lumière plus précise, à échelle humaine, pour révéler les angles, les reliefs, les couleurs… 7 projecteurs 24 W/3 500 K), Variations temporelles moyennes, photométries semi-intensives (20°). La « Veilleuse » offre des accents de lumières précis, pour révéler quelques pièces fortes, des détails, et donner son équilibre à la composition globale. 6 projecteurs 24 W / 2 700 K), photométries intensives (6 et 10°), Variations rapides. »
Coût de cœur du jury
Agence ON, Myriam Laval et Vincent Thiesson
Front de mer de Calais
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Calais
Architecte : Face B
Paysagiste : Base
Programmation : Soliled
« La Ville de Calais a adopté en 2010 un schéma de développement urbain dont un des objectifs porte sur la requalification du Front de Mer. Ces études ont mis en évidence les forces de ce secteur…
– Un atout pour le développement urbain
– Un fort potentiel pour le développement touristique et économique
– La qualité balnéaire et paysagère
– La capacité à accueillir des animations de tout type
Dès lors la commune de Calais et la communauté d’agglomération du Calaisis ont décidé d’un plan d’action afin de faire du Front de Mer l’espace public majeur de Calais, véritable « référence » urbaine et culturelle, véritable destination pour les loisirs et les pratiques sportives, véritable moteur pour l’attractivité économique et touristique. Un parti pris de laisser la mer et la plage dans l’obscurité, tandis que les promenades, les aires de jeux, les espaces récréatifs sont éclairés d’une lumière chaude et enveloppe l’ensemble des usages avec quelques rehauts sur le skate-park. La gamme Flambeaux dont une version de 12,50 m de hauteur est un signal fort sur le front de mer. Pour résister aux agressions climatiques et environnementales, les matériaux utilisés devaient être robustes et pérennes, conformément au cahier des charges qui imposait des critères de conception spécifiques (pas d’entrée de sable, offrir des garanties sur la peinture, etc.). »
Les lauréats ont reçu un trophée « objet lumière » offert par les fabricants partenaires :
– Ambiance Lumière pour le prix de la conception lumière intérieure d’un établissement public
– Xal pour le prix conception lumière intérieure d ’un client privé
– LEC pour le prix conception lumière extérieure
– Eclatec pour le prix du patrimoine bâti
– Sunlux pour le prix de la jeune conception lumière
– Lumenscia pour le prix « petit budget »