Née en 1910, la marque Roger Pradier est aujourd’hui spécialisée dans les luminaires d’extérieur. Son directeur général, Jean-Michel Vergain, nous dévoile les projets et les ambitions de la marque, qui a rejoint le groupe Rivalen.
L’histoire de l’entreprise Roger Pradier commence en 1910. Cette année-là, Jean Pradier, ferblantier-zingueur, s’installe à Paris dans un atelier du 20e arrondissement, à Belleville. En 1970, l’usine de Jean Pradier & ses Fils déménage à Saint-Maur, près de Châteauroux dans l’Indre. En 1996, l’entreprise devient Éclairage Roger Pradier. Aujourd’hui, la marque Roger Pradier est spécialisée dans les luminaires d’extérieur et appartient au groupe Rivalen présidé par Tristan De Witte. À Châteauroux, le siège et l’usine rassemblent 57 collaborateurs tandis qu’un showroom et un bureau ont ouvert en 2018 rue Lamartine, dans le 9e arrondissement à Paris.
Vous êtes arrivé à la direction générale de Roger Pradier en 2021, soit il y a un an environ. Dans quel contexte avez-vous pris vos fonctions ?
Jean-Michel Vergain – J’ai une expérience professionnelle de 22 années, avec une première partie de carrière passée dans des grands groupes internationaux spécialisés dans le domaine d’accessoires de mode, Louis Vuitton, Lacoste, Ralph Lauren, en tant que directeur marketing ou directeur commercial. J’ai passé ces dix dernières années dans des structures plus petites, des PME, à des postes de direction générale ou de direction de centre profit. En 2021, j’ai suivi une formation pour la reprise d’entreprise dans l’objectif de rejoindre un groupe à dimension familiale et c’est dans ce cadre que j’ai rencontré Tristan De Witte, président du groupe Rivalen, qui cherchait un directeur général pour Roger Pradier. J’ai été séduit à la fois par la vision et les valeurs de Tristan De Witte et par le projet de Roger Pradier. C’est une marque centenaire, avec un véritable savoir-faire artisanal et industriel d’excellence, dotée du label EPV (Entreprise du patrimoine vivant). Son outil de production possède toute la chaîne de valeur, depuis la direction artistique jusqu’à la commercialisation, en passant par la maîtrise de toute la chaîne de fabrication et de multiples perspectives de développement. C’est ce qui a motivé mon souhait de rejoindre Roger Pradier, à la fois pour le projet de la marque et pour le contexte Rivalen, un groupe investisseur-architecte qui ne cesse de grandir avec l’acquisition de nouvelles sociétés et des synergies tant industrielles que commerciales et marketing. Je trouve formidable de pouvoir inscrire le projet de Roger Pradier dans un tel contexte, avec une vision et des moyens qui permettent de se développer de la manière la plus qualitative possible.
Comment la marque évolue-t-elle aujourd’hui ?
Jean-Michel Vergain – En 2021, Roger Pradier a atteint 10,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous expédions environ 60 000 produits par an, et notre catalogue comprend 7 000 références et 55 collections. Nous offrons également la possibilité de fabriquer des produits sur mesure ou de faire ce que nous appelons du demi-mesure, c’est-à-dire avec des modifications mineures sur un modèle existant. La reprise de Roger Pradier par le groupe Rivalen a donné une autre vision et de nouveaux moyens à la marque et a permis de lui insuffler un nouvel élan : qu’est-ce qui la définit, qu’est-ce qui la caractérise ? Quel est l’imaginaire de la marque ? Toute une réflexion a porté sur l’organisation de l’entreprise à tous les niveaux : renforcement des équipes commerciales et administratives et également des compétences afin de mieux déployer la marque. Avec Stéphane Joyeux, directeur artistique de la marque depuis plus de 20 ans, nous avons aussi développé des collaborations avec des designers extérieurs. En arrivant chez Roger Pradier, j’ai échangé avec les collaborateurs pour partager leur vision de l’entreprise, apprendre à se connaître, afin de capitaliser sur le facteur humain. Avec l’ambition et la dynamique de Roger Pradier, la marque se développe année après année, elle connaît une belle croissance et, grâce à l’optimisation de son organisation, peut répondre aux enjeux de la société avec de nouveaux projets.
En lui donnant une autre vision et de nouveaux moyens, le groupe Rivalen a permis d’insuffler un nouvel élan à la marque Roger Pradier” Jean-Michel Vergain, DG de Roger Pradier
Pouvez-vous nous présenter ces projets ?
Jean-Michel Vergain – Nous avons entrepris l’extension de l’usine qui va passer de 3 500 m² à 6 000 m² : elle sera livrée en février 2023, et dès août 2023, tout sera fonctionnel avec également une nouvelle chaîne de traitement de surface zéro déchet. Cet investissement a pour objectif de subvenir aux besoins de Roger Pradier au vu de sa croissance en France et à l’international. Cela a pour but aussi, dans le cadre du déploiement du groupe Rivalen et des synergies créées entre les différentes sociétés, de potentiellement pouvoir collaborer au niveau industriel et fournir les autres entreprises du groupe en fonction de leurs besoins, et pourquoi pas aussi devenir sous-traitant pour d’autres marques, que ce soit dans le luminaire ou dans d’autres catégories de produits, à partir du moment où il s’agit du travail du métal. Notre savoir-faire et notre expertise nous permettent de proposer une garantie anticorrosion de 25 ans pour tous les produits en aluminium, sachant que 95 % de notre offre est en aluminium et que l’aluminium est recyclable ad vitam æternam. Les équipes ont également fourni un énorme travail pour obtenir la certification ISO 9001 qui définit les critères applicables à un système de management de la qualité. Nous venons d’obtenir un avis favorable. Par ailleurs, nous sommes en train de convertir bon nombre de collections à la norme UL – label international qui garantit la conformité d’un produit aux exigences qualité et sécurité de la norme UL applicables aux États-Unis et au Canada ; les normes UL traitent généralement des risques incendies et électriques. Cette certification nous aidera beaucoup dans notre développement aux États-Unis où nous venons d’ouvrir une filiale.
En parallèle, nous restons très attachés au marché français et avons même créé une plateforme « e-commerce » pour nous rapprocher de nos partenaires. Nous avons lancé ce projet en septembre dernier. Si nous connaissons aujourd’hui un si bel essor, c’est grandement grâce à nos magasins partenaires qui représentent la marque. Tout en tenant compte de cet écosystème, nous avons mis en place un dispositif « click and collect ». Le consommateur final commande sur le site e-commerce le produit Roger Pradier mais n’est pas livré : il doit se rendre dans un magasin partenaire Roger Pradier pour retirer son produit. C’est une façon d’apporter notre aide à nos partenaires et d’augmenter leur taux de fréquentation.
Le groupe Rivalen est récemment passé « entreprise à mission ». Concrètement, comment cela se traduit-il pour les différentes sociétés qui le composent ?
Jean-Michel Vergain – Roger Pradier, Sécurlite, Brossier Saderne et Luzeva doivent se fixer des objectifs à dimension sociétale et environnementale ; par exemple, nous allons installer des panneaux photovoltaïques sur le toit de l’usine. Nous réfléchissons à un modèle d’écoconception : notre designer est prêt à changer les proportions des produits afin de limiter les déchets en ce qui concerne les matières utilisées. Roger Pradier a 112 ans d’existence et se projette dans l’avenir : tous les investissements et les projets actuels visent à assurer le développement et l’essor de la marque aussi bien au niveau national qu’international. Nous souhaitons ainsi répondre aux enjeux d’aujourd’hui et de demain tout en gardant notre savoir-faire centenaire et en favorisant la montée en compétence de nos équipes.
Propos recueillis par Isabelle Arnaud