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Formation des compétences diverses, pourquoi ?

Les compétences des électriciens sont multiples et précises, de l’installation au dépannage. Il doit avoir plusieurs connaissances en lecture des plans et des schémas, en automatismes, en normes techniques, dans les procédures de sécurité et d’électricité. Il doit également connaître la VDI, l’électronique, les éclairages, la domotique, être capable d’installer du photovoltaïque, être compétent dans les bornes de recharge, savoir souder et avoir des notions de mécanique générale. Son métier l’amène à utiliser les appareils de mesure électrique et les logiciels de gestion de maintenance assistée par ordinateur. Il doit être en mesure d’élaborer des diagnostics, de détecter les dysfonctionnements, et d’appliquer les règles et les procédures de contrôle et de test. Beaucoup de compétences à développer…

Comprendre plus largement

Un excellent exemple de compétences transverses et de multi-compétence est l’ouverture de L’Eco-Campus du bâtiment (94). Ce lieu, premier centre d’enseignement par alternance dédié aux métiers de la transition énergétique, a ouvert ses portes en septembre dernier à Vitry-sur-Seine, en Île-de-France. Il formera des électriciens, des installateurs sanitaires et thermique et des couvreurs et des peintres ! À terme, 1 100 apprentis seront formés chaque année, du CAP au diplôme d’ingénieur.

De son côté, l’École Schneider Electric propose 2 parcours de formation en BTS Domotique et Bâtiments communicants : la première formation en alternance, sur deux ans, et l’autre avec la première année en temps plein à l’école et la seconde année en alternance. Le temps supplémentaire qu’ont les élèves de 1re année est utilisé à la découverte des métiers accessibles via ce BTS, l’accompagnement à la recherche d’entreprise, au développement de modules supplémentaires et complémentaires. Chaque étudiant a un stage en entreprise de 2 mois obligatoire et poursuivra en alternance. Le fait de partager leur temps entre école et entreprise (stage ou apprentissage) permet une meilleure intégration de la formation car c’est du concret, lorsqu’ils l’appliquent avec leur tuteur, ils sont directement confrontés à la réalité du terrain et des clients. « Il faut savoir que les jeunes sortant de bac pro ou bac technologique ne savent pas ce qu’est une GTB ni un bâtiment communicant. Cependant, à la sortie de notre BTS, 60 % de la promo part dans des entreprises de GTB ou smart building, car le marché est énorme et ils y trouvent un domaine riche techniquement et technologiquement », explique Damien Bizart, coordinateur professionnel et technique au CFA Schneider Electric de Grenoble.

 

L’expérience est une lanterne attachée dans notre dos qui n’éclaire que le chemin parcouru.
Confusius

 

Des formations toujours plus riches

Dans l’École Schneider Electric, les formations sont réparties par blocs de compétences sur des modules bien particuliers comme la mise en service d’un système d’éclairage en Dali. Mais tout ne peut y figurer. Alors pour tous les aspects supervision et communication, où sont abordés les protocoles, des modules de compétences spécifiques sur les différents protocoles sont proposés. C’est beaucoup plus académique pour être assimilable.

« Nous formons des BTS Domotique et Bâtiments communicants, donc nous considérons que les bases en électricité sont acquises. Par exemple, concernant les apprentissages autour des bornes de recharge, nous avons une approche par contrainte amenée par ce matériel et comment s’en servir pour la répartition énergétique par le bâtiment. Nous ne traitons pas l’installation en tant que telle. Pour le photovoltaïque, nous travaillons sur le dimensionnement en tenant compte des spécificités du bâtiment et des attentes des maîtres d’ouvrage. Ainsi, nous les emmenons sur l’autoconsommation ou sur la gestion intelligente de l’énergie dans les bâtiments pour réduire les consommations et l’empreinte carbone », ajoute Damien Bizart. Tout cela au regard des réglementations et normes (décret BACS, décret tertiaire, RE2020…). Dans une pédagogie en alternance, du CAP à l’ingénieur, l’Eco-Campus va déployer un apprentissage transversal qui permettra d’accélérer l’adéquation entre le besoin de transformation des métiers du bâtiment et les enjeux d’économie d’énergie de la construction. « Le renommé CFA Delépine a donc déménagé pour intégrer de nouveaux locaux plus modernes, plus fonctionnels et plus adaptés aux méthodes de formation modernes », explique Laurent Declercq, directeur du CFA Delépine intégré à l’Eco-Campus.

Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Île-de-France, inaugure l’Eco-Campus Paris.
Damien Bizart – coordinateur professionnel et technique au CFA Schneider Electric.

Compétences techniques diverses

« Nous insistons beaucoup sur la communication des produits. Dans le bâtiment, les produits communiquent et deviennent connectés. C’est extrêmement important de comprendre les protocoles et la communication des produits et systèmes. Nous avons d’ailleurs un module spécifique sur la cybersécurité. Nos étudiants, âgés pour la plupart d’une petite vingtaine d’années, n’ont pas pleinement conscience des problématiques de la sécurité des données et la cybersécurité », précise Damien Bizart. Comme le spécifie Damien Bizart, pour les jeunes, le digital, c’est avoir un smartphone, prendre des photos stockées sur le cloud et échanger sur Snapchat. À aucun moment ils n’imaginent une problématique de cybersécurité. Encore moins dans le monde professionnel. « C’est pourquoi nous déployons une formation sur ces sujets en plusieurs phases. La première consiste à expliquer et informer sur les principes, les risques et les aspects sous-jacents. Dans un deuxième temps, nous les éduquons aux bonnes pratiques à adopter. Aussi bien sur des réseaux simples que sur des systèmes complets et complexes », ajoute-t-il. Cette problématique a été mise en lumière avec la cyberattaque dont a été victime l’hôpital de Corbeil-Essonnes et qui avait ralenti son système informatique au point que certains patients ont dû être transférés vers d’autres établissements. Le principe est d’expliquer que quand un système de GTB est installé, il faut penser cybersécurité. D’ailleurs, la demande vient souvent de la DSI. « Par exemple, la partie RGPD (règlement général sur la protection des données), avec l’hébergement des données personnelles des clients, leur est totalement inconnue. Nous l’évoquions déjà dans le module de formation sur le contrôle d’accès, dans un cadre spécifique. Ici, nous appuyons sur la détention des données et sur leur protection et leur gestion. Nous leur conseillons de s’appuyer sur des spécialistes de ces domaines. Nous travaillons sur des modules webservices, IoT et tableaux communicants. Comment récupérer et traiter les données pour les rendre exploitables et apporter plus de services », confie-t-il.

 

Compétences élargies incluant le connecté

L’Eco-Campus constitue un terrain d’exercice grandeur nature pour les apprentis et les formateurs. Les étudiants seront par exemple invités à utiliser leur smartphone comme un outil de pilotage pour tester de nouvelles solutions autour de la gestion de l’énergie. « Nous travaillons à l’élaboration de cours à destination des facility managers/dirigeants pour les former sur les décrets tertiaire et BACS, ou encore sur les réseaux et l’approche d’une GTB pour les électriciens, qui seraient dispensés dans une grande université », explique Benoît Vandenbulcke KNX tutor et associé fondateur de Smart Green Execution, qui déploie et intègre les bâtiments connectés partout en France. « Nous nous développons rapidement et il nous faut disposer d’intégrateurs ayant des compétences précises pour paramétrer un bâtiment connecté », ajoute Benoît Vandenbulcke. L’apprentissage, c’est aussi connaître les autres métiers du bâtiment, car le bâtiment du futur sera transverse et les lots séparés devront être pensés de manière transversale. Le connecté ne se limite pas à chaque lot. « L’échange fera partie des maîtres mots de l’Eco-Campus pour entretenir un lien étroit entre la conception des bâtiments par les ingénieurs et leur entretien par les techniciens. L’objectif est de créer une véritable émulation entre les plus jeunes apprentis – CAP, bac pro – et les étudiants plus aguerris (bac+2, licences professionnelles, ingénieurs) », explique Laurent Declercq du CFA Delépine.

Apprenants et employabilité

L’École Schneider Electric a développé des partenariats avec des écoles basées en Île-de-France et en Maine-et-Loire. Les apprenants sont plutôt locaux autour de ces centres de formation. En revanche, pour Grenoble, la notoriété de l’École Schneider Electric attire des jeunes des régions Aura, Paca et d’un peu partout en France.

« Le taux d’employabilité est de 100 %. Nous n’avons pas assez de jeunes par rapport à la demande des entreprises. 70 % des apprenants poursuivent en licence professionnelle, très souvent avec la même entreprise d’apprentissage. Les 30 % diplômés et sur le marché du travail trouvent directement un emploi, là aussi, en très grande majorité dans l’entreprise qui les ont accueillis pendant leur formation. Cette année, nous avons admis 24 étudiants pour le cursus temps plein/apprentissage et 15 étudiants pour le cursus 2 années en apprentissage. Nous pourrions accepter plus d’étudiants, mais nous avons cette vocation à rester qualitatif tant au niveau du contenu que du suivi et de l’accompagnement », précise Damien Bizart – École Schneider Electric.

« Le lien entre le CFA Delépine, la CSEEE et ses entreprises adhérentes est le nerf de la guerre de la réussite. Il permet une bonne qualité pédagogique et une bonne efficacité. Si le CFA n’était pas lié à la CSEEE, donc aux entreprises adhérentes, il n’y aurait pas une synergie au service de la pédagogie et de la profession aussi efficace. C’est tout un réseau avec des outils de communication qui fonctionnent bien » explique Laurent Declercq. Le réseau représente une forte plus-value pour les entreprises et se répercute sur la formation des apprenants et sur leur qualification.

Inauguration de l’Eco-Campus Paris le 14 octobre, en présence de Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Île-de-France, de Jean-Luc Tuffier, président de l’Eco-Campus du Bâtiment, des organisations professionnelles partenaires, des élus locaux et de représentants des institutions publiques associées à ce projet, l’État, le département du Val-de-Marne et le Grand-Orly Seine Bièvre.

Savoir s’adapter aux situations diverses

De plus, au-delà des techniques propres à chaque métier lié au second œuvre du bâtiment, le centre a ouvert ses enseignements aux domaines juridiques, du management, de la sécurité… Il est également question d’intégrer à l’Eco-Campus un incubateur de start-up et un fab lab.

Un électricien est là pour réaliser tout un processus et non simplement une installation. Savoir gérer les aléas du chantier et de la vie de l’entreprise doit aussi être maîtrisé. Pour les structures bien organisées, cela fonctionne, mais pour les plus petites c’est souvent plus compliqué. C’est-à-dire que s’il n’y a que la compétence technique, le moindre petit souci peut être difficile à gérer. « Dans le bâtiment connecté, l’adaptation est permanente car nous sommes sur un métier transversal qui concerne de nombreux lots du bâtiment. Pour réussir une smart GTB par exemple, il est impératif de comprendre de nombreux protocoles et de maîtriser, par exemple, une boucle d’eau chaude », précise Benoît Vandenbulcke, de Smart Green Execution.

L’électricien n’est pas seulement une personne qui vient faire l’installation avec ses pinces et ses tournevis. Aussi, le rôle de la chambre syndicale est d’être un facilitateur pour ceux qui n’ont pas forcément le temps ni les compétences à déployer. « Ses compétences qui sont acquises sont un jour transmises aux apprentis. Les transmissions se font plus en entreprise, pour le geste technique, que par le CFA, qui va fournir des notions transverses et fondamentales, y compris d’écoresponsabilité, mais cela reste théorique avec néanmoins des cours pratiques qui permettent d’amorcer la mise en pratique. Le geste académique y est appris mais c’est sur le chantier que tous apprennent le plus. Il n’y a que sur le terrain qu’e l’on peut rencontrer des aléas et la réalité, c’est pour cela que la formation s’y complète », conclut Laurent Declercq.

Tous ces éléments rebouclent en permanence. La progression ne peut se faire que si tout le monde est vraiment interconnecté. Lorsqu’un jeune sort du CFA, il n’est pas totalement compétent ni opérationnel et ne dispose pas de l’expérience suffisante. Mais il est en capacité d’apprendre et d’évoluer. Les entreprises récupèrent cette formation académique et ses aptitudes et les font fructifier par l’expérience.

 

Formation QualiPV

Depuis le début de l’année, Qualit’EnR a enregistré 45 nouvelles demandes d’agrément initial de la part d’organismes de formation partout en France. « Ces nouvelles demandes sont portées par la thématique IRVE, d’une part, et par les 6 formations dédiées au solaire thermique et au solaire photovoltaïque. Cela montre que sur un volume de centres de formation agréés relativement stable, le type d’agréments recherché évolue en faveur des thématiques propres au photovoltaïque et au solaire thermique », explique Maxence Olivard, responsable des pôles audit et formation chez Qualit’EnR. Cette tendance est confirmée par l’augmentation du nombre de stagiaires formés sur les référentiels photovoltaïques.

si place sinon on ne le présente pas
« La formation « Générateur PV raccordé au réseau – compétence électricité » continue sa croissance avec une augmentation de 43 % du nombre d’installateurs formés par rapport à 2021. Le module de formation dédié aux installations photovoltaïques de moyennes et hautes puissances a été suivi par plus de 4 700 stagiaires depuis sa création en 2019, la croissance est de 68 % par rapport à la même période en 2021. Enfin, le module
« Générateur photovoltaïque raccordé au réseau – compétence intégration au bâti » conserve le même volume de stagiaires par rapport à l’année dernière (+3 % par rapport à 2021) », détaille Maxence Olivard.

Suivi mensuel de l’activité du pôle formation Qualit’EnR.

 

Formapelec et Trace Software International ont signé une convention de partenariat pour le développement de formations techniques dans le domaine du génie électrique.

Ensemble, les deux sociétés ont défini des accords de collaboration dans le cadre des formations techniques qui seront dispensées par Formapelec avec les logiciels professionnels de l’éditeur Trace Software Internationnal.

Ce partenariat a pour objectif d’accompagner les professionnels de l’énergie dans le développement de compétences en conception et gestion de réseaux électriques, mais également d’installations photovoltaïques. Pour ce faire, des programmes de formation spécifiques seront élaborés avec les gammes de logiciels elec calc™, pour le calcul et le dimensionnement électrique, et archelios™ Suite pour la conception d’installations solaires.

 

 

 

 

David Le Souder: Rédacteur en chef magazine Electricien+ en charge du développement de www.filière-3e.fr Dirigeant de l'agence de communication Mediaclass et responsable marketing opérationnel indépendant; Master marketing industriel. De 1998 à 2007 : responsable communication chez SICK AG De 2007 à 2009 : responsable communication chez Siemens Industry Automation and Drives Technology Depuis 2009 : responsable marketing opérationnel indépendant.