Les chefs d’entreprises sont tous conscients de la nécessité d’améliorer leur empreinte écologique et de réduire leurs consommations électriques. Mais il manque souvent le coup de pouce décisif que les pouvoirs publics peuvent apporter avec des dispositifs fiscaux bien ciblés… Une chronique de Julien Arnal, président du Syndicat de l’éclairage.
Présidé par Julien Arnal, le Syndicat de l’éclairage regroupe une cinquantaine d’industriels, des groupes internationaux aux PME, représentant plus de 60 % du marché et 7 000 emplois en France. Il défend les intérêts des fabricants à un niveau national et européen auprès de l’administration, des organismes de la filière, des bureaux d’études, des concepteurs et noue des partenariats avec ces mêmes institutions.
Comme la modernisation des installations d’éclairage est appelée par la Commission de régulation de l’énergie, par RTE, et que son intérêt est rappelé dans un tiers des pages du plan de sobriété du gouvernement, on s’attendrait à ce que ces travaux bénéficient de dispositifs d’incitation fiscale pour que les entreprises engagent sans tarder ces travaux, dont les gains et le temps de retour rapides sont admis par tous.
Or, des faits récents viennent contrarier cet espoir.
Dans le cadre de l’examen du Projet de loi de finances pour 2023, trois députés ont proposé un mécanisme fiscal de suramortissement visant à inciter les entreprises à rénover leur éclairage en accélérant le basculement vers la led. Rejetée en séance, cette mesure est pourtant un levier simple et pratique pour aider les entreprises. Si, comme le proclame le plan de sobriété présenté par la Première ministre, « dans les bureaux, moderniser l’éclairage, l’associer à des automatismes de détection de présence et d’asservissement à la lumière du jour, c’est réduire immédiatement de 10 % sa facture électrique globale », pourquoi rejeter sans débat cette mesure fiscale ?
Le dispositif de crédit d’impôt pour les TPE et PME en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments à usage tertiaire devrait être prorogé. Pourquoi la rénovation des installations d’éclairage n’est-elle pas éligible ?
Exclure l’éclairage de ces dispositifs d’aide ou d’incitation, c’est ignorer que plus des trois quarts des éclairages existants dans le tertiaire, les commerces ou l’industrie ne sont pas encore en led. Il existe donc un énorme potentiel d’économies en remplaçant ces luminaires d’anciennes technologies par des luminaires led, associés à des automatismes de détection de présence et d’asservissement à la lumière du jour.
Sans coup de pouce de Bercy fléché vers la rénovation de l’éclairage, les faibles montants investis par les entreprises pour rénover le parc d’éclairage ne permettront pas le passage à l’échelle, et donc une rénovation réellement efficace.
La crise énergétique et l’urgence climatique nous obligent à voir au-delà des enjeux de cet hiver pour appréhender de front la réduction de l’empreinte carbone, le bien-être des Français, la préservation de la biodiversité et la résilience face aux chocs climatiques inévitables de la prochaine décennie. Tout ceci plaide en faveur d’un plan de rénovation plus global et de mesures, non plus d’urgence, mais structurelles et ambitieuses en termes de rénovation du parc d’éclairage tant intérieur qu’extérieur.