Prix du concours Lumières 2022

1er prix
1er prix : Moulins Communauté (03) - Mise en lumière du Pont de fer, concepteur lumière : Pierre Nègre, Atelier Lumière - Installateur : CEME - Matériel éclairage : LEC ©Jean-Marc Tessonnier / Nadine Bourleau.

Le 18 mai dernier le jury du Concours Lumières, organisé par le SERCE, présidé par Guy Geoffroy, président de l’association des Éco Maires, par ailleurs Maire de Combs-la-Ville, a décerné les 3 prix du concours 2022. Les quatre lauréats se sont distingués parmi les 15 dossiers qui étaient en compétition. Depuis sa création en 1987, le concours a récompensé plus de 150 réalisations. Chaque année, de nombreux maîtres d’ouvrage publics et privés, des concepteurs lumière et des installateurs accordent leur savoir-faire pour sublimer des éléments du patrimoine, historique ou contemporain, des espaces réhabilités, voire des sites industriels, comme en atteste le palmarès de cette 33e édition.

Le premier prix est décerné à l’unanimité par Moulins Communauté (93) pour la mise en lumière du Pont de fer. Le second est attribué à l’agglomération de Saint-Quentin en Yvelines (78) pour la mise en valeur de la Place de la République, La commune de Lussan (30) et la ville de Pantin (93) se partagent la troisième place ex æquo pour la mise en valeur du château du village et de l’Hôtel de Ville.
Le jury a fondé son appréciation sur différents critères tels que la cohérence du projet par rapport à son environnement, sa fonction ou encore le passé historique du site mis en lumière. Très sensibilisé à l’impact environnemental de l’éclairage, il a également pris en compte la performance énergétique de l’installation, l’intégration des équipements pour réduire son impact visuel ainsi que la réduction des nuisances lumineuses.

LE JURY
Autour de Guy Geoffroy, président du jury, étaient réunis pour délibérer : Milena Chessa, journaliste au service “Architecture & Urbanisme” de la rédaction du Moniteur, Stéphane Delagneau, conseiller municipal délégué à l’Assainissement et à l’Éclairage public de la ville de Longjumeau et chef de service Réseaux – Éclairage public – Assainissement de Grand Paris Seine Ouest (GPSO), Jeremy Deville, conseiller régional “Éclairage public” du SERCE pour la région Île-de-France, Benjamin Thebaud, directeur général et co-fondateur de Land’Act, Agence d’urbanisme et de paysages.
Les remises de prix auront lieu en région cet automne.

1er PRIX  : Moulins Communauté (03) Mise en lumière du Pont de fer
Concepteur lumière : Pierre Nègre, ATELIER LUMIÈRE
Installateur : CEME
Équipements : LEC

1er prix
1er prix©Jean-Marc Tessonnier / Nadine Bourleau.

Depuis quelques années, Moulins Communauté mène une politique de développement, axée notamment sur la reconquête de la rivière Allier. Une démarche à laquelle répond la conversion de cet ancien pont ferroviaire, transformé depuis 2019 en passerelle ouverte aux piétons et aux cyclistes.
Trois espaces distincts ponctuent la promenade : l’observatoire des jardins ; le belvédère, au centre de l’ouvrage, en surplomb de la rivière ; la tour nuage, où le promeneur traverse un nuage de Fraîcheur (créé par un brumisateur), et se trouve immergé au niveau de la cime des arbres. Ces différents points de vue révèlent ainsi aux promeneurs les abords de la rivière et de la ville plus lointaine.
La mise en lumière du pont de fer est dynamique. Elle alterne une série de petites séquences d’éclairage “mouvantes” entrecoupées de séquences fixes, afin de suggérer le passage des trains tout en accompagnant ainsi par le mouvement la déambulation des promeneurs.
La structure du garde-corps est révélée par un éclairage rasant (blanc et rouge), dont la programmation permet de varier l’intensité de la couleur pour évoquer le mouvement des trains.
Des mâts spécifiques éclairent le cheminement piétonnier, tandis qu’à leur sommet, des lanternes inspirées du monde ferroviaire balisent l’ouvrage. Depuis les berges, seuls le liseré du garde-corps et la balise du mât sont perceptibles.
Sous l’ouvrage, la mise en scène des croix valorise l’architecture en acier de la passerelle. Une balise rouge au centre des croix est éclairée avec une lente palpitation. Au moment des séquences dynamiques, les branches des croix s’animent, créant des cercles qui se déplacent de piles en piles à des vitesses et sens variables.
Tout en veillant à ne pas éclairer la rivière, l’éclairage se concentre ainsi sur le cheminement piétonnier, dont le flux est abaissé à partir de 22 h.

Le jury a aimé le soin apporté à la réflexion préalable qui confère une véritable cohérence au projet, notamment en termes d’intégration paysagère, et le juste équilibre qui s’en dégage, tout en élégance et discrétion. Techniquement, les précautions prises en matière d’intégration des sources, la modulation de l’intensité lumineuse et le choix de la couleur rouge, moins nocive pour la biodiversité, contribuent grandement à la réussite de cette mise en valeur.

2e PRIX : Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines (78), Place de la République
Concepteur lumière : Marc Dumas, DUMAS LUMIÈRE
Installateur : STPEE
Matériel d’éclairage : SELUX

2e prix
L’esplanade et la pergola ©Dumas Lumière. Marc Dumas

Véritable colonne vertébrale, directement connectée à la gare et aux quartiers environnants, la Place de la République de la Communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines a été récemment réaménagée.
L’objectif de la mise en lumière de ce lieu de passage très fréquenté a consisté à renforcer son attractivité, pour que les passants se réapproprient l’espace, en s’y trouvant bien, tout en ressentant un sentiment de sécurité. L’originalité du projet repose sur un éclairage périphérique des circulations, à l’aide de bandeaux de lumière, en maintenant au centre une obscurité tapissée de pétales de roses, rappelant la roseraie située à proximité.
La pénombre, ainsi placée sur le trajet des passants apaise le parcours et active un imaginaire de rêve, de poésie, les extirpant momentanément de leur quotidien.
Sur la place, la sculpture de Ladislas Schwartz, “Marbre gris”, est discrètement éclairée par un projecteur à découpe permettant d’éclairer l’œuvre, sans débordement, ni ombres portées au sol.
Un soin particulier a été apporté au choix des leds en termes de rendement lumineux et de qualité de projection d’images. Le verre strié des luminaires utilisés pour l’éclairage fonctionnel permet de créer une transition douce avec l’écran de pénombre sur lequel sont projetés les pétales à l’aide de projecteurs à gobos. La colorimétrie des images projetées a été spécialement étudiée : les tons rouge, magenta et jaune ont un impact moindre sur la biodiversité.

©Casquy-Christian Lauté / Dumas Lumiere / Agence Francois Brun

Le jury a aimé le juste équilibre entre éclairage fonctionnel et utilisation de jeux d’ombres et de lumière, pour surprendre et déconnecter piétons et cyclistes d’un environnement très urbain, en animant cet espace d’une toute autre ambiance.

3e PRIX ex æquo

Commune de Lussan (30) Mise en lumière du Château
Concepteur lumière et installateur : Valette ETE
Matériel d’éclairage : WE-EF

©Valette ETE

Situé à 20 km au nord d’Uzès (Gard), le village de Lussan (500 habitants) est perché sur un piton rocheux d’où il embrasse un paysage ouvert sur les Cévennes et le Mont Ventoux.
Labellisé “Village de caractère” en 2013 et “Plus beaux villages de France” en 2016, Lussan a conservé sa structure médiévale comme en témoignent les vestiges de ses remparts, ses ruelles étroites et ses vieilles maisons de pierres autour du château du XVe siècle qui abrite l’actuelle mairie.
La municipalité a souhaité renforcer son attractivité en mettant en lumière les façades Sud et Est, ainsi que les tours et le mur de soutènement, tous visibles depuis la plaine. Un éclairage rasant blanc (température de couleur de 4 000 °K) permet de restituer les coloris naturels de la pierre et des rochers. Il met également en valeur l’osmose réussie entre le bâti et son socle rocheux en projetant les ombres des excroissances rocheuses et des végétaux s’accrochant aux parois. La façade sud et l’horloge sont éclairées par un éclairage directionnel. L’intégration des équipements a été particulièrement soignée pour dissimuler aux regards les appareils et les passages de câbles.
Ainsi mis en lumière, le château de Lussan se signale alentour et renforce l’attractivité de la commune.

Le jury a aimé la qualité et l’efficacité du projet réalisé avec de moindres moyens (17 points lumineux pour une puissance de 356 W et un budget de 37 000 € TTC).
Un exemple à suivre !

Ville de Pantin (93) Mise en lumière de l’Hôtel de Ville
Concepteur lumière : NOCTILUCA
Installateur : CITEOS Grands projets
Programmateur : LUMIÈRES UTILES
Matériel d’éclairage : ANOLIS – LEDLINEARPROLIGHT MOSAICOSOKA – MCI – PHAROS

©Olivier Hannauer

À l’occasion de la restauration des façades et de la toiture de l’Hôtel de ville, la municipalité a souhaité mettre en valeur cet édifice, érigé à la fin du XIXe siècle. Situé à la croisée d’avenues, à proximité de la gare RER et du Canal de l’Ourcq, le bâtiment est visible de toute part.
Le carrefour des 4 Chemins étant généreusement éclairé, le projet a consisté à trouver le juste éclairage pour ne pas surenchérir mais créer une nouvelle poésie. Pour renforcer sa visibilité dans la ville une fois la nuit tombée, les éléments mis en lumière ont été volontairement réduits aux détails verticaux.
Sa toiture et son faîtage sont soulignés par un éclairage guidant le regard vers le haut. La hauteur du campanile (47 m), qui abrite une horloge et un carillon, est révélée par un éclairage depuis l’intérieur. Les matériaux et éléments architecturaux, en particulier les angles verticaux riches de modénatures, grotesques, armoiries de la république, blason de la ville, têtes de lions (symbole de force républicaine) sont également soulignés par des réglettes leds.
L’ambiance nocturne variant selon les saisons, la mise en lumière diffère en hiver, en parant le bâtiment d’une lumière blanc chaud, alternant avec une tonalité de blanc neutre (presque froid) en été. Le passage d’une teinte à l’autre est imperceptible, elle change progressivement au cours des trois mois lors de la saison.
Entièrement réalisé en leds, un travail de sélection photométrique a permis de n’éclairer que les surfaces définies, en évitant toute déperdition vers le ciel. En n’éclairant que les éléments les plus visibles, la quantité de flux installés a été réduite. Un soin particulier a été apporté à l’intégration des équipements et des sources lumineuses. Des encastrés de sol soulignent les angles verticaux de l’architecture, le reste du matériel étant installé sur la façade, dissimulé aux regards.

Le jury a aimé l’harmonie, la qualité d’installation et d’exécution de cette mise en lumière sobre, n’éclairant que “ce qu’il faut”.

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