Les zones ATEX sont caractérisées par des espaces constitués d’un mélange d’air et de substances inflammables, qu’il s’agisse de gaz, de vapeurs, de brouillards ou de poussières. Au contact de sources de chaleur ou d’étincelles, ces réactifs peuvent générer une explosion ou s’enflammer. L’installation d’équipements électriques et de sources lumineuses dans les espaces ATEX nécessite donc un ensemble de précautions, définies à l’aide d’une étude préalable et d’une définition des zones. José Manuel da Silva, chef de Produits ATEX, AE&T, revient sur les règles à respecter dans les zones ATEX, les contraintes pour l’installation et la gestion de l’éclairage et présente les nouveautés dans le domaine.
Pouvez-vous définir les zones ATEX et leurs différents niveaux ?
José Manuel da Silva – Les zones ATEX sont classifiées en trois catégories, qui définissent les niveaux de protection des appareils à installer selon les différents espaces. La catégorie n° 1 implique un très haut niveau de protection, en raison d’une présence de gaz constante. La catégorie n° 2 implique un haut niveau de protection, car un mélange explosif peut être présent régulièrement ou probablement. La catégorie n° 3 nécessite un niveau normal de protection, avec un mélange explosif ayant une faible capacité à se manifester. Les organismes de certification prennent en compte l’aération ou le confinement des espaces lors de la définition des zones. Ces trois niveaux de protection sont valables aussi bien pour le gaz que pour la poussière. Il y a donc six zones au total, trois zones gaz classifiées 1G, 2G, 3G et trois zones poussière classifiées 1D, 2D et 3D. Pour les poussières, la compression et l’extension des gaz crée un risque d’inflammation des composés, notamment la farine, les copeaux de bois, ou encore le sucre. Le mélange de poussière, d’oxygène et de chaleur peut créer une explosion, et la poussière est considérée comme étant plus imprévisible que le gaz. Les équipements choisis dépendent donc de la zone d’implantation. Le zonage est sous la responsabilité du chef d’entreprise, qui doit l’inscrire au document unique, dans le document relatif à la protection contre les explosions (DRCPE). Les grandes entreprises font appel à des organismes de certification pour effectuer le zonage, alors que les petites entreprises surqualifient parfois les zones pour ne pas prendre de risques. Plus la catégorie de l’équipement est élevée, plus son prix est élevé.
Quelles sont les contraintes des zones ATEX concernant l’éclairage ?
J. M. D. S. – Par exemple, les tubes fluo prennent un petit temps d’allumage, génèrent une petite étincelle et de la chaleur. Pour qu’une explosion se déclenche, une étincelle n’est pas forcément nécessaire, car certains composés réagissent à une chaleur un peu trop élevée. C’est pour cette raison qu’il est interdit d’utiliser son téléphone portable dans les stations-service, car l’échauffement des composants du téléphone pourrait suffire à générer une explosion. Dans les zones ATEX, il faut donc installer des luminaires qui chauffent le moins possible. La led a donc apporté une véritable amélioration. En ATEX, il y a plusieurs contraintes pour implanter les luminaires. Il faut savoir où installer le luminaire pour disposer d’une alimentation, car un éclairage homogène est nécessaire selon l’activité de la zone. Il y a également des contraintes liées aux produits. Il faut que les luminaires éblouissent le moins possible, car cela pourrait être dangereux pour les opérations. La hauteur des espaces d’implantation complique la maintenance des produits, car les luminaires ATEX sont bien plus lourds que des solutions standards.
Quelles solutions sont préconisées aujourd’hui ?
J. M. D. S. – La définition des zones est le point de départ de l’installation. Il faut ensuite réaliser un plan du site pour connaître l’environnement et réaliser une étude d’éclairement. Enfin, il convient de choisir les équipements adaptés et leur lieu d’installation, afin d’éclairer uniformément, sans éblouissement et avec le moins de produits possible, pour réduire au maximum la maintenance. Le logiciel DIAlux permet de réaliser des études d’éclairage et de récupérer les résultats en lux. En plus de DIAlux, notre logiciel propriétaire ChalmLite fonctionne selon le même principe, mais de manière beaucoup plus simple. Le logiciel ChalmLite intègre tous les produits AE&T et permet d’importer des produits tiers pour réaliser des simulations d’éclairage, afin de les présenter aux clients. Selon les espaces du site ATEX, les niveaux d’éclairement requis diffèrent. Les entrepôts doivent disposer de 125 lux, contre 450 lux pour les bureaux et 625 lux pour les ateliers d’assemblage. Les points d’éclairage doivent être définis en fonction de ces besoins. Ensuite, il faut choisir le produit le plus adapté selon la zone. Dans les lieux de passage, les hublots sont préconisés. Dans les entrepôts, nous orientons nos clients vers des suspensions pour éclairer vers le bas. En extérieur, un projecteur est mieux adapté. Pour les opérations ponctuelles, un luminaire transportable, type mini-projecteur, est particulièrement adapté. AE&T propose une nouvelle génération de luminaires led ATEX et industriels.
Comment gérer l’éclairage des zones ATEX ?
J. M. D. S. – Les solutions de gestion de l’éclairage sont en cours de développement chez nous. La plupart des demandes concernent des solutions de surveillance de l’état de fonctionnement des luminaires, afin de permettre aux gestionnaires de réaliser de la maintenance préventive. Aujourd’hui, les informations sur l’état du luminaire sont accessibles par contrôle visuel, avec des voyants de couleur selon l’intervention à réaliser, ce qui est assez chronophage. Concernant le pilotage à proprement parler et la création de scénarios d’éclairage, des solutions devraient sortir prochainement. Cela permettrait de réduire le temps d’allumage des luminaires et de diminuer la consommation énergétique et la pollution lumineuse. En ATEX, il n’est pas rare de voir des luminaires allumés jour et nuit, quel que soit le niveau d’activité. Lorsqu’un composant est ajouté à un luminaire ATEX, il est obligatoire de repasser l’ensemble des certifications. Si nous intégrons de la connectivité, nos luminaires devront donc repasser par un processus de certification.
Pouvez-vous présenter vos solutions ?
J. M. D. S. – Notre dernier produit sorti est un projecteur, l’Evolution X, qui est une version led de notre ancienne génération Evolution. Le projecteur est proposé en différentes puissances, trois flux, 20 000, 30 000 et 40 000 lm, et peut remplacer le traditionnel projecteur 400 W sodium haute pression. La principale nouveauté est sa légèreté, ce qui est un point clé pour les zones ATEX. La source est scellée et ne nécessite aucune maintenance, et les modules de raccordement et les batteries sont à part. Il est possible de commander le luminaire en deux parties séparées, pour installer la source en hauteur et la boîte de raccordement en bas, afin de simplifier considérablement la maintenance. Nous proposons également un luminaire autonome, Projecta X, qui fonctionne sur batteries. Enfin, l’un des enjeux actuels en ATEX est le renouvellement des luminaires, qui sont progressivement remplacés par des led. Pour l’ensemble de nos anciens luminaires fluorescents, nous proposons des modules pour faire du rétrofit. Il suffit aux installateurs d’extraire les sources fluo pour les remplacer par des sources led adaptées aux anciens équipements.
Propos recueillis par Alexandre Arène