Quels sont, selon vous, les principaux enjeux de la transition énergétique des bâtiments ?
Anne Valachs – Je distingue deux enjeux principaux. Le premier concerne la réduction des consommations énergétiques, avec un important volet réglementaire composé du dispositif écoénergie tertiaire, du décret BACS et de la RE2020. Aujourd’hui, la hausse des coûts de l’énergie montre la nécessité d’accélérer le mouvement de la rénovation énergétique des bâtiments. Le second enjeu concerne le carbone, avec les défis liés à la décarbonation de l’énergie et du bâtiment. Pour décarboner les bâtiments, il faut agir à la fois sur le poids carbone des matériaux, en favorisant des solutions plus durables, et sur l’origine de l’énergie utilisée. Le développement de contrats de performance énergétique (CPE), dont les adhérents du Serce sont les précurseurs, est un formidable outil pour réduire les consommations d’énergie et atteindre les objectifs réglementaires du décret tertiaire.
Comment les solutions numériques peuvent-elles y contribuer ?
A. V. – Pour réduire les consommations dans la durée, il est essentiel de piloter les bâtiments pour équilibrer les appels de puissance avec les besoins réels et les usages des occupants. En combinant GTB, mesures et supervision, les gestionnaires des bâtiments sont alertés sur les dérives de consommations et peuvent agir rapidement. Si les bâtiments utilisent des énergies renouvelables, il faut aussi piloter la production et l’utilisation de l’énergie selon l’heure de la journée. Le développement du véhicule électrique va également demander des appels de puissance supplémentaires qu’il faudra piloter. Le numérique est la colonne vertébrale du bâtiment intelligent. Il est indispensable pour réaliser une véritable transition énergétique. Enfin, les bâtiments doivent faire preuve de flexibilité et évoluer pour accueillir des usages différents. C’est l’un des enseignements de la crise sanitaire avec le développement du télétravail.
Le décret BACS, le décret tertiaire, France Relance et la RE2020 vont dans le sens du déploiement des solutions numériques pour le bâtiment. Quel est l’impact de ces textes sur l’activité de vos adhérents ?
A. V. – La mise en œuvre de ces différentes réglementations repose sur des connaissances techniques et la compréhension des usages du bâtiment. La réglementation a un impact positif sur l’activité de nos adhérents, dont les compétences permettent de répondre précisément aux besoins de leurs clients. Nous constatons une réelle prise de conscience des propriétaires de bâtiments, de plus en plus intéressés pour engager la rénovation énergétique de leur patrimoine immobilier.
Quels seront les temps forts du SERCE pour l’année à venir ?
A. V. – Le Serce est au cœur des enjeux de la transition énergétique et numérique. Nos principaux sujets à venir concernent la montée en puissance du décret tertiaire, la décarbonation des bâtiments, via la consultation que va lancer le ministère de la Transition écologique, mais aussi le programme de la Commission européenne « Fit for 55 », qui révise les directives sur les énergies renouvelables, sur la performance énergétique du bâtiment et sur les carburants alternatifs. Des sujets au cœur de l’activité de nos adhérents. Les consultations sur la future loi de programmation énergie climat 2023 et la Stratégie bas carbone (SNBC) démarreront également cette année. Enfin, les sujets liés à la transition énergétique dans les débats de l’élection présidentielle seront un autre temps fort de l’année. 2022 verra aboutir les travaux menés et les compétences développées par nos adhérents ces dix dernières années.
Propos recueillis par Alexandre Arène