X

RE2020, comment impacte-t-elle le chauffage des immeubles collectifs ?

PAC monobloc cascadable unité de 30 kW, fluide CO2 Hydragreen 2, Atlantic©DR

RE2020 : la filière chauffage s’y prépare depuis plusieurs années
La RE2020 repose sur une « transformation progressive des techniques de construction, des filières industrielles et des solutions énergétiques ». « LeE+/C- préfigurait les principes qui s’imposent aujourd’hui avec la RE2020 et a été suivi de près notamment pour préparer l’évolution des systèmes énergétiques actuels et futurs permettant d’y répondre », introduit Christian Bonnet, responsable marketing Produits Collectifs du Groupe Atlantic.

Une préparation effectuée par beaucoup d’acteurs. « Apave s’y est attelé également de par son positionnement et son ambition à être facilitateur de ce changement, et a anticipé dans ses missions d’AMO et de contrôles techniques les exigences réglementaires RE2020, avec notamment l’appui d’outils logiciels de calcul des émissions carbone », explique Céline Granoux, responsable technique national AMO Labels et Certifications environnementales au sein d’Apave.

Gwenaëlle Secretan, responsable du centre de formation Le Campus Zehnder
©DR

Pour Zehnder, Gwenaëlle Secretan, responsable du centre de formation Le Campus Zehnder, explique que « la mesure des ambitions de la RE2020 a été appréhendée très tôt, il y a bientôt 5 ans, et c’était important car on est sur une évolution globale de nos gammes de produits depuis la conception, la fabrication, le transport, pour notamment rendre minimal l’impact climatique des produits à tous les niveaux du cycle de vie ».

Sur le volet formation, installateurs et artisans ont besoin de monter en compétences, pour bien appréhender tous les impacts de la ventilation sur le projet de construction, mais aussi sur les apports des solutions DF en besoins de chaud ou de rafraîchissement, sur l’importance de l’isolation, de la bonne mise en place et de l’entretien des réseaux.

Ainsi, différents niveaux de cursus sont proposés pour former au métier de « ventiliste », avec aussi des formats courts et en ligne, les « Flash Training », qui sont très demandés dans le contexte actuel, complète-t-elle.

Nathalie Raso, chef
de produit Radiateurs
chauffage central et
Plafonds climatiques
Zehnder.
©DR

Pour Nathalie Raso, chef de produit radiateurs eau chaude et plafonds climatiques de Zehnder, « la mise en œuvre de la RE2020 vient confirmer nos orientations stratégiques visant à garantir le confort des occupants en toute saison avec notre offre produits, limiter les consommations d’énergie et l’impact sur le changement climatique et favoriser la part des énergies renouvelables, que ce soit en usine et en logistique et tout au long du cycle de vie des produits : programmes de réduction des déchets et usage de matériaux recyclés, compatibilité des émetteurs avec les générateurs à énergies renouvelables ou encore une flotte de véhicules en biogaz ».

Ils ne sont pas les seuls, et globalement, la profession s’est plutôt bien mobilisée, notamment avec la création de fiches PEP communes multifabricants qui sont les points d’entrée indispensables pour l’analyse carbone au sein de la RE2020.

Le vecteur énergie gaz encore possible en 2022

«L’objectif du tout nouveau volet carbone de la RE2020 est de permettre une diminution progressive, par jalons – 2022, 2025, 2028, 2031 – des émissions de GES et donc des seuils carbone tous les 3 ans, à la fois dans le choix des matériaux de construction et dans le choix du système énergétique. Pour ce dernier, les incidences sur le chauffage pour l’habitat collectif seront de plus en plus impactantes, avec une sortie progressive des énergies fossiles telles que le gaz et le fioul », explique Florent Jaafar, thermicien et référent technique national RE2020 pour Apave.

«En 2022, la RE2020 permet de continuer sur des solutions énergétiques connues 100 % gaz, mais les exigences sur les indicateurs réglementaires vont se renforcer fortement en 2025, entraînant une sortie progressive du gaz comme vecteur énergétique unique », détaille Christian Bonnet, d’Atlantic.

À partir de 2022, pour les logements collectifs, le seuil pour l’indicateur carbone énergie sera de 560 kg d’équivalent CO2/m² sur l’ensemble des consommations énergétiques du bâtiment. Ce seuil sera divisé quasiment par deux en 2025, avec un objectif de valeur de 260kg équivalent CO2/m². De fait, le vecteur gaz comme source unique sera exclu. L’objectif principal de ces seuils étant de favoriser progressivement les énergies non carbonées. Les impacts sur les logements individuels et collectifs concernent le chauffage et l’énergie, avec d’une part la suppression des solutions 100 % gaz dès 2025 dans les logements collectifs, et d’autre part, le nécessaire recours à une source de chaleur renouvelable (pompe à chaleur, énergie bois, réseaux de chaleur, énergie solaire – panneaux photovoltaïques).


Un livre blanc pour décrypter et vulgariser la RE2020, à lire sans modération

« Ce livre blanc, rédigé par les experts Apave, est à la disposition des acteurs de la construction pour les aider à mieux comprendre le dispositif de la RE2020 et appréhender l’intégration de ses impacts dans leur projet. » Téléchargez le livre blanc

Il y est notamment détaillé une simulation d’étude avec le moteur de calcul de la RE2020, pour une typologie classique type d’un bâtiment collectif de 37 logements neufs avec une simulation.

À partir d’hypothèses sur l’enveloppe, notamment une isolation renforcée des parois et des orientation et compacité optimales du projet, différents systèmes de chauffage sont simulés. Sont alors détaillés, suivant les zones climatiques, les résultats entre chaudière gaz individuelle et PAC collective.

« On y trouve également un tableau de synthèse avec les différents systèmes énergétiques possibles au regard des seuils de 2022 et 2025, et ce, compte tenu de la diminution ciblée de l’empreinte carbone », ajoute l’experte Apave.


PAC Effipac Atlantic au R32.
©Atlantic

Horizon 2025 : place à l’hybridation et aux sources d’énergie multiples

À partir de 2025, les solutions hybrides vont avoir toute leur place et il est à prévoir une accélération progressive de l’usage de solutions à base de pompes à chaleur (PAC), soit PAC seule, soit PAC couplée à du gaz. « Mais d’ores et déjà, nous pouvons proposer des solutions 100 % énergies renouvelables avec nos solutions Effipac et Hydragreen2 », souligne Christian Bonnet, du Groupe Atlantic. « Fin de 1er trimestre 2022, pour les applications collectives est mise sur le marché la toute nouvelle solution Effipac au fluide R32, ce qui va s’avérer particulièrement pertinent pour l’impact carbone dans le projet de construction RE2020 », explique l’expert d’Atlantic. C’est une PAC monobloc sans liaisons frigorifiques, ce qui peut permettre des déports importants jusqu’à 80 mètres, et elle dispose par ailleurs de sa propre régulation. C’est une solution EnR valorisée dans la RE2020 qui peut couvrir de larges besoins de chauffage avec sa gamme de 14 à 70 kW et qui peut alimenter aussi radiateurs et planchers chauffants.  Elle permet aussi d’assurer la production d’ECS grâce à la solution hybride (gaz + PAC) Hydramax Effipac.

Si l’on aborde la question sous l’angle solution de chauffage individuel ou chaufferie collective, la situation aujourd’hui est aux deux tiers avec usage de solutions individuelles par logement, et cela ne devrait pas beaucoup évoluer avant 2025. À cette date, les solutions collectives seront favorisées, notamment la PAC avec un appoint ponctuel gaz, ou bien encore 100 % PAC. Enfin, n’oublions pas la biomasse, qui est très bien valorisée dans la RE2020, mais est utilisable sous réserve d’une chaîne logistique appropriée, tant pour l’approvisionnement que pour l’évacuation des cendres.

Céline Granoux

Et après 2025 ?

On l’a bien compris, les trois prochaines années sont aussi préparatoires : «La période 2025 à 2028 portera le signe d’un changement profond de l’acte de construction, d’une part pour les systèmes énergétiques, mais aussi, d’autre part, pour les matériaux, car les seuils de la réglementation vont également pousser à l’usage de certains matériaux comme les biosourcés et limiter l’usage d’autres matériaux, et ce, compte tenu de leur impact carbone élevé », conclut Céline Granoux.

Jean-François Moreau


Se chauffer avec la ventilation, c’est possible, et rafraîchir en été… aussi

Astrid Rodier Serpantié
©DR

100 % des besoins de chauffage couverts avec une ventilation double flux ?

« C’est possible, mais uniquement avec une enveloppe ultra performante et ça a été réalisé par Bouygues Immobilier au sein de son programme “Facteur 7”. La ventilation double flux en place couvre les besoins de chauffage des logements, le seul complément est un radiateur électrique sèche- serviettes dans les salles de bains », illustre Astrid Rodier Serpantié, chef de produit ventilation Zehnder.

Quand on parle rafraîchissement en été, sans surventilation nocturne ou PAC réversibles.

« Avec la double-flux ComfoAir Q, il est possible de chauffer ET de rafraîchir. Au-delà du bypass hiver-été classique, nous nous appuyons sur un échangeur de chaleur où, en été, l’air frais sortant rafraîchit l’air entrant : c’est la récupération de fraîcheur. Ce rafraîchissement peut être renforcé par l’utilisation d’un puits climatique (valorisé dans la RE2020), ou par des systèmes de pompe à chaleur.»

À la mi-saison, le bypass modulant s’ajuste et régule au degré près la récupération de chaleur et influe ainsi sur la température de l’air neuf en fonction des conditions extérieures.

Par ailleurs, l’échangeur enthalpique est une technologie qui permet de transférer à la fois la cha­leur et l’humidité d’un flux d’air à l’autre, la régulation du taux d’humidité permettant d’éviter un ressenti de chaleur supérieur à la réalité.

Zehnder ComfoAir Q 350 est la 1re unité de VMC double flux à être certifiée dans la catégorie “Climat très chaud” pour sa récupération de fraîcheur, selon l’Institut Passivhaus (taux de certification de fraîcheur de 87 %).

Des émetteurs réversibles conçus pour bien dispenser la chaleur et… la fraîcheur

©DR

De puissants petits ventilateurs sont associés à un échangeur thermique et renforcent efficacement la puissance calorifique diffusée. La pièce est portée à la température souhaitée de manière réactive et économique. «Ce radiateur offre un rendement particulièrement élevé pour un fonctionnement pourtant très silencieux. Quand le radiateur est alimenté par de l’eau rafraîchie issue d’une pompe à chaleur, il peut être utilisé pour le rafraîchissement lorsque les journées sont chaudes, participant ainsi au confort d’été», explique Nathalie Raso.

Conçu spécifiquement pour la basse température, il chauffe avec une efficacité toute particulière aux températures système comprises entre 25 et 40 °C, celles d’une PAC Air/Eau ou géothermique.

Schéma de principe Acova Fassane-Neo assurant chauffage et rafraîchissement.

 


Les labels et certifications, garde-fous indispensables de la bonne qualité de mise en œuvre

Dans la dynamique qui s’engage avec la RE2020, les certifications, mais aussi les démarches et labels environnementaux, peuvent se révéler clé, car ils vont permettre un suivi phase par phase, y compris en phase chantier.

Les certifications sont : NF HABITAT-NF HABITAT HQE portés par l’organisme Cerqual, les labels BEE et BEE+ (Bâtiment Énergie Environnement) portés par Prestaterre et Promotelec.

Les certifications se sont déjà mises au goût du jour de la RE2020, notamment sur le volet énergétique avec la prise en compte des seuils de la RE2020, le volet carbone avec la réalisation et le contrôle de l’ACV (analyse en cycle de vie)  et sur les dispositions constructives à justifier pour le respect du confort d’été (protections solaires  passives adaptées par orientation du bâti).

Des démarches régionales portent également les sujets de la RE2020 en poussant en amont une réflexion sur le bioclimatisme et la biodiversité – qui reste d’ailleurs une grande oubliée de la RE2020. Ces démarches “Bâtiments Durables” sont affinées par région, tiennent compte des spécificités locales et sont d’ores et déjà présentes et utilisables en PACA, Occitanie, ou encore en Île-de-France, par exemple.

Ces certifications n’influencent pas la dimension chauffage et encore moins le choix de tel ou tel système, mais elles demandent le respect des seuils énergie carbone et confort, ce qui, de fait, influence le choix du système énergétique des projets.

 

Actualités Filière 3e: