Le projet auquel a participé Seulsoleil s’est déroulé en trois tranches, nous en présentons ici une première partie. L’un des principaux objectifs de la rénovation du parc des expositions de la porte de Versailles visait à moderniser les sept pavillons du site afin d’accueillir dans les meilleures conditions des événements d’envergure. Pour cet ambitieux projet, Viparis a fait appel à Valode et Pistre ainsi que trois autres architectes de renom. Lors de la première phase de travaux, le pavillon 7 s’est vu complètement transformé par le cabinet Valode et Pistre et accueille désormais le plus grand centre de congrès d’Europe : le Paris Convention Centre. La façade nord du pavillon 1 a également été refaite (architecte Dominique Perrault), se parant d’une grande peau en tissu métallique argentée, ainsi que l’esplanade du Pavillon 4, qui est désormais pourvue d’un auvent créant un nouvel espace de vie.
La phase 2 du projet s’est concentrée sur le pavillon 6, fusion des pavillons 6 et 8 qui ont été complètement rasés. Il est doté d’un auvent géant, structure imaginée par Jean Nouvel. Il se compose de 15000 m² d’espaces d’exposition, de 250 m² de salles de réunion, d’une salle privatisable de 370 m² et d’une ferme urbaine sur son toit. La dernière phase du projet, en cours cette année, porte sur la restructuration des pavillons 2 et 3 qui se superposent (Christian de Portzamparc intervient sur les façades). L’énorme façade horizontale se verra habillée d’un bandeau animé et lumineux afin de créer « l’horizontal de lumière », et l’intérieur sera modernisé avec une modularité accrue et de grands espaces d’exposition.
Ces grands travaux comprennent également la construction de deux hôtels confiés à Jean-Michel Wilmotte. En tout, 216 000 m² d’exposition seront disponibles pour accueillir les plus grands salons, congrès et conventions. À chaque phase du projet, Seulsoleil a été retenu pour réaliser l’étude d’éclairage et a ainsi conçu les projets de l’ensemble du site qui ont porté aussi bien sur les espaces extérieurs qu’intérieurs (espaces publics ou logistiques ou mixtes).
Un double cahier des charges pour l’allée centrale
La première tranche portait sur la rénovation du parvis A, l’entrée principale du site de la porte de Versailles, et sur l’aménagement intérieur du hall 7, qui se trouve à l’extrémité sud du parc, ainsi que le parking-terrasse sur la toiture de ce bâtiment. Autant le parvis devait être rendu au public, autant l’allée centrale devait nécessairement s’ouvrir à la mixité, c’est-à-dire à la fois à la logistique et à la circulation piétonne. « Ce qui signifiait, pour nous, constate François Gaunand, concepteur lumière, Seulsoleil, un double cahier des charges. Nous avons utilisé un appareil standard orientable pour lequel nous avons fait développer un bras afin de le positionner en déport des façades. » Chacun des barreaux de LED est pilotable individuellement. Ainsi, le même luminaire éclaire les zones en pied des bâtiments ou le centre de l’allée.
«De toute ma carrière, je ne pense pas avoir eu à travailler une telle diversité d’espaces sur un même site, confie François Gaunand, jusqu’à l’éclairage du tunnel Renan ! ».
Le tunnel Renan : ludique et artistique
Le projet de mise en lumière avait pour objet de redonner à ce passage à la fois logistique et piétonnier une identité singulière. À l’origine, les parois latérales vitrées bénéficiaient d’un rétroéclairage venant des galeries techniques situées à l’arrière. Plus tard, ce dispositif a fait place à des visuels opaques collés sur le vitrage.
«Notre projet consistait à redonner au tunnel une dimension plus contemporaine et plus ludique en toute liberté, explique François Gaunand, car il faut reconnaître que c’était devenu un lieu on ne peut plus glauque la nuit ! » Le principe du nouvel éclairage repose sur deux dispositifs installés dos à dos dans les galeries situées derrière le vitrage en Reglit qui possède une diffusion assez intéressante : l’un éclaire le mur du fond (qui a été repeint en blanc), il est constitué de réglettes de type RGB avec une diffusion à 120° pour une meilleure uniformité ; et l’autre est composé de médias tubes tournés vers le vitrage sans diffuseur avec un pitch de 25 mm (une LED RGB tous les 25 mm).
« L’ensemble est contrôlé par un média serveur qui pilote les 16 200 adresses du système comme autant de pixels d’une image vidéo. Douze scénarios défilent, le temps de traverser le tunnel, créant une forme cinétique qui s’ajoute à l’effet dynamique de l’éclairage », souligne François Gaunand. Au terme de la réalisation, comme le maître d’ouvrage souhaitait que le plafond du tunnel soit également traité, le concepteur lumière a proposé de déconstruire l’image produite par les parois en composant au plafond des zones peintes en blanc, alternativement mates et brillantes.
Quand le périphérique écrit sa lumière
Viparis affichait sa volonté de redonner au site cette notion de parc en végétalisant le plus possible les espaces publics et en leur redonnant vie la nuit par des mises en lumière chaleureuses, afin de faire oublier aux visiteurs l’austérité du béton omniprésent, tel le périphérique qui enjambe le site.
Afin d’intégrer cette structure le mieux possible au paysage urbain, Seulsoleil, avec LightAct et visible.digital ont créé un éclairage interactif qui rend compte du trafic routier. « Nous avons symbolisé, au plafond, précise François Gaunand, en sous-face, les trois voies de circulation au nord et au sud par des lignes de lumière et des flashs qui changent d’intensité en fonction de la densité et de la vitesse du trafic. » Les tubes sont connectés aux caméras qui, positionnées sur le périphérique, leur envoient les informations liées au trafic via des algorithmes qui, à leur tour, les retransmettent en effets lumineux.
Plus loin, à l’autre extrémité du parc, la façade du pavillon 7 répond dans un mouvement lumineux coloré.
Géométries de lumière du pavillon 7
L’ambition de Valode et Pistre, pour ce bâtiment caractéristique du mouvement dit « brutaliste » des années 60-70, repose sur la recherche d’un équilibre entre sa reconnaissance comme patrimoine et l’expression d’une nouvelle modernité.
L’impressionnante structure d’origine, en béton brut de 20 m x 20 m sur trois niveaux, close par des panneaux de béton, imposait une présence pesante et fermée, peu en rapport avec l’ambiance d’animation et d’ouverture des expositions parisiennes. Cette mégastructure a donc été déshabillée des éléments secondaires, et le bâtiment, d’opaque, est devenu transparent. Les panneaux vitrés de la façade sont disposés en faces d’inclinaison variable sur toute la longueur du bâtiment. Le concept lumineux élaboré par Seulsoleil épouse le mouvement plissé au sommet de la façade dans une ondulation chromatique. Des média tubes LED RGB ont été placés en sous-face des montants métalliques horizontaux.
Le reste du bâtiment est éclairé de l’intérieur de l’atrium : des lignes continues de lumière blanche créent des dessins géométriques différents à chacun des trois niveaux.
« Ce pavillon est à la fois complètement ouvert et cloisonné avec une hauteur de 9 m sous plafond, explique François Gaunand. Il fallait donc, pour l’intérieur, un éclairage de type exposition disposé sur la structure métallique à 9 m et un éclairage complémentaire destiné aux petites configurations de salles d’une capacité de 50 personnes environ. »
Dans la salle plénière du niveau 3, qui peut accueillir plus de 5 000 personnes, Seulsoleil a mis en place un éclairage parfaitement intégré à l’architecture, constitué de lignes lumineuses parallèles disposées entre les sheds du plafond et asservies à la lumière naturelle.
Une gestion intelligente de l’éclairage
« Dans l’ensemble des halls, poursuit François Gaunand, l’éclairage est piloté automatiquement et bénéficie d’une gestion intelligente. Chaque luminaire a la capacité de réguler son intensité en fonction de l’apport de lumière naturelle et d’identifier l’activité dans la zone qu’il vient éclairer par de la détection de présence et de communiquer par signal radio avec les luminaires proches. » Seulsoleil a réalisé plusieurs études sur différents luminaires afin de permettre à la maîtrise d’ouvrage de choisir celui qui serait le mieux adapté à tous les halls. C’est donc le même luminaire qui équipe tous les pavillons, exception faite du hall 7.3 qui bénéficie d’un appareil spécifique.
Ce dispositif permet à l’exploitant d’optimiser considérablement son éclairage et de réduire les consommations.
Maîtrise d’œuvre – tunnel Renan
Conception lumière : Seulsoleil
Maîtrise d’œuvre terrasses logistiques
– BET Éclairage : Seulsoleil
– BET CFO/CFA : C. Dumas
Fabricants
Éclairage extérieur
Bega – Comatelec – Ewo – iGuzzini – LEC – Meyer – Philips
– SILL – Thorn – Thorlux –– Wila
Éclairage intérieur
3F Filippi – Neolux – Wila – Zumtobel
Éclairage dynamique
ColorKinetics – Eccelectro – Traxon – Axente
Entreprises (CFO/CFA)
– Eiffage Énergies (pavillon 7)
– SDEL (parvis A & allée centrale)
– SOCOMELEC (tunnel Renan et terrasses logistiques pavillon 7)