Comment, d’entreprise familiale, iGuzzini est-elle devenue un des leaders mondiaux de l’éclairage architectural ?
Renaud Lièvre – Adolfo Guzzini a toujours été un véritable visionnaire. L’évolution de l’entreprise a été marquée par une progression constante, avec des innovations marquantes – iGuzzini investit 6 % de son chiffre d’affaires dans la recherche et le développement –, des clients qui nous sollicitent pour développer des produits, etc. Souhaitant poursuivre l’histoire de l’entreprise familiale tout en protégeant ses employés, Adolfo Guzzini a préféré, plutôt que d’entrer en Bourse en 2019, intégrer Fagerhult, deuxième acteur mondial de l’éclairage. Composé de douze marques, le groupe suédois affiche sa volonté de laisser chacune d’elles exprimer sa singularité et continuer à se développer. Depuis deux ans, après une croissance externe de fait, nous nous sommes orientés vers une croissance organique, en nous efforçant de trouver des valeurs communes qui constituent nos piliers de développement.
Quels sont ces piliers de développement ?
Renaud Lièvre – Il s’agit tout d’abord des liens transversaux qui reposent sur l’humain, comme c’est le cas depuis toujours en Italie : iGuzzini intègre le salarié dans le développement de la société, prend soin de son cadre de travail, de son poste. Autre valeur partagée : la sustainability – développement durable avec analyse du cycle de vie des produits et leur recyclage. L’usine italienne produit aujourd’hui 22 % de sa consommation totale d’énergie.
De plus, évaluée par EcoVadis, organisme de notation de la durabilité et de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), et classée « Silver », iGuzzini fait partie des 13 % d’entreprises les plus vertueuses du monde de l’éclairage.
La digitalisation constitue un autre de nos fondamentaux. iGuzzini s’y est engagée très tôt car il était nécessaire de connecter toutes les filiales afin d’accompagner nos clients jusqu’au bout : par exemple, un projet créé à Paris et réalisé à Shangai. Cela nous a permis, durant les confinements, de pouvoir travailler de manière instantanée. iGuzzini a toujours eu à cœur l’acculturation de ses clients ; ce que nous avons pu poursuivre, grâce à des plateformes digitales, pendant les mois où personne ne pouvait se déplacer. Nous avons aussi organisé des conférences avec des grandes agences de concepteurs lumière, des webinaires sur nos solutions et sommes actifs sur les réseaux sociaux, autant de communications qui nous permettent d’échanger aussi bien en interne que vers l’extérieur. C’est aussi ça, la force du groupe.
Chez iGuzzini, nous ne vendons pas des produits, nous vendons des projets.
Vous parlez de connectivité ?
Renaud Lièvre – Oui, iGuzzini travaille depuis longtemps sur la gestion de l’éclairage en intégrant les IoT afin de s’adapter à des environnements autres que l’éclairage. Par exemple, on peut imaginer que, dans un musée, l’éclairage suive le visiteur et que la lumière devienne interactive et dynamique. L’idée de cette connectivité est d’adapter la lumière à l’usage. De même, dans les magasins, on intègre des beacons (balises) directement dans nos luminaires afin de communiquer des informations de manière très simple sur la localisation ou les promotions. Aujourd’hui, au moment où les salariés reviennent partiellement au bureau, la connectivité permet de connaître le taux d’occupation des bâtiments tertiaires et de l’optimiser afin d’éviter d’utiliser de l’énergie sur une surface vide. En extérieur, il est possible d’intégrer aux supports d’éclairage des haut-parleurs, des systèmes de détection, un éclairage supplémentaire. L’éclairage apporte un service global, service au client dans l’environnement du projet, et service à l’usine pour les connexions avec les clients. Ce qui a toujours été la philosophie d’iGuzzini, être une communauté au service de l’architecture : développer ses produits avec les designers, les architectes, les concepteurs lumière, les bureaux d’études.
Pour vous, le client final doit être intégré au projet…
Renaud Lièvre – En effet, je suis persuadé que notre place est au plus proche de la maîtrise d’ouvrage, qui a envie d’être entendue. De la même manière, les installateurs sont au coeur des projets : en particulier lors des rénovations des projets où ils jouent un rôle très important. Tout comme nos partenaires de la distribution, qui, en tant que prescripteurs, accompagnent le développement d’iGuzzini France depuis plus de 30 ans. Ce mode « synergie » traduit bien la particularité d’iGuzzini : travailler avec tous les acteurs de la filière. Le pouvoir ne passe pas par le savoir : on peut disposer de toutes les méthodes, mais si on n’intègre pas cette notion de partage, cela ne fonctionne pas.
Comment envisagez-vous l’après-crise sanitaire ?
Renaud Lièvre – Personne n’en sort indemne. Mais retenons les points positifs : aujourd’hui, nous sommes davantage tournés vers le client et essayons d’apporter plus de bien-être au salarié. L’une des premières mesures que nous avons mises en place en France, c’est le télétravail organisé pour tout le monde, avec un meilleur service au client. Nous identifions les tâches à faire au bureau, celles à faire chez soi ; par exemple, privilégier certains rendezvous en visio afin de gagner du temps, en conserver d’autres autour d’une table pour favoriser les débats… ou faire un mix des deux. En parallèle, nous nous efforçons de maintenir un équilibre entre nos solutions dédiées à l’intérieur et celles pour l’extérieur, entre les différents secteurs de l’éclairage, car nous ne savons pas de quoi demain sera fait. C’est de notre polyvalence que nous tirons notre force : celle de nos équipes mais aussi celle de nos partenaires.