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3 Questions à… Jacques Roos, vice-président d’IHF

"Le développement du numérique est l’un des sujets phares des journées d’études IHF."

Quels sont les enjeux des bâtiments de santé du point de vue énergétique et opérationnel selon IHF ?
Jacques Roos – Les hôpitaux et les établissements de santé sont de très gros consommateurs d’énergie. Notamment les zones à environnement maîtrisé comme les blocs opératoires, où la gestion de la température, le renouvellement et la filtration de l’air sont énergétiquement lourds. Certaines zones comme celles dédiées à l’imagerie entraînent aussi des consommations énergétiques importantes. Au-delà de ces espaces techniques, les zones d’hébergement des patients nécessitent du chauffage et de plus en plus du rafraîchissement pour fournir un environnement de confort propice à la guérison. Enfin, au niveau opérationnel, l’ensemble des équipements doit intégrer des contraintes d’hygiène rigoureuses et une redondance permettant de garantir une continuité de service incontournable.

Quel est l’apport des systèmes techniques ?
J. R. – Les systèmes techniques, notamment de gestion des équipements sont de plus en plus sophistiqués et indispensables. Depuis plusieurs années, les hôpitaux s’appuient sur l’informatique, notamment pour la GMAO (gestion de la maintenance assistée par ordinateur) ou la GTB (gestion technique du bâtiment). Aujourd’hui, ces solutions permettent d’optimiser le fonctionnement des équipements dans le temps, notamment grâce à la multiplication de capteurs qui assurent la surveillance des différents paramètres du bâtiment en temps réel. Ces systèmes numériques contribuent également à améliorer la maintenance, en évitant les actions correctives pour favoriser la maintenance prédictive. L’ensemble implique une multiplication des données, qu’il convient de traiter via des moteurs de calcul puissants, reposant sur des algorithmes et l’intelligence artificielle notamment. Le développement du numérique est l’un des sujets phares des journées d’études IHF, avec des sujets liés à la GMAO, à la GTB, au BIM (Building Information Model), aux systèmes d’information, à l’intelligence artificielle et aux objets connectés. D’autre part, ces journées IHF aborderont des thématiques comme la gestion du patrimoine hospitalier, la conception architecturale et technique, le développement durable, l’énergie et la résilience face au changement climatique, mais aussi le management des équipements techniques.

Quelle est votre vision sur l’évolution de la conception des hôpitaux et quelles tendances se dessinent ?
J. R. – L’un des premiers leviers de gains en performances est le développement de solutions numériques. Les hôpitaux doivent aujourd’hui être des Smart Buildings.
Ensuite, quels que soient les enjeux, qu’il s’agisse du développement durable ou de la gestion d’une pandémie, il est essentiel de développer l’adaptabilité des systèmes et des organisations et cela implique l’adaptabilité du cadre bâti. Ce qui signifie qu’il faut pouvoir donner la possibilité de s’adapter à des évolutions à ce jour imprévisibles. Cela nécessite certes un surinvestissement modeste, mais qui sera amorti et profitable dans une vision de coût global sur la vie d’un bâtiment.
Dans un bâtiment hospitalier, on peut distinguer des familles d’éléments qui ont des durées de vie différentes. La structure, qui est très pérenne, l’enveloppe qui l’est moins, enfin les installations techniques et le second œuvre qui ont une durée de vie plus courte.
La dissociation de ces éléments associée à des dispositions spatiales telles que la trame structurelle, la hauteur d’étage, la standardisation des espaces et à des dispositions techniques telles que la modularité des équipements permet de répondre aux défis des évolutions futures.
Il est essentiel de réfléchir les projets hospitaliers en coût global pour s’inscrire dans la durabilité.

Propos recueillis par Alexandre Arène

Filière 3e: