C’est la recherche d’amélioration de l’approche qualitative qui a conduit Sylvania à travailler plus particulièrement sur des programmes HCL, où l’humain se trouve au cœur du développement de la solution éclairage.
Dans quel contexte avez-vous commencé vos études sur le Human Centric Lighting (HCL) ?
Yann Chevrier – Nous cherchions comment améliorer le confort dans les lieux de vie comme les bureaux – où, il n’y a pas encore si longtemps, nous passions en moyenne 8 à 10 heures par jour –, les établissements scolaires, les Ehpad, les crèches, le secteur médical, etc. Le temps relativement long passé dans ces espaces nous a conduits à nous interroger sur la qualité de l’éclairage artificiel. Qu’est-ce qui pourrait potentiellement nous manquer ? Comment améliorer la qualité spectrale de la lumière artificielle ? Comment obtenir une bonne répartition lumineuse dans l’espace ? Comment la piloter ? Nous avons ainsi orienté nos travaux, plus particulièrement sur le spectre de la source LED ; l’optique, pour distribuer cette lumière dans l’espace et la rendre la plus confortable possible ; et une gestion fine de l’éclairage qui apporte une valeur ajoutée par le contrôle des luminaires. Il ne suffit pas de faire varier la température de couleur pour faire du HCL ! Ce serait réducteur et surtout faux de se concentrer uniquement sur cet axe.
Réducteur parce qu’on modifie la teinte mais pas le spectre de la source ?
Yann Chevrier – Oui. Prenons une LED classique : un pic de bleu persiste, même dans les teintes chaudes, et son impact n’est pas négligeable sur notre rythme circadien. Finalement, à cause de ce pic bleu, la lumière reste stimulante à l’heure où l’on aurait besoin d’une ambiance calme, et donc retarde le moment de sécrétion de la mélatonine propice à l’endormissement. Sachant cela, Sylvania a voulu concevoir une lumière dynamisante ou apaisante au moment souhaité. Pour ce faire, le spectre lumineux suit au plus près celui du soleil, à savoir une lumière riche en bleu pour accompagner les matinées et au contraire orangée pour les soirées. En résumé, nous avons intégré une LED innovante sur un PCB (Printed Circuit Board, carte circuit imprimé) conçu pour bien refroidir la LED, auquel s’ajoute l’optique qui contribue à produire un éclairage le plus fidèle possible à la lumière naturelle. Cela nous a permis de dégager deux valeurs quantifiables. Tout d’abord, le ratio mélanopique qui mesure la capacité d’une source à remplir ou non l’espace situé sous la courbe d’absorption de la mélatonine ; ce ratio, entre 0,7 et 1, a un pouvoir dynamisant. La deuxième valeur est l’IRC (évalué généralement sur 15 couleurs, d’où la notation R9, R10, etc.), qui est de 100 sur l’ensemble du spectre. Sylvania a opté pour la méthode TM3018 qui porte sur 99 couleurs, ce qui permet de bénéficier d’un meilleur RFS (Rendering fidelity skin : capacité d’une source à valoriser l’aspect de la peau, donc de l’humain), supérieur à 95 et d’un gamut rendering (indice de saturation des couleurs) élevé de 101 (il varie entre 60 et 140). Tous ces paramètres nous permettent de créer un éclairage artificiel très proche de la courbe spectrale de la lumière naturelle et qui ne perturbe pas le rythme circadien.
Concrètement, comment cette lumière s’associe-t-elle aux besoins de l’utilisateur ?
Yann Chevrier – On définit des plages horaires : par exemple, dans un bureau, de 8 h à 18 h, on disposera d’une lumière dynamisante (entre 3 500 K et 5 500 K), et de 18 h à 23 h, d’une teinte apaisante et chaleureuse (2 700 K à 3 000 K). On peut ainsi créer des transitions d’état ergonomiques via une gestion intelligente. Les choix peuvent s’adapter aux temps de vie des applications, je pense par exemple aux crèches ou maternelles où l’on peut opter pour une lumière apaisante pendant les « temps calmes » en début d’après-midi. De plus, il est intéressant de pouvoir corréler l’intensité de la lumière avec la température de couleur : plus l’intensité est faible, plus chaude est la température de couleur, et vice versa. Sylvania propose un accompagnement avec l’intervention d’un technicien qui se déplace sur site pour lancer la programmation de l’éclairage du projet et affiner la gestion. Si ces automatismes offrent une grande simplicité d’utilisation, il est aussi essentiel, et c’est le propre du HCL de pouvoir intervenir individuellement sur les scénarios d’éclairage pour les modifier en fonction des préférences ou de l’activité. Nos attentes en matière d’ergonomie ont été revues à la hausse au cours de ces mois passés en télétravail, et l’humain se trouve plus que jamais au cœur de nos réflexions sur le confort au travail, en particulier en ce qui concerne les solutions d’éclairage que nous apportons.
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À lire aussi dans le Cahier technique de Lumières N°35 consacré au Human Centric Lighting ou HCL :
- HCL ou Human Centric Lighting : l’humain au centre des développements
- Interview de Benoît Henneton, responsable marketing, et Ludovic Bécourt, responsable prescription de B.E.G. : Pour un éclairage bien-être qui suit le rythme circadien
- Interview de Renaud Lièvre, directeur général d’iGuzzini France : Human Centric Lighting, une philosophie plus qu’une technologie
- Interview d’Isabelle Forcari, Lighting Design Manager chez Erco France : Un éclairage au service de l’utilisateur