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Hydrogène : le futur réseau européen se dessine

GRTGaz et Teréga ont lancé, mardi 1er juin 2021, une consultation auprès des acteurs du secteur pour imaginer le futur réseau de l’hydrogène. Il s’agira de recueillir, via un questionnaire en ligne, la vision de chacun afin de définir les attentes concernant la production, la consommation et les besoins de stockage.

GRTGaz et Teréga, tous deux gestionnaires du réseau de transport du gaz français, ont lancé une consultation nationale, le mardi 1er juin 2021, afin de tracer les contours du futur réseau européen d’hydrogène (caractéristiques techniques des futurs ouvrages de logistique). Cette consultation s’inscrit dans le prolongement de la dorsale hydrogène, un projet d’infrastructures de près de 40 000 kilomètres. Elle s’adresse à l’ensemble des acteurs de la filière (industriels, producteurs, expéditeurs, experts, futurs utilisateurs, etc.). Ceux-ci s’exprimeront, par le biais d’un questionnaire en ligne disponible jusqu’au 11 juillet prochain, leurs visions et attentes en matière de production, de consommation, de transport et de stockage de l’hydrogène vert. Cette ressource décarbonée est présentée, depuis quelques années, comme la parfaite candidate de la transition énergétique. Le gouvernement français lui a même consacré un plan à 7 milliards d’euros.

L’hydrogène va relever un double défi 

« La nécessité de se préoccuper des futures infrastructures de transport d’hydrogène apparaît partout en Europe. C’est un sujet majeur si l’Europe et la France veulent voir se développer une économie de l’hydrogène qui est indispensable pour réussir la neutralité carbone en 2050. La logistique européenne de l’hydrogène s’invente maintenant », a indiqué Thierry Trouvé, Directeur Général de GRTgaz et Président du groupe de travail Energie d’Hydrogen Europe. « Nous sommes convaincus que le déploiement de cette filière aux multiples avantages contribuera à relever un double défi : accélérer la transition énergétique et renforcer le tissu industriel français », a dit pour sa part Dominique Mockly, le président-directeur général de Teréga. Pour lui, l’hydrogène constitue un des maillons essentiels du mix énergétique décarboné de demain.

Une situation géographique favorable pour la France

Après la collecte des avis, GRTGaz et Teréga lanceront dans la foulée des échanges bilatéraux plus approfondis. Une fois ces résultats consolidés, les deux gestionnaires prévoient de restituer une première planification des infrastructures, vers fin 2021. Avec la construction de la dorsale hydrogène et du réseau national d’hydrogène, la France pourrait facilement transporter sa production d’hydrogène vert. Celle-ci s’élèvera à 220 térawatts-heure en 2050 (à 150 TWh, selon RTE –Réseau de transport d’électricité). L’Hexagone a des raisons de croire en un réseau dense performant d’autant qu’il bénéficie d’une situation géographique favorable. En effet, la France se retrouvera au cœur d’un écosystème vertueux avec des pays frontaliers très investis dans l’hydrogène. Il s’agit de l’Allemagne (qui a annoncé un financement de 9 milliards d’euros en juin 2020), la Belgique, la Suisse et l’Espagne.

Un pipeline depuis le Mali pour approvisionner l’Europe

Dans ce dernier pays, Teréga mise sur une percée de l’hydrogène vert issu de l’électricité d’origine solaire. Cette énergie pourrait venir en grande partie du Maroc ou du Mali, où la compagnie Hydroma mène une véritable révolution énergétique depuis 2012. Fondée par le milliardaire malien Aliou Boubacar Diallo, cette ambitieuse entreprise est pionnière dans l’exploitation de l’hydrogène naturel, un gaz totalement propre. Grâce à une unité pilote, elle a transformé pendant huit années l’hydrogène natif en électricité verte pour le village de Bourakébougou. En 2020, son PDG a annoncé une production à grande échelle dans les prochains mois.

Parallèlement, Aliou Diallo a lancé la construction de vastes champs de panneaux photovoltaïques dans une dizaine de pays du Sahel. A terme, Hydroma envisage d’approvisionner l’Europe via un futur pipeline de 4700 kilomètres. Cette infrastructure partira de Bourakébougou jusqu’aux portes de l’Europe (probablement l’Espagne). « Ce n’est pas un rêve, c’est une réalisation tout à fait faisable. L’Europe même est en train de construire 23.000 kilomètres de pipeline pour le transport de l’hydrogène », a déclaré le promoteur malien en octobre dernier. Il promet d’envoyer son hydrogène à un prix très compétitif.

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