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Vanessa Bisconti-Cateau, Directrice de la division eMobilité ABB France – Avis d’Experte

Vanessa Bisconti-Cateau, Directrice de la division eMobilité ABB France. © DR

Vanessa Bisconti-Cateau – Avis d’experte… 
Pour autant, il apparaît primordial d’accélérer le développement des infrastructures de recharge rapide et ultrarapide, véritable levier pour réduire les contraintes qui pèsent aujourd’hui sur le développement de la mobilité électrique, et ainsi, accélérer la conversion du parc existant vers une mobilité plus durable, au cœur de la ville de demain.

C’est en cela que l’Objectif 100 000 bornes annoncé dans le cadre de France Relance est un programme positif pour la filière : cela signifie des aides de l’État et cela va pousser différents acteurs comme les pétroliers, la grande distribution, les services autoroutiers à développer des programmes de « verdissement » de leurs infrastructures et de leurs flottes qu’ils n’avaient peut-être pas initialement envisagés sur cette période. C’est un accélérateur, mais c’est aussi très ambitieux : début 2021 on comptait 34 000 points de charge publics en France, donc en moins d’un an il faudrait doubler la base installée !

Les moyens déployés via ADVENIR et France Relance sont volontaristes et démontrent que nous sommes à un tournant positif sur ce marché. Un point d’alerte, néanmoins, à ce que le calendrier associé à cette ambition des 100 000 bornes n’amène pas un effet pervers pour la filière. Alors que cette dernière enregistre les meilleurs chiffres ces dernières années, elle pourrait se retrouver pénalisée par un calendrier trop étroit, a fortiori à l’aube d’une crise majeure dans l’approvisionnement de composants électroniques et de certaines matières premières. Les équipementiers du marché souhaitent éviter que cela pousse des acteurs comme les pétroliers ou les grandes surfaces à faire des choix « exotiques » si la filière ne peut pas répondre dans ce délai très court. Nous l’avons déjà vu à plusieurs reprises, le succès de ce déploiement ne se fera que dans un maillage territorial intelligent, interopérable et flexible : il faut des choix industriels pérennes !

Pour les véhicules légers (individuels, taxis, utilitaires…), l’acquisition d’un véhicule électrique est souvent conditionnée par l’assurance perçue par l’usager à disposer de points de charge pour couvrir ses besoins en déplacements. Dans cette optique, l’utilisateur doit pouvoir disposer de possibilités de charge lente (< 7 kW) au domicile ou sur son lieu de travail, mais également des possibilités de charge plus rapide (20 kW, 50 kW, 150 à 350 kW) dans les centres commerciaux, les stations-service ou sur les autoroutes.

Borne de recharge rapide ABB. © ABB

Le caractère évolutif des infrastructures de recharge est absolument nécessaire si l’on veut pérenniser les investissements des opérateurs pour qui ces infrastructures doivent être totalement opérationnelles pendant au moins 10 ans. Les chargeurs rapides doivent dès aujourd’hui être en mesure d’évoluer et être paramétrés pour pouvoir charger les véhicules de demain.

En somme, il faut un mix de puissances ! Et ce que l’on voit sur le marché, c’est qu’il reste un important travail de pédagogie à réaliser : le choix des bornes doit se faire en fonction d’un usage (véhicule, type de charge, temps de charge…). En ce sens, si, jusqu’alors, le programme ADVENIR subventionnait principalement le particulier et la charge lente, ce plan a évolué et adapté ses aides en fonction de la puissance, jouant ainsi un rôle indéniable dans le développement à venir de la charge rapide. Les aides pouvant aller jusqu’à 9 000 € pour des chargeurs rapides >40KW vont permettre de lever le frein du prix pour la charge rapide DC et ainsi, aider à développer un maillage du territoire qui soit adapté.

Il est important que ce programme ADVENIR soit connu non seulement des usagers, des exploitants, mais aussi des installateurs certifiés, afin de s’assurer qu’à chaque étape amont à une installation de recharge un travail pédagogique soit réalisé pour proposer la meilleure solution, non seulement au regard de l’investissement, mais aussi de sa rentabilité, pérennité et de son usage réel.

Filière 3e: